Cheval Magazine

Le spectacle équestre 2.0

Entre hier et aujourd’hui, le spectacle équestre a dû évoluer en même temps que notre monde, et les artistes doivent sans cesse s’adapter et acquérir de nouvelles compétence­s.

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Le spectacle équestre d’il y a 40 ans n’est plus tout à fait le même que maintenant. Si aujourd’hui, le travail en liberté est légion et se retrouve dans de nombreuses démonstrat­ions, il y a quelques années de cela, Frédéric et Jean-François Pignon qui faisaient évoluer leurs chevaux en liberté sur des grandes pistes, en étaient presque les précurseur­s. Tout comme Lorenzo, qui a fait connaître la poste hongroise. Mais au fil des années, le nombre d’artistes équestres s’est multiplié et ces derniers se doivent de composer avec une société en plein mouvement, toujours en quête de nouveauté. « Le nombre d’artistes qui se profession­nalisent est en augmentati­on oui, mais aujourd’hui, le marché n’est ni français ni européen mais mondial, nuance Maurice Galle, à la tête de la commission spectacle de la FFE. Quand on regarde la demande par rapport aux différents artistes, surtout les plus anciens, ils sont amenés à travailler en Afrique, en Asie, un peu partout. » Mais alors, comment devient-on artiste équestre ? C’est d’abord une question de passion, peut-être avec quelques grains de folie ! C’était le cas pour Lorenzo : « Au tout début, je faisais plutôt de la voltige cosaque mais je voulais déjà être un peu différent. Lors de mes premières démonstrat­ions, dans mon village aux Saintes, à la fin de mon numéro, je me mettais debout sur mes deux chevaux pour saluer le public. Ensuite, j’ai commencé à vouloir sauter des obstacles sur les chevaux, chose qui n’existait pas. J’étais un peu fou aussi, et il fallait que je fasse des trucs fous ! »

Évoluer dans le spectacle

Avec Internet et les réseaux sociaux, tout le monde ou presque peut maîtriser la technique équestre et travailler en liberté ou proposer des figures montées avec son équidé. Mais pour percer dans le spectacle équestre, le chemin s’annonce long et tortueux : « Avant, on avait des spectacles très techniques, aujourd’hui, on leur demande de la technique et d’être comédiens. On va se retrouver, au fur et à mesure du temps, à monter des spectacles comme des comédies musicales. » développe Maurice Galle. « On demande plus d’artistique et de lien au public, il faut transmettr­e. Être un bon technicien, ça ne suffit pas. Il faut qu’il y ait une histoire, qu’on mène le spectateur quelque part. La technique doit être parfaiteme­nt maîtrisée pour n’être qu’un support d’expression artistique », poursuit Marielle Zanchi, responsabl­e de la formation artiste équestre de l’IFCE, créée pour répondre aux attentes des artistes équestres ayant un projet profession­nel. Cette formation, qui a été testée pendant le confinemen­t et qui va accueillir sa première

promotion en septembre, est répartie en trois blocs : homme et cheval artistes, homme et cheval athlètes et l’artiste, homme gestionnai­re et communiqua­nt. La formation, c’est ce vers quoi semble tendre le monde du spectacle, pour faire face à une demande croissante. « Il faut leur permettre de croire en leur métier, même si dans le spectacle équestre, nous sommes encore à la préhistoir­e du mélange des genres », ajoute Maurice Galle. Technicien, comédien, l’artiste équestre se doit de multiplier les cordes à son arc, et de faire du cheval un acteur principal.

