COUP DE COEUR ITINÉRANCE
Romancier, essayiste, philosophe, l’auteur nous invite à l’accompagner à cheval sur les traces de Montaigne. Gaspard Koenig s’affranchit maintes fois du chemin emprunté 440 ans plus tôt par l’auteur des Essais. Cependant, la destination est la même : Rome, la Cité éternelle. De ce voyage réalisé pendant la première pandémie, nait ce récit qui fourmille d’anecdotes, de références, de rencontres avec des personnages, connus ou inconnus, et pour certains attachants. L’occasion surtout de mener une réflexion sur notre société, sur ce que sont devenus nos territoires. L’auteur en profite pour aborder des thèmes chers au philosophe de la Renaissance : comme la relation entre l’homme et l’animal, l’art du dépouillement, les leçons de la nature… Si l’ombre de Montaigne plane sur cette pérégrination, l’autre personnage central est Destinada, la jument espagnole de Gaspard Koenig. À chaque page, il est question de « Desti » comme il la surnomme, et nous fait partager ses préoccupations de cavalierrandonneur au long cours qui comme le dit l’adage « ménage sa monture » : problèmes de ferrures, etc. Des chaumes du Berry, aux étangs de Sologne, des fragrances de résine de Fontainebleau, aux reflets fluorescents de la Meuse, de la Bavière avec ses clochers à bulbe aux oliviers toscans, on n’ignore rien des joies et des galères, qui ont émaillé cette chevauchée de 2 500 km. En termes de style, il est de la même école – devrait-on dire écurie ? – qu’un Sylvain Tesson. Au fil des pages, on en vient à préférer le cheminement à la destination. Fabuleux.
Notre vagabonde liberté, par Gaspard Koenig, éditions de L’Observatoire. 576 p., 21 €.