La gestion de la fin de vie, un problème économique et sociétal
Comme pour les hommes, qui vont cotiser toute leur vie pour leur retraite, celle du cheval se prépare bien en amont, avec un coût à ne pas négliger.
Vous l’aurez compris, être propriétaire d’un cheval retraité implique un double investissement, en temps et en argent. Non, vous ne pouvez pas vous contenter de l’abandonner au fond d’un pré, vous devez prévoir les coûts de la pension (en moyenne 160 € pour du pré selon la région, jusqu’à plus de 400 € pour du box-paddock), du maréchal, des vaccins, des vermifuges et bien sûr, du vétérinaire et autres professionnels de santé, qui peuvent vite monter ! Rien que pour le traitement lié à Cushing, il faut compter environ 60 € par mois. « C’est un coût certain, je comprends que beaucoup de clubs n’ont pas les moyens. Pour moi, un cheval à la retraite me coûte 8 000 € », explique FBF, propriétaire de chevaux de sport qui souhaite conserver l’anonymat. « La raison principale est économique. Un club qui a peu de moyens et pas de terres sait que le cheval au pré à la retraite va coûter plus cher que ce qu’il a rapporté parce que la gestion d’une écurie, c’est un énorme négatif. Si demain, par exemple, on crée des centres gratuits où ils seraient pris en charge, cela aiderait. »
Un constat partagé par Jean-Luc Auclair, dirigeant du centre équestre de la Grange Martin (91) : « Il n’y a pas de solution miracle. Malheureusement, tout le monde s’imagine que remettre le cheval au pré, c’est le paradis, qu’il va être heureux et ce n’est pas forcément le cas. Il faut continuer à s’en occuper, il y a beaucoup de soins à assurer. C’est une gestion lourde et coûteuse. Évidemment, on peut penser à dire aux cavaliers qu’ils vont payer un peu plus cher pour la retraite des chevaux mais ça chiffre rapidement. » C’est pourtant une solution utilisée par la Haras de la Vaillantière. Depuis cinq ans Karinn Judic, son mari Yoan et sa fille Coline sont à la tête de l’association Erdre&Gesvres protection cheval, afin de financer la retraite des chevaux. « La première année, on a réintroduit une cotisation annuelle de 5 €, 10 € la deuxième année et depuis trois
ans, elle est de 20 €. C’est un minimum et chacun peut mettre ce qu’il veut. » Un montant presque transparent à l’échelle d’une inscription et qui assure une grande partie des soins et du foin pour les retraités. Des cavalières mènent également des actions en fabriquant par exemple des chouchous proposés ensuite contre un versement libre à l’association. Un système que l’on pourrait facilement imaginer dans d’autres structures.
Et après ?
« La seule chance qu’un animal a par rapport à l’humain, c’est qu’on peut mettre fin à ses souffrances », déclare FBF. Le sujet est encore tabou pour de nombreux propriétaires mais la fin de vie de son cheval est aussi à anticiper. Si son état de santé se dégrade, ou encore s’il est bloqué sans réussir à se relever, ou s’il vous fait comprendre qu’il est temps, un propriétaire peut devoir prendre la lourde décision de l’euthanasie. Un coût d’environ 150 €, auquel s’ajoutent ensuite les frais d’équarrissage, pouvant aller jusqu’à plus de 600 € en fonction de votre localisation ou de la taille de votre équidé.
Autre solution en plein essor, la crémation, autorisée depuis 2009. Les tarifs peuvent aller jusqu’à 2 000 € en fonction de la taille de l’équidé, et si vous choisissez une crémation individuelle ou collective. En France, l’entreprise Horsia, créée en 2011, est la seule qui propose ce service, assurant même, si le propriétaire le souhaite, le transport depuis le lieu de décès jusqu’au lieu de crémation, en maximum 48 heures. Si vous le souhaitez, les cendres de votre équidé peuvent ensuite vous être restituées. Tant de problématiques trop peu évoquées par la filière équestre alors qu’instruire les futurs propriétaires sur cet aspect financier pourrait leur permettre de se préparer au mieux.