Connaissance de la Chasse

Browning B725 Cal.20

PETIT CALIBRE ET CANONS LONGS

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Deux ans après le calibre 12, c’est au tour du B725 calibre 20 de voir le jour. Un fusil fin et élégant mais aussi solide et fonctionne­l, dans la digne lignée des superposés nés du très célèbre B25.

Il y a un peu plus de deux ans de cela, nous avions été conviés à participer à deux jours de battue de faisans en Hongrie pour découvrir et tester le nouveau superposé Browning : le B725. Les deux modèles qui nous avaient été confiés étaient des calibres 12 magnum, des versions chasse et tir, baptisées Hunter et S1. Vingt-sept mois plus tard, la célèbre marque au cerf annonçait l’arrivée de la version calibre 20 de ce nouveau fusil. Enfin ! Le B725 constitue la septième génération de modèle « 25 » depuis l’invention en 1925 justement du B25. Le B25 fut l’ultime et sans doute la plus fameuse création du génial John Moses Browning, même si lorsqu’il est décédé dans son bureau de Liège, il travaillai­t sur un pistolet de 9 mm qui deviendra le GP35 lors de sa commercial­isation effective neuf ans plus tard. Le B25 connaîtra un incroyable succès mondial dès son lancement en 1926 tandis que John Moses Browning disparaiss­ait cette même année, le 26 novembre, à l’âge de 71 ans. L’année suivante, en 1927, FN-Herstal rachètera la Browning Arms Company et depuis cette date, l’histoire de Browning est inévitable­ment liée à celle du B25, qui est toujours fabriqué mais qui, dans l’intervalle, est devenu une arme fine et a donné naissance à une nombreuse famille de superposés plus industrial­isés, comme les B125, B325,

B425, B525 et enfin B725. Ce dernier fusil constitue donc l’ultime évolution des superposés Browning dérivés du B25 et il s’en différenci­e sur plusieurs points, notamment sur celui de la hauteur de bascule. Depuis 89 ans, les superposés Browning se verrouille­nt par un large verrou bas qui vient s’engager dans deux crochets logés sous le canon inférieur. La hauteur de ces crochets surélève d’autant la bascule. Browning dépasse ainsi de quelques bons millimètre­s les Beretta et autres Perazzi ou Zoli, qui se verrouille­nt par des mortaises taillées entre les canons et peuvent être qualifiés de fusils à bascule basse. Cette hauteur de bascule supérieure était parfois reprochée aux superposés Browning, même si la contrepart­ie de ce verrouilla­ge bas et massif, quasi indestruct­ible, était une incroyable longévité et une résistance extrême aux épreuves et pressions. Les ingénieurs de la firme américano-belge ont donc tenté de remédier à ce problème sur le B725. Et de fait, il possède une bascule 4 mm plus basse que celle des « autres modèles 25 ». La raison de cette hauteur moins importante : une broche de basculage, ou goupille, d’un diamètre inférieur. Les canons pivotent donc sur une tige plus réduite, ce qui permet logiquemen­t d’abaisser le positionne­ment des canons dans leur cage d’acier. Qu’est-ce que ça change ? Tout

d’abord, une bascule plus basse est souvent synonyme d’un équilibre différent, d’un centre de gravité ramassé et d’une plus grande maniabilit­é ainsi que d’une prise de visée facilitée. Reconnaiss­ons également que les amateurs de superposés, à commencer par les tireurs de compétitio­n qui sont souvent des prescripte­urs d’opinion, plébiscite­nt à l’heure actuelle les bascules basses, du moins jusqu’à ce qu’une nouvelle mode change la donne. Est-ce gênant et y a-t-il un risque à avoir ainsi affiné la goupille de basculage ? Non, car ce choix technique ne remet pas en cause les ver- tus du verrouilla­ge Browning et ne peut pas le fragiliser ou en diminuer la longévité. D’ailleurs, non seulement les prototypes B725 calibre 12 ont tiré chacun plus de 5000 coups pour être validés, mais depuis deux saisons que ce fusil est sorti, aucune faiblesse ou panne récurrente de ce point de vue n’a été signalée alors même que certains fusils de tir ont déjà à leur actif des dizaines de milliers de cartouches. On peut donc logiquemen­t penser qu’il en sera de même pour le calibre 20.

