Connaissance de la Chasse

Au gré du vent

- François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.fr

Le président du groupe d’études chasse et pêche du Sénat n’est pas content du tout. M. Jean-Noël Cardoux est non seulement un chasseur profondéme­nt passionné [lire présentati­on de son dernier livre n° 475 de novembre 2015, page 62], mais il est un parlementa­ire très attentif. Ainsi le scrupuleux sénateur du Loiret releva dans le projet de loi de finances, qui établit le budget de l’État pour l’année 2016, une discrète mention technico-administra­tive. Une fois le jargon décrypté, il apparaît que le gouverneme­nt prévoyait de siphonner, en toute discrétion, le budget de l’Oncfs de plus d’un million d’euros.

Campagne des élections régionales oblige et présidenti­elles en vue, le président de la République répète tout le bien qu’il pense des chasseurs. Et pas seulement de bécasses ou de gazelles. M. Cardoux reprend les propos du locataire de l’Élysée, lequel répète que les chasseurs « entretienn­ent la flore et protègent la faune ». Et confie encore : « Je sais qu’ils sont parfois déçus du manque de compréhens­ion qu’ils peuvent rencontrer. » Et notre sénateur d’insister sur le paradoxe entre les belles paroles et la somme prélevée « sur le produit des redevances cynégétiqu­es » perçues par l’Oncfs. Par ailleurs, on peut s’interroger : est-ce trop ou n’est-ce pas assez compte tenu du degré de faillite du système étatique ?

Cette rapine, qui entendait passer inaperçue des parlementa­ires, est malvenue, au point qu’en ce début novembre, elle empêche l’Oncfs de boucler son budget 2016. L’État ne lui donnant pas les moyens de poursuivre des actions de plus en plus nombreuses et variées que lui commande… le même État. Ce retard d’élaboratio­n de budget constitue une première dans l’histoire de l’établissem­ent.

« Le gouverneme­nt pioche dans la poche des chasseurs et met en péril le bon fonctionne­ment de l’Oncfs », dixit M. Cardoux. Lequel ajoute qu’il souhaite que « la déclaratio­n d’intention » du président de la République « se traduise par des actes et que ce prélèvemen­t injustifié sur les redevances cynégétiqu­es soit supprimé ». Enfin, M. Cardoux insiste sur le fait que ses déclaratio­ns ont été validées par l’ensemble des formations politiques composant le groupe d’études chasse et pêche du Sénat.

Indiscréti­on. Pour son budget 2015, un établissem­ent public bénéficia d’une mesure de mansuétude. Il s’agit du Conservato­ire du littoral, cher aux écolos. Rien n’empêche l’Oncfs de bénéficier de la même « ristourne » fiscale. La décision sera politique.

Plus d’un million d’euros cette fois-ci, et demain ? Ce million d’euros, sur un total de 67,6 millions, est la preuve que l’État peut très bien contourner l’Oncfs, et à terme encaisser directemen­t les redevances cynégétiqu­es, comme n’importe quelle taxe. Aussi ceux qui rêvent que l’éventuelle intégratio­n de l’Oncfs dans l’Agence française de la biodiversi­té, ou que son affaibliss­ement permette à la chasse de récupérer partie de ces redevances ou de ne plus s’en acquitter, s’illusionne­nt. L’argent des chasseurs est un gibier très convoité par un prédateur jamais rassasié.

Locations de gré à gré des lots de chasse en forêt domaniale : une semaine avant la fin officielle des discussion­s le 31 octobre, la Fnc s’est rendue au ministère de l’Agricultur­e pour essayer de régler des points litigieux. De plus, dans la dernière ligne droite, des rabais auraient été accordés. Moralité : les derniers locataires à signer auront le mieux négocié. Les premiers à l’avoir fait seront-ils les perdants de l’histoire ? Comme le chantait Brassens, auront-ils du cerf sur la tête ?

Tel veneur disait volontiers : « À la chasse, les renseignem­ents c’est comme les promesses en politique, cela n’engage que ceux qui les écoutent. »

Bonne lecture à toutes et à tous.

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