Chasse-t-on trop ou pas assez le cerf?
ET SI ON AMÉLIORAIT LE PLAN DE CHASSE
Alors qu’il ne s’est jamais chassé autant de grands cervidés, que l’espèce est accusée de mille maux par les syndicats forestiers privés et l’Onf, certains repensent la gestion du cerf. Questions : la règle des trois tiers est-elle discutable ou est-ce un dogme à jamais figé ? Le plan de chasse tel qu’il est mis en place actuellement qui en découle peut-il être affiné, complété, amélioré ? Des chasseurs gestionnaires apportent leur pierre à l’édifice.
Il fut un temps où les choses étaient fort simples, c’était avant le plan de chasse. Grosso modo, on tire sur ce qui bouge. Cerfs et biches sont chassés à tir quelques jours au cours de la saison, sans aucun quota. Le seul critère de sélection est le temps : 15 jours pour le mâle, 30 jours pour la femelle. Et on garde de la graine : le tir des animaux de moins d’un an est interdit. La méthode est perverse. Des biches tirées trop tôt et en trop grande quantité, ce sont autant de faons orphelins, sujets non sevrés probablement condamnés à la malnutrition et au stress, malingres à moins qu’ils ne périssent lors de leur premier hiver. De plus, l’épargne de la totalité des faons rajeunit la population, maintient le coefficient de reproduction des femelles au plus bas, et freine ainsi l’expansion de l’espèce. L’occupation allemande puis la Libération voient se développer le braconnage, tandis que l’agriculteur détient le droit d’affût. Résultat : jusque dans les années 1960-1970, en France, les populations de cerfs et biches sont des plus limitées. C’est dans la loi du 30 juillet 1963 que le principe du plan de chasse apparaît. Il est prôné par François Sommer et dix de ses amis réunis au sein de l’Association sportive des chasseurs de grand gibier, ancêtre de l’Ancgg. Cette avancée permet la conservation puis le développement de toutes les espèces de grand gibier : cerf, chevreuil, chamois, isard et mouflon. Au grand dam des présidents de Fdc et d’une partie de leurs troupes qui considèrent qu’il s’agit là d’une ingérence « élitiste ». Le plan de chasse cerf est rendu obligatoire sur l’ensemble du territoire en 1979. Le plan de chasse sera ensuite appliqué au petit gibier (lièvre et perdrix notamment). Cette méthode constitue une révolution culturelle dans la mesure où le chasseur intègre que le gibier ne constitue plus une manne céleste, alors que la conception cynégétique l’a conçu ainsi jusqu’alors. Ce nouveau courant de pensée estime que le chasseur peut – et doit – gérer les espèces chassables. Le principe de cette gestion est simple : il autorise de chasser, de tuer, le « surplus » d’une population animale. Autrement dit de prélever le revenu (le résultat du taux d’accroissement) sans entamer le capital (une population considérée comme acceptable sur un territoire donné). La question est : quel surplus récolter ? À l’époque, dans un premier temps, dans l’ignorance de l’état de la population ( nombre d’animaux et structure, c’est-à-dire sex-ratio et pyramide des âges), le niveau à prélever est défini arbitrairement. Dans un second temps, celui-ci est plus ou moins adapté au fil des ans en fonction de la situation ressentie sur le terrain, des résultats des comptages, de la plus ou moins grande facilité de réaliser le plan de chasse, etc. Quant à la ventilation des attributions entre cerfs, biches et faons, une méthode s’impose : la règle des trois tiers. À savoir 1/3 de cerfs coiffés, 1/3 de faons, 1/3 de femelles de plus d’un an. Ce principe a été d’autant plus vite adopté qu’il est « simple », et « universel » selon
Il fallut batailler dur pour imposer aux Fdc l’idée du plan de chasse.
certains. En fait, la méthode s’inspire directement des règlements cynégétiques mis en place en Allemagne sous le joug nazi. On le relève dès 1934 dans la législation sur la chasse, dans les « lois impériales sur la nature » ( Reichjagdesetz de 1934, et Reichnaturschtzgesetz de 1935), comme le rappela Jens Ivo Engels, dans Le Cerf, les arbres et la politique (in Forêt et chasse, X e- XX e siècles, collectif, sous la direction d’Andrée Corvol, Harmattan, 2004).
