En Tunisie et partout ailleurs
Cela faisait un certain temps que nous comptions évoquer les vertus de la chasse à l’étranger. L’idée d’un tel éditorial fut renforcée à la suite d’un séjour en Tunisie [lire page 164]. Le déplacement fut organisé entre les deux tours des élections présidentielles, en décembre 2014. Tout se passa à merveille. Et puis, il y eut les 7, 8 et 9 janvier 2015 à Paris, Montrouge et Dammartin-en-Goële. Et puis, la jeune et exemplaire démocratie maghrébine fut meurtrie : 18 mars, attentat au musée du Bardo à Tunis ; 26 juin, attentat à El-Kantaoui près de Sousse. Le même jour, attentat dans une mosquée sunnite de Koweit City, et assassinat à Saint-Quentin-Falavier en Isère. Cette litanie n’est pas gratuite, elle nous permet de réaliser que les risques existent ici et là, que chaque nation peut dorénavant être frappée par le fanatisme islamiste. Hier, un autre obscurantisme avait tiré un rideau de fer à travers l’Europe, selon l’expression imaginée par Churchill dès 1946. Mais il y avait la chasse. Et dès que l’orthodoxie des régimes communistes d’Europe de l’Est vacilla, les frontières s’ouvrirent au tourisme cynégétique. De la même façon, Cuba autorisa la chasse du gibier d’eau bien avant qu’Obama et que le cadet des Castro fument le cigare de la paix. Un temps, le régime des ayatollahs fit des gestes en direction de l’Occident, autorisant l’accueil des chasseurs étrangers. Ainsi, en 1999, lors d’un séjour de prospection de chasse à la bécasse et au gibier d’eau, nous découvrions la grande tradition cynégétique iranienne. En fait, sous un aspect anodin, inoffensif, la chasse a toujours permis d’aller là où le tourisme de masse ne se rend pas. Le chasseur est celui qui va où l’autre ne va pas. À l’intérieur des terres, dans les marais, en brousse, dans les montagnes. Au coeur du pays. La chasse est un fabuleux sésame pour voyager dans l’espace. Pressé d’arriver puis de repartir, le chasseur globe trotteur moderne a tendance à oublier ce privilège. Sur le terrain, malgré la barrière de la langue et les différences culturelles, le chasseur est amené à échanger avec le guide, le pisteur, le personnel du camp, le cuisinier, le chauffeur, etc. Deux mondes se découvrent, communiquent, s’apprécient, un court laps de temps certes. Dans les montagnes de l’Altaï, le jeune Kazakh répond en riant « Zinedine Zidane » lorsqu’on lui annonce que l’on est français. En Serbie, le guide francophone et érudit pardonne l’emploi de missiles français lors du bombardement de Belgrade en 1999, en souvenir du combat du maréchal Franchet d’Espèrey contre l’ennemi germano-bulgare. Salonique,1918. À Hammamet, croisé dans le hall de l’hôtel Méhari, un Tunisien quinquagénaire évoque son séjour dans le nord de la France, et nous souhaite la bienvenue. C’est simple mais c’est essentiel. Mais encore. Par les taxes, les salaires, les pourboires et les dons, le chasseur apporte quelques richesses là où les retombées du tourisme classique n’existent pas. Parfois, les dons peuvent concerner des dispensaires, des écoles, des villages entiers. Oui, la chasse à l’étranger peut tisser des passerelles vertueuses entre les hommes, et lutter à son niveau contre l’obscurantisme.
Plus léger. Le 1er juillet dernier, le préfet du Loir-et-Cher interdit toute forme de chasse et le ball-trap jusqu’au 20 juillet, au nom du risque d’incendie… 1er juillet ou 1er avril ? Pour signer cet arrêté, le représentant de l’État n’a consulté ni l’Oncfs, ni la Ddt, ni la Fdc. En interdisant la chasse, en temps de paix, M. Yves Le Breton a très probablement réalisé une première historique. Le 7 juillet, face aux remontées du terrain, le même préfet signe un nouvel arrêté interdisant « les actes de chasse et de destruction à l’aide d’armes à feu sauf interventions menées par les services publics ou les lieutenants de louveterie […] ». Quant au ball-trap et aux examens du permis de chasser, ils sont réautorisés. Même avec des armes à feu. Logique non ? M. le préfet du Loir-et-Cher apprendra que l’expression arme à feu trouve son origine en 1346. C’est en effet lors de la bataille de Crécy que cet engin apparut officiellement. Pour qu’il fonctionne, il fallait mettre le feu aux poudres. Nos armes n’en sont plus là en 2015. Il est regrettable de se priver des chasseurs employant une arme à feu lors d’approche et d’affût, ce serait autant de vigies utiles à la lutte contre les incendies dans le Loir-et-Cher. Bonne lecture à toutes et à tous.