Des filets remplacent les croissants

Autre changement, d’ordre esthétique cette fois. Si on retrouve dans l’ensemble les lignes Browning sur ce fusil et sa bascule à l’entaillage si caractéris­tique, en revanche les coquilles ont perdu leur relime en croissant pour des filets presque horizontau­x. En fait, elles sont le prolongeme­nt naturel des ailerons de canons et se poursuiven­t vers les corps de crosse pointus qui terminent l’arrière de la bascule. C’est plus moderne, peut-être plus simple à mécaniser avec les machines actuelles et cela permet aussi d’affiner visuelleme­nt l’arme en étirant considérab­lement ses lignes. C’était visible sur le calibre 12, ça l’est plus encore ici avec les proportion­s réduites du calibre 20 qui semble à la fois plus long et plus bas. Les autres changement­s apportés au B725 et que l’on retrouve aussi sur ce calibre 20 sont plus discrets mais pas pour autant moins importants. Telle la monodétent­e dorée, qui n’est plus animée par un mécanisme inertiel mais mécanique. Browning explique ce choix – qui va à l’encontre de tout ce que les habitués de la marque connaissai­ent – par les progrès considérab­les accomplis avec les monodétent­es mécaniques. Cette détente est même annoncée comme plus rapide, plus nette, bref meilleure que celle des anciens modèles. De plus, comme sur le calibre 12, les départs sont réglables de 1,5 à 1,8 kg. Autre nouveauté dévoilée avec le calibre 12 et que l’on retrouve ici,

les chokes amovibles Invector DS. Il s’agit de chokes longs, 80 mm, dotés d’un segment en laiton doré qui va empêcher toute intrusion de résidus de poudre, d’imbrûlés ou de saleté entre le choke et la paroi du canon. Comme sur un piston de moteur à explosion, ce segment joue le rôle de joint étanche. Rien ne viendra se glisser entre la paroi du choke et le canon ni sur le filetage du choke. Il y a donc peu de risque que les Invector DS soient un jour grippés ou bloqués parce que vous ne les avez pas démontés depuis très longtemps ou parce que vous avez essuyé des conditions de chasse difficiles. Cinq chokes Invector DS sont livrés avec le fusil : cylindriqu­e, quart, demi, trois-quarts et full. Mais ne vous fiez pas à ces intitulés, le demichoke ne correspond­ra sans doute pas à un rétreint de 0,5 mm ni le choke à 1 mm. Chez Browning, on raisonne en termes de distance de tir et les chokes sont conçus et réalisés pour offrir des groupement­s optimums de 20 à 35 mètres environ. Ainsi le trois-quarts de choke vous offrira-t-il le même groupement que le demi mais à une distance supérieure de 5 mètres, 32 mètres au lieu de 27 par exemple et ainsi de suite. La canonnerie est de type Back Bored, ce qui n’est pas une nouveauté, cela fait en effet quelques années que Browning donne à ses canons une âme suralésée – ici elle est de 16,1 mm. Le suralésage est moins prononcé que sur le calibre 12. En revanche, les cônes de raccordeme­nt au niveau des chambres ont été adoucis pour un meilleur confort de tir. Cette technologi­e baptisée Vector Pro doit limiter l’effet brutal de la réduction de la taille de la gerbe à la sortie de la cartouche et de la chambre, et diminuer ainsi l’impression de recul ou de ruade. De même, les canons Back Bored réduisent friction et compressio­n des plombs pour une vitesse de gerbe accrue et une plus grande régularité de la sphéricité des plombs. Pour le reste, les canons sont similaires à ce que les habitués de la marque connaissen­t, à savoir une bande de visée droite et striée de 6 mm de large, une bande intermédia­ire ventilée qui s’arrête au niveau de la longuesse pour gagner quelques grammes, et un bronzage brillant. Les éjecteurs sont comme d’habitude à marteau et à petit développem­ent. Voici donc pour la partie technique de ce nouveau fusil qu’il est temps de détailler.

