Cheval Magazine

Une histoire de passion

Tous les profession­nels vous le diront, la passion est le premier des leviers pour se lancer dans la filière équine, notamment dans l’élevage. Mais c’est aussi, et surtout, une histoire de patience.

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Sur 7 700 éleveurs de race selle français en activité, Jean-Baptiste Thiébot fait partie des 367 ayant plus de cinq juments, l’élevage de B’Neville c’est lui ! « J’ai repris en 1980 la ferme et l’élevage qui appartenai­ent à un oncle et une tante et qui n’intéressai­ent pas leurs enfants. Je me suis jeté à l’eau. » Aussi se définit-il comme un éleveur-agriculteu­r, disposant de 72 hectares de prairies, et de huit hectares sur lesquels il cultive orge et avoine pour ses chevaux. « Il faut vraiment être passionné, très humble, parce que l’élevage est plein d’incertitud­es, il y a bien sûr des moments de bonheur mais il y a aussi des jours où l’on a plutôt envie de pleurer. » Dit celui qui peut s’enorgueill­ir d’avoir fait naître sous l’affixe de B’Neville, notamment Amande, Piaf ou encore Droit rebaptisé après sa vente Del Mar… « Si on cherche une rentabilit­é à tout prix, je ne sais pas s’il faut se lancer là-dedans. (…) Il faut accepter de perdre de l’argent, parce que l’on peut en perdre, même si ce n’est pas tout le temps. Il faut bien observer, être très vigilant, ne pas prendre pour argent comptant ce qui est couché sur le papier glacé des catalogues de ventes où tous les mâles sont de futurs champions du monde. » Pour tendre à l’excellence et choisir les géniteurs de ses juments, Jean-Baptiste Thiébot met à profit ses longues soirées d’hiver pour étudier les catalogues, les jeunes selle français agréés chaque année. « Ce que je regarde surtout, c’est la lignée maternelle sur deux voire trois génération­s, et ma philosophi­e est assez atypique en ce sens que je ne vais pas vers des chevaux « à la mode ». »

De son côté, Olivier Fouque, des Écuries du Louet, dont le jeune Korcovado du Louet a remporté les Espoirs du complet en 2023, tient à mettre en garde sur les difficulté­s de l’élevage, en particulie­r dans le cheval de sport, si vous tenez à être profession­nel. « En général, dans tout ce qui touche à la filière équine, si vous n’êtes pas passionné, il ne faut pas y aller. Quelqu’un qui s’installe doit savoir que le parcours va être long, c’est très rare que ça marche tout de suite. C’est souvent le facteur nombre de produits qui est important, plus on en fait, plus on a des chances d’en sortir un bon. De plus, il faut être dans une démarche agricole. Il y a nécessité de foncier. Les animaux ont une vraie consommati­on de fourrage, ce sont des choses qu’il faut garder à l’esprit, il faudrait tendre vers l’autonomie fourragère », résume-t-il.

Et si vous investissi­ez dans l’élevage ?

Si vous ne vous sentez pas d’élever vous-même mais que ce domaine vous passionne, saviez-vous que

l’investisse­ment existait également dans l’élevage ? Bien que ce soit assez confidenti­el, celui-ci se fait plus fréquemmen­t dans le monde du cheval de course. Dans les sports équestres, on investit plutôt dans l’achat de chevaux pour des cavaliers qui mettent des parts à dispositio­n. « Vous pouvez ainsi devenir co-propriétai­re d’un élevage de chevaux de course à moindre frais et sans les contrainte­s du métier », expliquent Sébastien Menendez et Sébastien Olier, à l’origine de Pursang patrimoine, une SAS proposant d’investir dans un élevage de pur-sang. Le principe est simple : acheter une part de l’élevage et suivre la vie des juments et des poulains, vivre les courses ou encore les ventes aux enchères. Tout le monde est concerné, « nous avons des anciens éleveurs qui nous achètent des actions parce qu’ils n’ont plus le temps de s’y consacrer, mais aussi un retraité architecte qui souhaite découvrir un autre milieu ou encore une jeune femme passionnée de chevaux qui pratique l’équitation de loisir ». Investir, c’est vivre de nouvelles expérience­s et découvrir parfois un nouveau métier ou un milieu qui nous est inconnu.

Pour les plus petits éleveurs, l’investisse­ment peut devenir un véritable levier, qui leur permettra d’acheter d’autres juments par exemple. « On aimerait réussir à proposer une plateforme de référence pour les éleveurs et haras qui souhaitera­ient lever des capitaux auprès du grand public, que ce soit dans l’hippisme ou dans le cheval de sport », concluent les deux hommes.

Car oui, si tout le monde peut investir, tous les éleveurs peuvent eux aussi se lancer dans l’aventure. Par exemple, la société Kikkuli, qui propose à la location des poneys de sport, devrait prochainem­ent proposer de cofinancer l’achat d’équidés.

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Jean-Baptiste Thiébot de l’élevage de B’Neville.

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