Aux oies en catimini
Faut-il s’en réjouir ? Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a autorisé la chasse aux oies (particulièrement oies cendrées) jusqu’au 10 février 2016. Alors que ces espèces seraient en phase de développement, et que nos voisins hollandais les massacrent légalement à coups de gaz et de gourdin (effarante réalité), il serait logique de pouvoir capturer ces oiseaux « proprement », c’est-à-dire de les chasser. Il y a un mais… La loi française dit autre chose. L’arrêté du 19 janvier 2009 mentionne que la fermeture de la chasse des oies est fixée au 31 janvier. L’an passé, Madame Royal avait déjà repoussé la fermeture de la chasse des oies au 8 février 2015, faisant fi de la loi. La ministre demandait même par écrit au directeur général de l’Oncfs que celui-ci donne l’ordre à ses gardes de ne verbaliser les chasseurs qu’à partir du 9 février. À l’époque, nous nous étions déjà émus de cette situation : un ministre de la République encourageait des citoyens à se mettre hors-la-loi. En 2016, à un an d’une échéance électorale majeure, Madame Royal récidive.
Le droit français est désormais soumis au droit européen. Ce dernier, depuis la directive européenne Oiseaux de 1979, dicte aux États la politique de gestion de l’avifaune, dont les oies. Des rapports scientifiques estimèrent que du fait de leur cycle de vie et de l’état des populations, les oies ne pourraient pas être chassées après le 31 janvier. Au mieux, car certains estiment que la fermeture devrait avoir lieu le 31 décembre. De deux choses l’une : ou bien les oies sont chassables après le 31 janvier, ou bien elles ne le sont pas. Au lieu de pousser les chasseurs à s’affranchir de la loi, ce qui nuit forcément à notre image auprès du grand public, le gouvernement ferait mieux de se battre à Bruxelles afin de modifier la directive Oiseaux s’il juge que le dossier le mérite. Question de logique. Et même de morale.
Nous l’avons échappé belle. Nicolas Hulot, « envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète » (sic), a refusé jeudi 4 février le poste de super ministre de l’Écologie que lui proposait François Hollande. Nous l’avons échappé belle car M. Hulot et la fondation qui porte son nom – en toute simplicité – ne cessent depuis un certain temps de développer un discours ouvertement antichasse, multipliant les pétitions et communiqués de presse contre notre activité. Dans le n° 318 d’octobre 2002 de Connaissance de la Chasse, nous avions interrogé Nicolas Hulot. Ce dernier avait été relativement sobre, concluant tout de même qu’il était heureux à chaque fois qu’il convainquait un enfant de ne pas chasser. Au cours du même contact téléphonique, le présentateur vedette avait encore fait des allusions détestables sur les chasseurs de sa région. Or, à l’époque M. Hulot vivait en Corsedu-Sud, où il devait probablement se rendre en train, moyen de transport des plus écologiques, et non en hélicoptère. Le président de la Fdc de Corse-du-Sud, M. Paul Ettori, nous demanda un droit de réponse, que nous lui accordions volontiers (lire n° 320 de décembre 2002). À la suite de la mise au point de M. Ettori, M. Hulot entretint sur l’île de Beauté une campagne de presse diffamatoire. Évoquant à notre sujet les « semeurs de trépas ». Le vernis avait craqué.
Nous rappellerons encore que ce triste sire conseilla à son ami Jacques Chirac de supprimer les chasses présidentielles. Ce que s’empressa de faire le président de la République en 1995.
Le 4 février, M. Hulot a écrit – en parlant de lui à la troisième personne – sur Twitter : « Nicolas Hulot n’entrera pas au gouvernement. Il remercie le Président de la confiance qu’il n’a cessé de lui accorder. » Pensez-vous que M. Hulot, super ministre de l’Écologie, aurait favorisé la chasse des oies en février ?
Au journal Le Monde, Benoît Violier déclarait : « Les animaux chassés par des hommes et des femmes qui les respectent méritent, dans ce qu’on peut appeler leur deuxième vie, d’être encore et toujours respectés par des cuisiniers qui voient en eux un cadeau que la terre leur a fait. Ces plats sont alors comme un salut aux animaux eux-mêmes, à la tradition millénaire de la cuisine de la chasse, au plaisir de rejoindre à table les cuisiniers qui, depuis toujours, honorent perdrix et sarcelles, lièvres et chevreuils, grives et palombes. Comme jadis. Comme demain. Comme maintenant. » Le génial chef franco-suisse va nous manquer considérablement. [lire page 18]
Bonne lecture à toutes et à tous.