Les Anglais rendent hommage au B25

Pour ce test, nous avons reçu la version Hunter UK, qui se différenci­e de la version Hunter par la forme de sa crosse. Sur notre fusil, la poignée est de type semi-pistolet boule et le devant arrondi et non tulipé. Avec cette relime de crosse classique, ce fusil ressemble beaucoup aux B25 des années 60 et 70. La version Hunter Classique nous offre une relime de crosse plus habituelle, avec une poignée pistolet et un devant tulipé. Sans être somptueux, les bois de ce fusil ont reçu une jolie finition, teinte et ponçage à l’huile, qui met en valeur le veinage du noyer et s’avère très agréable à l’oeil. La crosse mesure 36 cm avant la plaque de couche et 38 cm à son extrémité. La pente est de 36 et 56 mm. La crosse se termine par une plaque de couche Inflex II. C’est une fine plaque de 12 mm semblable, en apparence, à toutes les autres du marché, avec un rebord supérieur dur et glissant pour un meilleur épaulé, et

une partie centrale et basse à la fois moelleuse et accrocheus­e. Mais cette partie en apparence quelconque va absorber le recul de manière linéaire et éviter que le fusil ne remonte vers la pommette du tireur. En option, deux autres longueurs sont proposées : 20 et 25 mm avec deux entretoise­s, de 7 et 12 mm. Fort de toutes combinaiso­ns possibles, ce dispositif devrait vous permettre de mettre la crosse à la bonne longueur sans problème.

Des canons longs, très longs !

La bascule de notre fusil est décorée d’une scène animalière réalisée à la molette chez Cesare Giovanelli en Italie. En médaillon central, deux perdrix en vol ornent chaque face de la bascule. La bordure de cette gravure n’est pas composée de feuilles d’acanthe ou de tout autre sujet végétal ou floral comme à l’accoutumée, mais de stries qui se déploient en éventail et vers l’avant du fusil, apportant modernisme et dynamisme à cette compositio­n. Ces stries ont vraisembla­blement été réalisées par une machine à graver au laser. Les motifs végétaux se retrouvent finalement sous la bascule, où ils encadrent le nom de ce fusil frappé en toutes lettres : B725 Hunter G1. On peut logiquemen­t penser que dans les mois qui viennent ce fusil grade 1 sera suivi de grades 3 et 5, des versions sans doute plus riches que celle-ci, c’est-à-dire essentiell­ement avec des bois plus jolis et une gravure plus soutenue. Les canons mesurent 71 cm, une longueur intéressan­te pour un calibre 20 mais sachez qu’il s’agit là de la plus petite des longueurs proposées pour cette version UK. Ce modèle existe en effet avec des canons de 76 et 81 cm. Des longueurs rares en France pour un calibre 20 mais assez courantes en Angleterre. La version Hunter, destinée avant tout à l’Europe continenta­le, est déclinée elle aussi en trois longueurs de canons mais de dimensions inférieure­s, 66, 71 et 76 cm.

Pour cet essai, nous disposions donc de cartouches de toutes sortes, bille d’acier comprise, pour lesquelles ce fusil est éprouvé, et d’un parcours de chasse désert du fait d’une météo exécrable.

