Vol impossible

Dérangé par l’équipe de chasse, ce vol de lagopèdes, qui rechigne à quitter son sommet, s’enfuit pour le contourner et s’y poser sur l’autre versant. Cette photo a été prise dans le cadre du reportage publié dans ce même numéro en page 60. En France, les naturalistes observent que les lagopèdes (alpins) passent l’hiver isolés, ou par petits groupes, de quelques individus a` environ une dizaine d’oiseaux tout au plus. Est-ce une question d’éthologie ou de densité ? Toujours est-il qu’en Laponie et plus particulièrement dans les Alpes scandinaves (ou Scandes) qui abritent plus de la moitié des effectifs mondiaux de l’espèce, les attroupements hivernaux de lagopèdes des roches prennent une autre dimension, comme le rappelle le guide de chasse Emil Niklasson. « En hiver, les groupes de lagopèdes peuvent atteindre des tailles très variables d’une poignée d’oiseaux jusqu’à près de 200 spécimens ! » Des propos corroborés par cette photo qui expose un vol de 75 oiseaux, un effectif qui, à lui seul, surpasse le total cumulé d’oiseaux prélevés chaque année en France. Le tableau moyen déclaré (entre 1998 et 2003) affiche 42 oiseaux dans les Alpes et 15 dans les Pyrénées (source Inpn). « Des vols comme celui-ci, ce sont sans doute des milliers que nous pouvons en dénombrer dans le pays. Le statut de conservation du lagopède alpin est favorable en Europe avec une population évaluée entre 430 000 et 1 400 000 individus. L’effectif reproducteur présent en France représente 0,1 à 0,5 % de la population européenne, où l’on estime les effectifs à moins de 20 000 individus. Autre latitude, autre dimension !

Thibaut Macé