Questions à …
Florence Dardenne Monitrice, autrice du blog Harmonie équestre, Florence Dardenne se présente comme une accompagnante qui aide les chevaux et les cavaliers à obtenir une belle relation et à évoluer dans leur projet équestre.
Cheval magazine : Comment aborder son cheval en le ressentant ?
Florence Dardenne : Surtout, ne sautons pas sur notre cheval au pré ou au box avec un licol ! Prenons un temps pour nous recentrer, nous reconnecter à notre respiration, déposer nos soucis. Cela demande un peu d’entraînement au début. Et puis, cela devient naturel.
CM : Une fois qu’on est disponible à la relation, à quoi faut-il prêter attention ?
FD: On observe son cheval avec tous nos sens. Comment est-il aujourd’hui ? Est-il calme ? Est-ce qu’il appelle les autres ? Comment est l’environnement ? L’atmosphère d’un lieu a une influence sur notre cheval et sur nous. Ce temps d’observation va nous permettre d’adapter le travail. Par exemple, si le vent souffle, mon cheval ne sera pas disponible pour apprendre un nouvel exercice.
CM : L’observation se poursuit pendant le pansage…
FD: C’est un temps privilégié. On le touche, on remarque comment il réagit, on l’écoute aussi. Souvent, il nous montre où il veut être gratté. C’est un moment qu’on ne peut pas expédier mécaniquement ou en bavardant avec son voisin. On touche son cheval. On voit comment il réagit. On l’écoute aussi. J’ai toujours une main posée sur mon cheval. Je sens la respiration, le tissu de la peau… La connexion est profonde. Certains chevaux qui détestaient le pansage se mettent à l’aimer.
CM : Vous privilégiez le travail au sol ? FD : Je commence toutes mes séances à pied. Je synchronise ma marche sur celle du cheval. Je perçois comment il se déplace, s’il a un côté plus faible, une contraction physique ou mentale. C’est un premier échauffement, la selle se met bien en place. Je peux le gymnastiquer à la longe, en liberté ou à pied (à l’épaule). Je me connecte à la bouche, je demande des flexions. Tout ce que je peux mettre en place à pied m’évitera des résistances une fois à cheval.
CM : En selle que cherchez-vous à ressentir ?
FD : Le ressenti passe par ma posture et ma décontraction. Je me centre. Je vérifie que mes vertèbres sont bien alignées, mes ischions portent un poids égal, mon bassin est bien positionné… La respiration est primordiale. Elle doit être fluide. Je travaille dans la justesse quand mon cheval me porte. Je n’ai pas besoin de le porter avec mes aides. Il se tient.
CM : Parfois, on a l’impression que le cheval se moque de nous, qu’il fait semblant de ne pas comprendre...
FD: Il n’a pas de cortex préfrontal. Il n’a donc pas la capacité de faire semblant. Penser cela engendre de la tension, de la colère, des réactions injustes. S’il se bloque, il faut se demander si l’exercice est possible pour lui, si on lui a bien demandé et revenir en arrière. Il faut décomposer, revenir aux bases et à ce que le cheval connait. On doit avoir conscience que l’échelle de progression n’est pas linéaire. Elle connait des blocages, des retours en arrière. C’est normal. L’essentiel est de ne pas se crisper. Tous les chevaux sont différents et nous amènent à réfléchir différemment.
CM : Comment gérer nos émotions et celles du cheval ?
FD: Les chevaux nous demandent à la fois de les guider (les mettre en sécurité) et de les entendre (les écouter). C’est toute la subtilité de l’équitation. L’homme et la femme de cheval savent à quel moment ils doivent se positionner comme un ami, être plus directif, plus aidant… Ils jouent de la fermeté et de la douceur. Les chevaux ont besoin des deux !