Prudent avec son arme, adroit au tir
Un nouveau chasseur obtient son premier permis de chasser français : il est donc prudent avec son arme de chasse mais il ne sait pas forcément tirer correctement. La récente modification de l’examen du permis de chasser qui regroupe désormais en une seule épreuve les deux parties théorique et pratique a mis l’accent de façon justifiée sur la prudence en action de chasse et sur le maniement des armes semi-automatiques qui sont souvent utilisées en France notamment pour la battue au grand gibier. Cette évolution de l’examen du permis de chasser a malheureusement complètement occulté la nécessité d’imposer à un nouveau chasseur la validation de son aptitude au tir en passant une épreuve pratique obligatoire et éliminatoire en cas d’échec. La pratique responsable de la chasse implique une éthique qui ne souffre aucune contestation : le chasseur doit dans la très grande majorité des cas tuer net son gibier ou lui infliger une grave blessure dans une zone vitale qui provoque la mort de l’animal à très brève échéance. Une blessure qui fait longuement souffrir un grand gibier à cause d’une balle mal placée doit être une situation peu fréquente et même rare pour un chasseur responsable qui possède une réelle aptitude au tir et une vraie compétence en action de chasse. Manquer occasionnellement un gibier peut arriver à n’importe quel chasseur : l’émotion provoquée par l’apparition du gibier, un coup de doigt involontaire sur la queue de détente, un léger manque de concentration, un organe de visée mécanique ou optique déréglé sont des exemples et des motifs recevables de tirs manqués. Il n’est pas acceptable qu’un chasseur ayant un permis de chasse validé manque ou blesse souvent voire très souvent le gibier et ne possède donc pas une aptitude minimum pour tuer efficacement dans
une majorité de cas. L’adresse du chasseur au tir est une partie intégrante de la gestion responsable et efficace du gibier. Réussir des prélèvements suffisants et réaliser un plan de chasse implique donc une compétence indispensable du chasseur en matière de tir. De nombreux pays imposent avec raison une épreuve obligatoire de tir et éliminatoire en cas d’échec notamment à l’arme rayée pour réussir l’examen du permis de chasser. Les chasseurs suédois doivent même se soumettre à un contrôle de tir annuel sur une cible mouvante représentant un élan et la réussite à cette épreuve conditionne la validation de leur permis de chasser. L’Allemagne dispose de nombreux centres d’entraînement au tir à l’arme rayée pour préparer les candidats à l’examen du permis de chasser à l’épreuve d’aptitude au tir et pour permettre également aux chasseurs confirmés de s’entraîner régulièrement. Les fédérations départementales de chasse doivent donc se mobiliser à court et moyen terme sur ce dossier crucial pour proposer aux candidats ainsi qu’à leurs adhérents des structures d’entraînement adaptées au tir à l’arme rayée de chasse et bien réparties géographiquement sur l’ensemble de l’Hexagone. Une épreuve de tir à l’arme rayée éliminatoire en cas d’échec doit également être intégrée rapidement à l’examen du permis de chasser français. Une épreuve simple peut être mise en place en s’inspirant par exemple du brevet grand gibier de l’Ancgg avec un tir à l’arme rayée de chasse à bras francs à 35 m de distance sur une cible fixe représentant un sanglier de taille moyenne. Ce contrôle pratique serait facile à mettre en oeuvre pour valider le niveau réel d’aptitude au tir du futur chasseur. La réussite à l’épreuve serait acquise par le candidat en plaçant au minimum 3 balles sur 4 tirées dans les zones vitales d’un sanglier représenté par la cible fixe. Un chasseur doit rester constamment prudent en action de chasse avec son arme, c’est une obligation incontournable. Le même chasseur doit posséder et entretenir une vraie aptitude au tir du gibier qui est tout autant nécessaire que la prudence.