Ain, bienvenue aux rugbymen chasseurs
Profitant, fin avril 2015, de 3 jours de repos après leur victoire sur le Racing 92, dix des rugbymen professionnels du club d’Oyonnax ont, à l’initiative de leur club et de la Fdc de l’Ain, passé ensemble leur permis de chasser. Tous ont obtenu le précieux sésame et sont déterminés à en faire bon usage dès que possible.
C’est au Sénat que durant une journée quelques spécialistes sont venus évoquer les enjeux de ce dossier. Dossier ancien en réalité car le trafic des espèces sauvages, et des produits qui en sont dérivés, constitue une vieille habitude si l’on songe à l’ivoire, lequel fascine les hommes depuis des millénaires. Le problème essentiel est que dorénavant, les nouveaux et nombreux moyens techniques employés (armes, transports, communications…) ainsi que l’ouverture des espaces et la disparition des contrôles encouragent l’industrialisation des trafics. Ce qui fait peser de lourdes menaces sur les espèces. Menaces de disparition. Et il est d’autres risques graves qu’engendre l’activité hors-la-loi. Il est des plus utiles que le chasseur – le Shcf en l’occurrence – s’empare de ce thème, alerte les décideurs et l’opinion. Le Figaro évoqua ce colloque et ce thème. Retombée positive, il en faudrait tant d’autres… Le trafic des espèces sauvages est infini si l’on intègre l’ensemble des ressources naturelles, qu’elles soient animales, végétales, etc. Aussi limitons-nous aux espèces animales braconnées, ce qui constitue déjà un pan inouï des trafics. Un adage veut que cette activité représente le 4e marché illégal mondial après les trafics de la drogue, de la traite des êtres humains et de la contrefaçon. Adage non vérifié car non vérifiable. Par définition, les activités clandestines sont discrètes. Cela dit, il est estimé que le braconnage des animaux sauvages produit chaque année un chiffre d’affaires mondial de 15 à 20 milliards de dollars, 14 milliards selon la Cites. Peu importe le volume, la tendance est à la hausse. À travers le monde, on assiste à un double développement : le braconnage pour la viande, et le trafic des espèces protégées. La démographie galopante explique en partie cela. D’autant plus que 75 % de la population mondiale vit dans des zones rurales et naturelles, à proximité ou au contact de la faune sauvage. Ainsi, de plus en plus de rhinocéros sont abattus pour leur corne (+ 20 % en quelques mois), idem des éléphants pour leur ivoire. Un ivoire qui alimente les caisses des mouvements islamistes terroristes, tels les Shebabs kenyans. Après la Rca ravagée par les bracos soudanais et locaux, d’autres nations africaines sont atteintes par une vague de braconnage sans précédent. Même le sanctuaire tanzanien qu’est le Selous est violé, même les peu nombreux pachydermes d’Afrique de l’Ouest sont sacrifiés. Connaissance de la Chasse avait révélé l’ampleur du braconnage des éléphants en Rca (n° 303 de juillet 2001), s’appuyant sur le témoignage de Thierry Fécomme, responsable de territoire et organisateur de safaris. Chose qui avait déplu à certains de ses confrères. Depuis, ceux-ci ont dû quitter leurs territoires sous la pression des kalachnikov. Conseiller du président du Conseil international de la chasse et de la conservation du gibier (Cic), l’Allemand Rolf Baldus a une longue expérience