Closer (France)

“Paraplégiq­ue depuis un accident de surf, je veux lancer des vêtements pour les personnes en fauteuil !”

Virginie Dubost a vu sa vie bouleversé­e il y a six ans. Victime d’une lésion complète de la moelle épinière, la jeune femme se mobilise depuis pour changer le regard sur le handicap.

- Par Sarah Curie Paris, le 9 avril

P “etit corps malade” : c’est ainsi que Virginie Dubost était surnommée par les soignants lors de ses séjours à l’hôpital. La jeune femme de 38 ans a, en effet, connu l’enfer avant de remonter patiemment la pente. Le 26 avril 2018, elle est victime d’un accident de surf au Costa Rica alors qu’elle parcourt l’Amérique latine depuis quelques mois. “Les vagues étaient trop fortes. Je suis tombée et ma tête a tapé contre le fond de l’océan comme sur un mur de béton. J’ai arrêté de respirer pendant 15 minutes avant d’être réanimée”, explique celle qui se retrouve hospitalis­ée deux semaines en soins intensifs avant d’être rapatriée en France. Le diagnostic est sombre : Virginie a six cervicales fracturées et une lésion totale de la moelle épinière. “Les médecins ont dit à ma famille que j’avais une tétraplégi­e complète et que j’aurai besoin d’une aide respiratoi­re à vie.” Energique par nature, elle refuse pourtant de céder face à l’adversité et décide de se battre.

“Quand on est tout le temps assis, les pantalons sont toujours trop courts et trop bas au niveau de la taille”

“Rester enfermée dans mon corps n’était pas une option. Avant l’accident, j’étais sportive et j’ai toujours été animée par l’envie d’avancer et de progresser.” Bientôt quatre ans après sa sortie de l’hôpital, Virginie a effectivem­ent accompli des progrès énormes. “Je respire sans assistance. Mon bras droit ne fonctionne plus, mais j’ai réappris à marcher. Je suis capable, quand on m’aide, de faire quelques pas. On me demande souvent : « Est-ce que

Sportive et battante, elle a, contre toute attente, réappris à respirer sans assistance et peut même faire quelques pas quand on l’aide.

tu peux guérir ? » Non, on n’en guérit pas, car je ne suis pas malade, « juste » handicapée”, souligne la jeune femme, qui reconnaît qu’avant de se trouver elle-même dans cette situation, elle ne savait pas comment s’adresser aux personnes en fauteuil. “Je détournais la tête car j’avais peur d’être maladroite”, se souvient-elle. Désormais, elle se mobilise sur les réseaux sociaux – et sur son Instagram, @virg_dub –, pour, notamment, changer le regard sur le handicap. “Le quotidien est chamboulé, mais cela n’empêche pas d’avoir une vie sociale, de voir des amis, de sortir et de faire du sport”, martèle celle qui aimerait proposer à une marque aux prix accessible­s de développer une ligne de vêtements pour les personnes en fauteuil. “Quand on est tout le temps assis, les pantalons sont toujours trop courts et trop bas au niveau de la taille, qui serre beaucoup. Les manches ne sont pas faciles à enfiler et les boutonnièr­es à fermer.” Virginie fourmille aussi d’autres projets… “Depuis que je suis en fauteuil roulant, j’ai des opportunit­és et je m’autorise à faire des choses auxquelles je n’aurais jamais pu prétendre avant, comme jouer dans une pièce de théâtre de Philippe Lellouche, défiler pour la fashion week, participer à une campagne de pub, enregistre­r des podcasts, etc”, s’enthousias­me-t-elle. “Mon problème de mobilité m’a obligée à m’exprimer différemme­nt. Aujourd’hui, j’utilise mon énergie pour lever les tabous autour du handicap et je peux l’affirmer haut et fort : ma vie a plus de sens qu’avant.” ■ courrier@closermag.fr

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“Aujourd’hui j’utilise mon énergie pour lever les tabous autour du handicap et je peux l’affirmer haut et fort : ma vie a plus de sens qu’avant”, souligne la trentenair­e, tout sourire.
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