Les raisons de la hausse
Revenons en France. En cinq décennies, on assiste à l’augmentation quasi continue des populations des grands gibiers, dont celle du cerf. Divers facteurs jouent un rôle primordial dans cette hausse. Relevons principalement : • l’évolution de la plaine : - mécanisation des travaux agricoles, ce qui limite la présence humaine ; - augmentation des surfaces des parcelles ce qui sécurise le gibier ; - cultures toujours plus riches et énergétiques ; - progression de la culture du maïs jusque dans le nord-est ; • l’évolution de la forêt : - extension de la forêt ; - fermeture du milieu dans nombre de régions ; - amélioration de la qualité des semis et des plants ; - mécanisation des travaux forestiers, ce qui limite la présence humaine ; • le réchauffement climatique ; • de plus, la règle des trois tiers, en participant au vieillissement de la population femelle, a pu contribuer à l’augmentation du coefficient de reproduction des biches âgées de plus d’un an. En 1993, il se chasse près de 19000 cerfs en France, contre 57 944 en 2013-2014 (pour 79789 attributions), soit une hausse de 3,1x. Rappelons que partant d’un niveau très bas, la croissance est d’autant plus spectaculaire. L’espèce est réapparue dans nombre de massifs forestiers, tantôt elle y fait l’objet de réintroduction, tantôt elle les colonise naturellement. Le cerf s’impose même dans l’ensemble des montagnes françaises, achevant sa phase de colonisation par le Jura au début des années 2000.
En 2015, un seul plan de chasse départemental, celui du Loir-et-Cher par exemple, équivaut quasiment au plan de chasse national des années 1970, autour de 5000 cerfs et biches. Précisément 5395 cerfs et biches tués en 1973-1974 pour l’ensemble du territoire français (voir tableau p. 92). Malgré ces données, il demeure de nombreux freins et obstacles à la poursuite de l’expansion du cerf (éléments et arguments parfois nettement exagérés) : - les dégâts agricoles, dont le sanglier est responsable majeur à hauteur de 85 %, contre 11 % pour le cerf et 4% pour le chevreuil. Qu’on se le dise : cerfs et chevreuils payent pour le sanglier ; - les dégâts forestiers. À noter que le développement de la récolte de tous les types de bois pour être transformés en granulés ou pellets pour alimenter les appareils de chauffage va valoriser même le bois endommagé par la grande faune ; - la compétition alimentaire avec les ongulés domestiques, en montagne principalement ; - les risques sanitaires. Précisons que très souvent le gibier est le réservoir, et non « l’auteur », de maladies transmises par le bétail ; - les collisions routières. Sachant que la circulation routière augmente considérablement d’année en année.
Le cerf, une espèce à part
S’acquittant déjà de l’indemnisation des dégâts agricoles (60 millions d’euros par an d’indemnisations, de frais de préventions, d’expertise et de secrétariat, soit 60 euros par porteur de permis de chasser chaque année), le chasseur ne peut assumer l’ensemble des conséquences du développement des populations de grand gibier, dont le cerf. Il éprouve même de plus en plus de difficultés à assumer les indemnisations agricoles du fait de la baisse du nombre de pratiquants. Aussi, il se voit contraint par les services de l’État (le préfet) de stabiliser, voire de diminuer parfois de façon drastique les populations. La loi d’avenir agricole votée le 11 septembre 2014 et portée par M. Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, marque la victoire des forestiers, lesquels ont désormais la possibilité d’influer directement sur la gestion du cerf, entre autre. Le fait est que le plan de chasse, tel qu’il est utilisé actuellement, semble éprouver des difficultés à stabiliser ou à diminuer les populations de cerfs, et à favoriser le retour à une structure équilibrée des populations et de la pyramide des âges, et cela dans les délais les plus courts. Résultat, le sex-ratio du cerf qui biologiquement devrait tendre vers 1 mâle pour 1 femelle est bien souvent de 1 mâle pour 2, 3 voire 4 femelles. Corrélativement, la population mâle rajeunit, devenant donc pauvre en mâles adultes et murs. Par ailleurs, nous relevons que souvent des coupes claires s’abattent sur des populations de cerfs et biches. Dans certains massifs et au cours de plusieurs saisons, se succèdent des plans de chasse excessifs, après que l’on eut laissé l’espèce prospérer de façon anarchique. À l’abondance succède la pénurie. D’où une gestion en « yo-yo » ou en dents de scie, néfaste car engendrant des conflits. À cela s’ajoutent parfois des attributions hasardeuses en fonction des intérêts de personnes, et non de la réalité du terrain. Ces choix aléatoires peuvent s’additionner et être répétés de saison en saison. Certains estiment avoir trouvé la solution : « libéraliser » le système, sup-
L’histoire du cerf n’est pas un long fleuve tranquille.
