Le fruit de la passion
son bec et tirait dessus jusqu’à le séparer de sa queue. Restait alors à avaler. Mais l’opération n’était pas des plus simples. Le colombidé le faisait tourner adroitement dans tous les sens de façon à trouver l’angle le plus propice à son passage. Les mandibules donnaient alors l’impression de se désarticuler totalement et provoquaient des grimaces assez cocasses. Si l’opération se révélait impossible, le pigeon laissait tomber la cerise et en décrochait une autre. Autre fait étonnant, quand le fruit était gobé, je pouvais suivre, à travers le plumage de la gorge, son parcours dans l’oesophage puis dans le jabot. Durant cette session, le ramier a ingurgité cinq drupes. Entre chacune, il a fait une pause d’environ une minute, comme pour récupérer de l’effort fourni. » Nous pourrons ajouter que le régime alimentaire du pigeon ramier est très éclectique. Les végétaux verts et semis ont sa faveur en fin d’hiver et au printemps, les graines prennent le relais en été, tandis que les faines, glands et baies forment la majorité des menus en automne. Quelques invertébrés s’ajoutent à la table lors de l’élevage des jeunes. Les cerises restent une parenthèse dans l’alimentation de l’oiseau bleu. Philippe Aillery, avec Christophe Morio