Les concours pour se lancer

Depuis quelques années, les concours de spectacles équestres se développen­t en France. L’objectif est d’aider les artistes équestres à pouvoir montrer leurs performanc­es pour se faire connaître. Parmi ces concours, on retrouve Le Pied à l’étrier, par le Haras de Lamballe, le concours des Jeunes Talents aux Saintes-Maries-de-laMer ou encore les Étoiles Équestres, mises en place lors du Salon du cheval d’Angers. « Dans le milieu du spectacle équestre, ce n’est pas évident de se faire connaître, les concours représente­nt donc un tremplin pour les artistes », explique Floriane Glatre, membre du syndicat mixte du Haras de Lamballe. Le Pied à l’étrier est en place depuis l’année 2020 et accueille des artistes amateurs de tout âge. « C’est ouvert à tout le monde. Un artiste qui a commencé il y a un mois peut très bien déposer sa candidatur­e », précise Floriane Glatre. En 2019, le Salon du cheval d’Angers lance le concours Étoiles Équestres, qui s’inscrit dans la ligne directrice du salon. « On accorde une place très importante dans la programmat­ion pour les artistes équestres, qu’ils soient amateurs ou profession­nels », raconte Sophie Fougeray, cheffe de projet du Salon du cheval d’Angers.

Le jury sélectionn­é présente différents profils, certains sont issus du spectacle équestre, d’autres du milieu équin et enfin, certains peuvent être extérieurs au monde équestre. Un panel varié qui permet d’avoir des regards différents sur les prestation­s proposées. « Moi,

j’aime beaucoup la partie sensible dans un spectacle et c’est intéressan­t de voir ce qui émerge dans les nouveautés et les propositio­ns artistique­s », indique Dominique Beslay, artiste équestre et juge du concours Le Pied à l’étrier. Un soutien important aux artistes pour les aider à développer leur activité et à faire de leur passion un métier. « La gagnante de la première édition, Garance Lutiau nous a expliqué que son titre de vainqueur des Étoiles Équestres lui a ouvert des portes. Sa victoire lui a apporté une certaine légitimité pour les candidatur­es qu’elle a déposées. Elle a pu transforme­r cette activité de loisir en une activité de plus en plus profession­nelle », explique Manon Lebout, chef de projet à Destinatio­n Angers. Une fois l’édition remportée, les lauréats ne sont pas oubliés. Par exemple, pour Le Pied à l’étrier, le candidat vainqueur présentera son spectacle pendant l’été, lors des Jeudis du Haras. Pour les Étoiles Équestres, les artistes participan­ts se produisent sur les scènes ouvertes du salon lors de la même édition que leur participat­ion. « Ils ont la possibilit­é de se produire en dehors du concours, ce qui ouvre à de plus larges rencontres avec le public. On a à coeur de créer du lien entre les candidats des différente­s éditions en invitant le gagnant de l’édition à se produire pendant la soirée spectacle de l’année suivante », détaillent Manon Lebout et Sophie Fougeray. Des concours intéressan­ts pour les artistes sur le plan profession­nel mais aussi pour les structures qui les organisent. « L’objectif pour nous, c’est aussi de pouvoir diversifie­r notre offre pour les spectacles équestres de l’été et d’avoir de nouvelles figures de ce milieu », conclut Floriane Glatre. Au-delà de l’aspect tremplin, ces concours constituen­t une formidable expérience pour tous les participan­ts : « Quand on a face à soi un jury profession­nel du spectacle équestre, c’est intéressan­t, ça permet d’avoir des conseils pour la suite, détaille Garance Lutiau. Et ces moments, c’est aussi l’occasion d’avoir des conseils des autres concurrent­s. Bien que ça soit un concours, il faut aussi garder à l’esprit cet aspect conseil des autres et savoir donner notre ressenti personnel. » Une véritable aventure humaine !

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 ?? ?? dominique Beslay est artiste équestre, mais a également jugé le concours le Pied à l’étrier. elle est responsabl­e de la formation harmonie cheval/artiste dispensée au haras national d’hennebont.
dominique Beslay est artiste équestre, mais a également jugé le concours le Pied à l’étrier. elle est responsabl­e de la formation harmonie cheval/artiste dispensée au haras national d’hennebont.

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