Très grand cornu
Il m’aura fallu attendre cinq ans pour obtenir l’autorisation de tir d’un mouflon à l’approche en Dordogne – département qui détient toujours le record national, tiré en 2003 sur la commune de Villac et qui totalise 229,10 points CIC. Lundi 4 novembre 2013, Acca de Badefols d’Ans, il pleut très fort. Le bruit des gouttes couvre largement notre progression néanmoins appliquée. Je jumelle les sous-bois méticuleusement car les traces et coulées sur la terre grasse de la forêt attestent que les mouflons sont bien là. C’est au bout d’une heure que j’aperçois un jeune sujet seul. Étonnant. Je le regarde dans les jumelles et soudain, à l’arrière, perché sur un rocher, un gros mâle pose en seigneur de ces bois. Il est magnifique! Le temps que je descende la carabine de l’épaule, ils glissent tous deux dans les broussailles. Nous attendons quelques instants pour partir à leur recherche. C’est après un quart d’heure que j’aperçois de nouveau le grand mâle ; il est hors de portée. Je fais signe à mon épouse qui me suit de stopper, afin de terminer l’approche seul. Me voilà maintenant à une bonne centaine de mètres. Ma carabine posée sur le trépied, je le regarde dans la lunette réglée sur 10. Les secondes s’écoulent. Il avance puis marque, comme je l’espérais, un arrêt. Le trophée est grand. C’est maintenant. J’amène le réticule à l’oeil puis, respiration bloquée, je presse la queue de détente. Tout en rechargeant ma carabine, je m’avance ; il gît quelques mètres plus bas. Ses dernières lueurs de vie palpitent encore. Ses cornes sont longues, massives, sombres et incroyablement écartées. Ce n’est que récemment que j’ai pu le faire coter en le ramenant dans ses terres d’origine. La première étude, réalisée par Madame Pichon, totalise 228,90 points CIC. À ce niveau de résultat, une deuxième cotation est nécessaire. Ce mouflon devrait obtenir la seconde place au classement national. » Serge Dubois, par mail
Espèce autrefois endémique de la Corse et de la Sardaigne, le mouflon méditerranéen fut introduit dans les Pyrénées, le Massif Central, les Cévennes puis les Alpes, dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale. Force est de constater qu’il s’est relativement bien acclimaté, et qu’il est devenu une proie particulièrement recherchée par les passionnés d’approche. Sa méfiance, son côté particulièrement farouche et le milieu difficile dans lequel il évolue en font en effet un gibier qui se respecte et se mérite. Le sujet que nous propose ici M. Dubois est tout simplement exceptionnel, et justifiait de fait notre attention. Bravo à l’heureux chasseur !