primer le plan de chasse, revenir à la non gestion d’origine. Curieuse façon de s’attaquer à un problème ; à défaut de le résoudre, on l’ignore. Ou l’art de casser le thermomètre afin d’ignorer la température. Parallèlement, d’autres réfléchissent à l’amélioration du plan de chasse. Jean Alvarado et Jean-Claude Serre sont de ceux-là. Solides connaisseurs de l’espèce et gestionnaires de territoire, ils entendent nous rappeler quelques fondamentaux : « L’espèce cerf a un cycle de reproduction simple. Le plus simple des grands gibiers, aussi nous pouvons la considérer à part. » Citons les paramètres qui caractérisent le cycle de vie du cerf : - l’espèce a une seule portée par an ; - la femelle met bas 1 seul jeune par portée (très exceptionnellement 2); - le sex-ratio à la naissance est de 1 mâle pour 1 femelle ; - l’espèce bénéficie d’un faible taux de mortalité naturelle ; - elle est peu affectée par de graves maladies ; - elle a peu de prédateurs. Jean et Jean-Claude de conclure : « Nous appuyant sur ces réalités, nous pensons pouvoir affirmer que l’évolution d’une population donnée peut se gérer quasi arithmétiquement. Autrement dit, on peut dans une large
mesure calculer, prévoir et si besoin est influer sur l’évolution d’une population de cerf. » Les études comme les observations des éleveurs de cerfs indiquent que le sex-ratio à la naissance est de l’ordre de 1 faon mâle pour 1 faon femelle. Les études du fameux chercheur Pat Lowe ont confirmé que, dans une population non chassée, le sex-ratio de l’espèce est bien de 1 mâle pour 1 femelle. Nous basant sur la documentation rassemblée par Jean et Jean-Claude, nous constatons que d’autres travaux ont appris que dans un environnement français moyen, le nombre de faon par femelle avant naissances est de l’ordre de 0,65. Après naissances, ce ratio baisse à environ 0,62 en automne (à l’ouverture de la chasse) en raison du différentiel de mortalité/survie entre faons et biches durant les six mois suivant les naissances. Évidemment, ce ratio peut évoluer selon les spécificités des territoires voire au fil de saisons particulières, mais cela de façon limitée semble-t-il. Nos deux chasseurs précisent : « En revanche, dans une population chassée, si le prélèvement s’écarte du ratio “biologique” de l’ordre de 0,62 faon/femelle de plus d’un an, il pourra modifier significativement le coefficient de reproduction de l’année suivante. Il appartient donc aux chasseurs de veiller au respect de ce ratio de 0,62/1 lors des prélèvements. » Jean Alvarado et Jean-Claude Serre poursuivent : « Il s’agit là de quelques certitudes, tâchons de les utiliser au mieux, et pour cela encore faut-il d’abord ne jamais les perdre de vue. Il s’agit de quelques points de repère considérables, comparativement aux chevreuils et sangliers à la dynamique beaucoup plus aléatoire. »
Sex-ratio, la clef du système
Nos deux passionnés expliquent dorénavant la méthode qu’ils proposent. « Le principe est simple : nous appliquons la règle du prélèvement à la proportionnelle. Par définition, la proportionnelle détient la qualité supérieure – par rapport à la règle des trois tiers – d’épouser “au plus près” la réalité. Pour un taux de prélèvement sur une population donnée de x %, pour maintenir les mêmes proportions dans la composition de la population, nous devrons tuer x % des cerfs, x % des biches et x % des faons. Et non pas x % de cerfs, x % de biches et x % de faons, autrement dit 1/3 de cerfs, 1/3 de biches et 1/3 de faons. Si nous voulons baisser la population, nous augmentons ce pourcentage. Et inversement si nous souhaitons la développer. Or, le taux d’accroissement varie avec le sex-ratio des populations. Aussi est-il indispensable de connaître ce taux d’accroissement afin