Le Sanglier
Depuis que l’homme vénère les bêtes sauvages, le sanglier fait figure d’animal à part. À la fois au contact de l’homme, le chargeant volontiers, tout en s’en cachant, sortant de nuit, trouvant refuge dans les ronciers impénétrables. Cet animal extrême inspire Daniel Braine. En rupture avec le monde des hommes, fuyant leur folie qui les amène à semer la guerre avec autant de talent qu’ils se résignent à la paix, le héros rejette la compagnie des bipèdes, s’accule dans des recoins de solitude, comportement qui le désigne comme bouc émissaire de congénères non rassasiés de malheurs et de petitesses. Un gibier, qui plus est un sanglier, cela demande à se chasser. Tout un chacun rallie à cette traque, les vilenies du destin, l’absurdité en tête. Ce texte, bref, écrit par un homme de 80 ans, claque, fuse, tranche. Surtout pas misérabiliste, il se hisse tel un étendard flottant au vent dans des mouvements à la fois guerriers et esthétiques. Le sens de la chasse y est finement rapporté. Texte inédit, en partie autobiographique, il est l’oeuvre de Pierre Luccin (1909-2001), auteur des années 40, frappé de cinq ans d’indignité nationale pour écrits dans la presse collaborationniste. Alors, la longue fuite commença… Elle sera plus fertile pour cet homme devenu viticulteur que celle du Sanglier. Un certain Braine, Daniel.
116 pages, 13 €, Editions Finitude, en librairie. Tél. : 05 56 79 23 06, editionsfinitude@free.fr