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Que faisiez-vous il y a 40 ans ? En mai 1976. Les « évènements » de mai 1968 ont chamboulé la société. Le général de Gaulle est décédé il y a 6 ans déjà, Georges Pompidou il y a 2 ans. Valéry Giscard d’Estaing lui a succédé.
En 1976, 2219051 Français sur 52,8 millions s’acquittent d’un « permis de chasse ». Simple document administratif délivré contre paiement d’une taxe et valable un an. Ce record historique s’explique : le plus grand nombre prend une dernière fois un permis de chasse, car va être instauré un « examen du permis de chasser ». L’ultime délivrance d’un permis de chasse permet au détenteur d’échapper à l’examen. Au fil des saisons, le premier permis se fera plus citadin, plus âgé, parfois dépourvu de culture cynégétique et naturaliste.
Essentielle est une autre évolution. Le déclin accéléré du petit gibier sédentaire et de certains migrateurs. Le commencement du règne du grand gibier. En cause, l’évolution des milieux. À coups de remembrement et d’assèchement, de méthodes agricoles chimiques et mécaniques, la plaine devient hostile à l’insecte comme au perdreau, le marais dépérit. Cette évolution radicale est déterminée par le développement d’une société française toujours plus nombreuse et plus consommatrice.
En 40 ans, le chasseur perdra la plaine mais gagnera la forêt. Suite à l’exode rural, à la disparition de la petite paysannerie, des plaines se ferment, les forêts croissent. Si le grand parcellaire de céréales travaillé de façon industrielle est destructeur de petit gibier, a contrario, il s’avère accueillant pour le grand gibier. Lequel voit ses populations se multiplier en plaine comme en montagne. Le temps de la cueillette est révolu. Aux lâchers de réintroduction réalisés depuis la Libération par les chasseurs à tir, les veneurs et les forestiers d’État, vont s’additionner des mesures de gestion concernant non seulement la quantité mais aussi la qualité des populations de grande faune. Ainsi naissent le plan de chasse puis le plan de chasse qualitatif.
Autre évolution spectaculaire, celle de la technologie. Les progrès de l’optique, du textile, de l’informatique, de la géolocalisation, des télécommunications, de la miniaturisation, etc., développent de façon inouïe l’équipement du chasseur. Parallèlement, la prise de conscience écologique est symbolisée, dès 1971, par la création du ministère de la Protection de la nature et de l’environnement voulu par un président chasseur, Pompidou, encouragé par François Sommer. L’année suivante, les mêmes créent l’Office national de la chasse. Le chasseur naturaliste est à la manoeuvre. L’est-il autant aujourd’hui ?
C’est dans ce contexte que Jean A. Capiod conçoit le n°1 de Connaissance de la Chasse. Le premier éditorial conclut que « la nature dans sa totalité obéit à des lois, à des règles, à des principes très stricts. Sans elle, il n’y aurait ni arme, ni munition, ni chien de chasse… ni chasseur. À nous, à chaque lecteur de Connaissance de la Chasse que vous êtes, d’en être conscient et de se conformer à ces lois. Sous peine de ne plus être. » Nous relevons parmi les signatures du n° 1 de mai 1976 celles de Pierre Moinot et de Paul Vialar. Parrains de talent.
À 481 reprises vous avez eu rendez-vous avec votre revue préférée. Vous avez lu 50000 pages, au cours desquelles vous avez levé la bécassine ou pisté l’éléphant, parcouru la Corse, le Bocage, les Pyrénées ou la steppe du Kazakhstan. À chaque publication, nous avons eu pour simple ambition de vous informer et de vous faire rêver. Depuis 40 ans, Connaissance de la Chasse existe car vous le souhaitez. Nous vous remercions très chaleureusement de votre fidélité, gage de confiance et d’encouragement. Chaque mois, Connaissance de la Chasse continuera de partager les plus belles émotions de la chasse et de la nature, avec vous et pour vous. Joyeux anniversaire ! Bonne lecture à toutes et à tous.
Avec, par ordre alphabétique : Philippe Aillery, Laurent Bedu, Olivier Buttin, Thibaut Macé, Jean-Christophe Taillefer, mais aussi Joseph Aché, Guy Bonnet, Michael Breuer, Olivier Bûcheron, Dominique Czermann, Xavier Gasselin, Alain Gheerbrant, Daniel Henriot, Hubert Lebaudy, André Le Gall, Xavier Legendre, Stéphan Levoye, François Magnien, Benoît du Peloux, Francis Poirier, Gérald Soligny… (texte, photo et illustration), Hugues Chantepie (rédacteur graphiste), Sébastien Foy (relecture), Laurent Hindryckx (infographie), Bruno Berbessou (studio photo), Nathalie Morales, Daniel Lesven, Béatrice Ladurelle (scann), les équipes publicitaires, administratives, comptables et de fabrication.