d’appliquer des prélèvements adaptés à la réalité de chaque population. Pour calculer ce taux, il est nécessaire de connaître le sex-ratio. Là est le coeur du problème, le moteur de la “machine à faire des cerfs”. Connaître le sex-ratio est la clé de la gestion de l’espèce ! » Le sex-ratio peut être estimé à partir de la lecture annuelle des mâchoires de l’ensemble des grands cervidés prélevés telle qu’elle a été initiée par la Fdc de l’Indre, sous la houlette du docteur vétérinaire Xavier Legendre et de Marc Collyn, et qu’elle est toujours appliquée (lire n° 437 de septembre 2012 de Connaissance de la Chasse). La lecture de la dentition permet d’identifier les faons (jusqu’à 1 an), les bichettes et les daguets (de 1 à 2 ans) et les animaux de plus de 2 ans, et de vérifier qu’ils sont bien morts.
L’esprit de la méthode proposée est la proportionnelle.
Selon nos deux intervenants, en prélevant à la proportionnelle un pourcentage choisi de la population, on maîtrise le développement quantitatif de cette dernière. Quant au rééquilibrage du sex-ratio, il se fera automatiquement au moment des naissances, car l’apport d’un nombre égal de faons mâles et femelles se traduit par des pourcentages différents dans la population mâle et femelle. Exemple 1 : « Une population avant naissances compte 1000 cerfs et 2000 biches. Le sex-ratio est donc de 1/2. Cette population devrait produire 1 300 faons (650 femelles et 650 mâles). Or, les 650 faons mâles représentent 39,39 % des mâles, et les 650 faons femelles représentent 24,53 % des femelles. Aussi, le sex-ratio est passé de 1 000 mâles / 2 000 femelles soit 1/2 avant naissances, à 1 650 mâles / 2650 femelles soit 1 / 1,606 après naissances. Ce sex-ratio ne sera que très peu modifié par le jeu du différentiel de mortalités entre cerfs, biches et faons. Un nouveau rééquilibrage aura lieu au printemps sui- vant. Seul, un prélèvement à la proportionnelle ne changera en rien ce mécanisme de rééquilibrage. » Dans les pratiques actuelles, on note une certaine part d’anarchie dans les prélèvements. Des bracelets faon sont fermés sur des biches ou inversement. Et, plus rarement, des bracelets cerf sont fermés sur des biches. Ce qui est totalement illogique, mais souvent pratiqué, toléré, parfois recommandé. Et puis l’on a parfois tendance à donner des bracelets faon en guise de lot de consolation ou pour calmer tel responsable
de territoire insatisfait. Ou le principe du bracelet “indéterminé”, habitude qui limite sérieusement l’aspect qualitatif du plan de chasse. De plus n’oublions pas les bracelets fermés sans que les animaux soient prélevés (surtout les biches) pour respecter en “déclaratif”, le minimum imposé. La méthode proportionnelle pourrait rétablir la situation au fil des saisons. Explications en deux étapes par J. Alvarado et J.-C. Serre. « Rappelons que le ratio faon/biche est de l’ordre de 0,62 au début de l’automne. Aussi, il convient d’at- tribuer systématiquement 0,62 faon pour 1 biche attribuée. Et de veiller à conserver ce ratio dans la réalisation. Pour cela, la lecture annuelle des mâchoires de l’ensemble des grands cervidés est incontournable. Elle seule permet de connaître avec exactitude les quantités exactes de cerfs, biches et de faons effectivement prélevés. En partant de la réalité des prélèvements (constatés par collecte systématique et lecture des mâchoires), on peut reconstituer, en proportion, la composition de la population chassée. » Exemple 2 : Observons un cas concret et tironsen des enseignements. « En 2012-2013, sur l’ensemble du Loiret, on a prélevé (déclaration à la Fdc 45) : 665 cerfs, 952 biches, 865 faons = 2482 animaux. 