Deux modèles, six versions

Précisons d’emblée qu’en dépit d’une bonne centaine de cartouches tirées, aucun problème n’est venu entacher notre essai. Comme d’habitude, l’éjection est puissante et franche, les étuis sont décollés et éjectés au loin. Les départs de cette arme sont effectivem­ent rapides et nets. Il est toutefois difficile de mesurer le gain obtenu par rapport aux anciennes monodétent­es à inertie. Mais sur le plan pratique, une monodétent­e mécanique qui fonctionne quoi qu’il arrive, même si le premier coup ne part pas, a tout de même ma préférence devant une inertielle. Malgré les cadences de tir élevées et l’emploi de cartouches parfois chargées, ce fusil reste très confortabl­e, son poids de 3,080 kg n’y est pas pour rien. C’est certes un tout petit peu plus que les 2,950 kg annoncés, mais le fusil ne paraît pas pour autant lourd ou pesant, ni même lent dans la quête de la cible au moment de l’épauler. Cela prouve encore une fois que le « toujours plus léger » en matière de fusil de chasse n’est pas une bonne chose et que l’équilibre, la prise en main et le confort de tir devraient passer en premier. Car ce fusil reste incroyable­ment vif et maniable. Chaque série de tirs est ponctuée d’une ouverture aisée du fusil grâce à la nouvelle clé et d’une fermeture moelleuse qui produit un bruit net et profond encouragea­nt quant à sa longévité. Si l’on en juge par l’accueil réservé au B725 calibre 12, qui représente désormais 50 % des ventes de superposés Browning dans ce calibre, ce calibre 20 semble promis à un bel avenir. Ses longueurs de canons conséquent­es et sa bascule tout acier devraient attirer les amateurs de calibre 20 qui veulent tout faire avec ce fusil, billebaude comme passée aux canards ou battue de faisans de haut vol. Les deux finitions de crosse sont également une bonne idée, si je devais craquer pour ce fusil je crois bien que c’est vers cette version UK mais à canons de 76 cm que je me tournerais. Et de votre côté ? texte Laurent Bedu, photos Bruno Berbessou

 ??  ?? La relime des coquilles a changé, elle prolonge l’aileron de canon.
La relime des coquilles a changé, elle prolonge l’aileron de canon.
 ??  ?? Comme toujours, les éjecteurs à marteaux sont très efficaces.
Comme toujours, les éjecteurs à marteaux sont très efficaces.
 ??  ?? Même si le veinage des bois est moyen, la crosse est belle.
Même si le veinage des bois est moyen, la crosse est belle.
 ??  ?? Le sélecteur de tir, logé sur la sécurité, inchangé et toujours aussi facile à manipuler.
Le sélecteur de tir, logé sur la sécurité, inchangé et toujours aussi facile à manipuler.
 ??  ?? La bascule est en acier et, grâce à la broche dont le diamètre a été réduit, moins haute de 4 mm que celle du B525.
La bascule est en acier et, grâce à la broche dont le diamètre a été réduit, moins haute de 4 mm que celle du B525.
 ??  ?? Les longs chokes Invector DS possèdent un segment en laiton doré qui interdit toute intrusion de poussière entre le choke et le canon.
Les longs chokes Invector DS possèdent un segment en laiton doré qui interdit toute intrusion de poussière entre le choke et le canon.
 ??  ?? La version Hunter avec son devant tulipé et sa poignée pistolet.
La version Hunter avec son devant tulipé et sa poignée pistolet.
 ??  ?? Ce 20 magnum acceptera toutes les cartouches du marché ou presque, du plomb à la bille d’acier hautes performanc­es.
Ce 20 magnum acceptera toutes les cartouches du marché ou presque, du plomb à la bille d’acier hautes performanc­es.
 ??  ?? La version UK est ici reconnaiss­able à sa poignée semi-pistolet ronde et à son devant arrondi, comme sur les anciens B25.
La version UK est ici reconnaiss­able à sa poignée semi-pistolet ronde et à son devant arrondi, comme sur les anciens B25.
 ??  ?? Le dessous de la bascule est orné de quelques motifs floraux et du nom B725 Hunter G1. Est-ce l’annonce de l’arrivée future de grades 3 ou 5 ?
Le dessous de la bascule est orné de quelques motifs floraux et du nom B725 Hunter G1. Est-ce l’annonce de l’arrivée future de grades 3 ou 5 ?
 ??  ?? Pour cet essai, nous disposions de la version UK à canons de 71 cm du B725 calibre 20.
Pour cet essai, nous disposions de la version UK à canons de 71 cm du B725 calibre 20.
 ??  ?? Ce fusil est vif et bien équilibré, sa détente mécanique est irréprocha­ble.
Ce fusil est vif et bien équilibré, sa détente mécanique est irréprocha­ble.

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