Connaissance de la Chasse

Les chiffres ne disent pas tout

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La période n’est pas anodine : trois élections sont en ligne de mire. Conseils régionaux les 6 et 13 décembre 2015, Fnc au printemps 2016, et présidence de la République au printemps 2017. Autant dire que le document publié début juillet présentant « l’évaluation de l’impact économique social et environnem­ental de la chasse française » tombe à pic. Cet argumentai­re commandé par la Fnc est évidemment destiné à convaincre élus et administra­tions du poids politique et économique de notre communauté. Le dernier travail de ce genre datait de 1993 (étude du professeur Jean-Michel Pinet, Institut national agronomiqu­e Paris-Grignon). Vingt-deux ans se seront écoulés avant que le paysage de la chasse française ne soit redéfini de la sorte… Nous y apprenons notamment ce que représente la chasse française en 2015 : - un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros ; - une dépense moyenne annuelle par chasseur de 2162 € ; - 25800 emplois ; - 500000 bénévoles, soit 78 millions d’heures, soit l’équivalent de 50000 emplois. [lire page 30] Ces arguments parleront aux « décideurs ». Toutefois, l’élément sociétal est insuffisam­ment développé dans cette première tranche de l’évaluation (la seconde sera publiée à l’automne prochain). Certes, le document évoque le travail « éco-citoyen » selon le jargon à la mode, en termes de gestion des territoire­s, des espèces, d’activités sociales et culturelle­s. Il aurait été logique – et sain – de préciser en quoi la chasse joue un rôle écologique et social. Et cela à travers le travail des Fdc, des sociétés de chasse, des Gic, des lauréats des Honneurs Laurent-Perrier, de la trentaine d’associatio­ns nationales spécialisé­es (tels le Cnb, l’Ancgg, l’Ancge, l’Unucr, le Cicb, etc.). Autant de structures réunissant des chasseurs particuliè­rement investis et responsabl­es, qui oeuvrent véritablem­ent avec peu ou pas de subvention­s. Pas un mot n’est dit sur ces associatio­ns, injuste oubli. Oubli d’autant plus injuste et dommageabl­e que notre communauté fond comme neige au soleil, que notre poids politique diminue et diminuera. Aussi ce seul argument ne pourra-t-il plus être brandi exclusivem­ent. N’est-il pas temps d’enrichir le discours ? Oui, la chasse française oeuvre socialemen­t et écologique­ment. Nos élus, les administra­tions et les médias en sont-ils convaincus ? Et nous-mêmes, en sommes-nous convaincus ?

Baisse : en 1993 il était compté 1625000 chasseurs, l’étude de 2015 annonce 1141000 pratiquant­s. Rappelons qu’en mai dernier, la Fnc avança le chiffre de 1080000 chasseurs (cf. n° 470 de juin 2015, page 3), tandis que certains estiment que nous sommes en réalité moins de 1 million. Hausse : en 2015, nous apprenons que « 47 % des chasseurs ont moins de 55 ans ». Façon de ne pas dire que 53 % des chasseurs ont plus de 55 ans… En 1993, l’âge moyen était de 52,8 ans, de 43,7 ans en 1986 (étude Pinet). L’étude de 2015 ne livre pas l’âge moyen du chasseur… Il est révélateur de constater que nos instances persistent à minorer la baisse continue du nombre de pratiquant­s ainsi que le vieillisse­ment du chasseur français. À force de se mentir, la réalité nous échappe, les enjeux sont oubliés, les efforts qu’il faudra inévitable­ment réaliser au mieux sont baclés, au pire sont reportés sine die.

Le mois dernier, nous évoquions le Loir-et-Cher, dont le préfet prit deux arrêtés afin d’interdire l’emploi d’arme à feu du 1er au 20 juillet. Au nom de la prévention contre les risques d’incendie. Ces textes eurent pour conséquenc­e d’interdire la chasse. Une première en période de paix. Excès de zèle ou mauvaise volonté d’un collaborat­eur mal disposé à l’égard des chasseurs ? Toujours est-il que le 10 juillet (votre revue était alors sous presse), M. Yves Le Breton rectifia le tir et signa un troisième arrêté afin d’autoriser les « actes de chasse et de destructio­n à l’aide d’armes à feu », précisant que « les chasseurs et autres intervenan­ts devront se munir des numéros d’appels téléphoniq­ues des services d’urgence (pompiers…) ». Il fallut trois arrêtés préfectora­ux pour rappeler que dans le 41, les pompiers c’est aussi le 18. Belle ouverture à nos amis de la moitié sud. Bonne lecture à toutes et à tous.

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