26,79 %, 38,36 %, 34,85 % = 100 %. Or pour équilibrer “à la proportionnelle” les 865 faons, il eut fallu prélever 865 / 0,62 = 1 395 biches. On aurait donc épargné : 1 395 - 952 = 443 biches, auxquelles il y aurait lieu d’ajouter les biches déclarées mais non réalisées (de l’ordre de 10 % minimum) d’après les confidences de nombreux gestionnaires. Soit 952 x 10 % = 95 biches. Au total, on a donc épargné : 443 + 95 = 538 / 1 395, soit environ 38,5 % de ce qu’aurait dû être un prélèvement équilibré. Après correction des biches à partir des faons, la composition de la population chassée était proche de : 665 cerfs, 1 395 biches, 865 faons = 2925 animaux 22,74 %, 47,69 %, 29,57 % = 100 % On obtient un sex-ratio des animaux de plus d’un an (très peu diffèrent du sex-ratio avant naissances) de 1/2,097. Le sex-ratio de la population (estimé) est de : 665 cerfs + 428 faons mâles / 1 395 biches + 437 faons femelles = 1/1,676. La large épargne de biches maintenant un sex-ratio avant naissances très déséquilibré, les sex-ratio ci-dessus 1/2,097 avant naissances, et
1 / 1,676 en automne pourront servir de base de calcul pour la préparation d’un plan de chasse “à la proportionnelle” l’année suivante. » Cette méthode du plan de chasse proportionnel qui repose sur le respect du sex-ratio et du ratio faon/biche est « arithmétiquement irrécusable» selon ses auteurs, le chasseur se bornant à respecter les fondamentaux d’une règle naturelle. La méthode des trois tiers qui répartit les prélèvements de façon égale entre cerfs, biches et faons, pénalise obligatoirement les catégories d’animaux dont le nombre est le plus faible, et de plus, dégrade le sex-ratio (voir tableaux p. 100). Établissons un parallèle fiscal pour bien comprendre la logique proposée. Si vous ponctionnez la même somme aux catégories des contribuables modestes, moyennement aisés et riches, il est évident que cela pénalise les deux premières catégories. Par opposition, ponctionner « proportionnellement » aux revenus, est arithmétiquement plus équitable, « équilibré ». Il en va de même pour l’espèce cerf. « Dans un cas extrême, on peut même être amené à quantifier des tiers si importants qu’ils dépassent le nombre réel d’animaux ! », glissent nos deux chasseurs. La méthode du plan de chasse proportionnel telle que la proposent Jean Alvarado et Jean-Claude Serre permettrait de coller au plus près de la réalité, et au plus vite. Ce que n’autorisera évidemment pas le nouveau concept du plan de chasse triennal apparu dans certaines Fdc. Un plan de chasse triennal qui semble avoir comme principale vertu d’espacer les réunions administratives. Et comme principal vice de laisser du temps – trois ans – à la population de cerfs pour échapper à tout contrôle. Cela constitue un autre débat. Parce qu’ils sont chasseurs-naturalistes, ne prétendant pas s’affirmer chercheurs, deux hommes se sont penchés sur la conservation de leur gibier de prédilection, le cerf. Depuis une dizaine d’années, ils étu- dient, calculent, réfléchissent, comparent, discutent, bref ils élaborent une méthode. N’y voyons pas là gestion à la calculette ou usine à gaz comme le diront un peu trop vite des esprits obtus ou paresseux. Décelons là l’envie de mieux gérer « un formidable patrimoine commun ». Au point où nous en sommes, le monde de la chasse doit envisager de façon pragmatique que la gestion du cerf est perfectible... Nous ne saurons affirmer si cette méthode est pertinente ou non, si elle est utile tout ou partie, améliorable, en revanche il serait dommage d’ignorer la brisée. Il serait sain que des spécialistes de Cervus elaphus mettent cette idée en pratique sur le terrain afin d’en étudier bienfaits et carences. Il en va du sens de la responsabilité, ainsi que de l’ouverture d’esprit. Le cerf en vaut la chandelle.
Tester n’est pas approuver, mais c’est chercher.