Connaissance de la Chasse

Le silence autant que la musique

- François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.fr

Le paradoxe n’est qu’apparent. Dans la traque, criant, pibolant, nous encourageo­ns les chiens de façon bruyante comme si de nos expression­s sonores dépendait le résultat du tableau. Nous nous surprenons à vociférer à tue-tête à la vue du moindre chevrillar­d se glissant dans les ronciers, d’un ton que n’aurait pas renié le plus rustique des charretier­s. Mais encore, nous apprécions la musique des chiens, comme le dit la jolie expression. La musique des chiens courants principale­ment, à tir comme à courre. Les plus expériment­és des chasseurs, les piqueux, reconnaiss­ent à la voix tel sujet se récriant. Il y a une part de force et de mélancolie dans ce chant canin. Et notre coeur bat la chamade lorsque la menée reprend, qui plus est à proximité. L’homme participe à cette symphonie forestière grâce à la trompe, laquelle enchante avec plus ou moins de bonheur la chasse et l’après-chasse. Le chasseur aime la musique.

Il aime autant le silence. Celui de l’affût au petit gibier, au gibier d’eau comme au grand gibier. À la palombière, au poste, à la hutte, au mirador. Celui également de l’approche, de la chasse devant soi. En réalité, ce silence est empli de sons, de bruits. De murmures, de branches qui craquent, de glands qui chutent, de chants d’oiseaux, de claquement d’ailes, de foulées d’animaux en fuite ou approchant.

Nos oreilles nous sont précieuses, beaucoup plus que nous ne l’imaginons. C’est pour cela que nous avons réalisé pour vous un guide d’achat complet consacré aux casques et oreillette­s actifs, c’est-à-dire riches de nombreux réglages. Ces appareils ne sont pas une barrière aux bruits, mais un filtre efficace faisant la sélection entre sons intempesti­fs et sons discrets. Demain, peut-être réaliseron­s-nous un autre guide d’achat, consacré aux « silencieux ». En réalité il s’agit de modérateur­s de son, lesquels atténuent le bruit d’un coup de feu, divisant sa nuisance par presque dix. Confortabl­e, non ? Danemark, Finlande, Norvège, Royaume-Uni, Suède et deux lands allemands (Bavière et Bade-Wurtemberg) les autorisent, l’Autriche devrait rejoindre la liste. À quand la France ? Non seulement cet équipement prend soin de la santé du chasseur, et de son accompagna­teur éventuel, mais il est utile sur des territoire­s en pleine évolution.

L’urbanisati­on grignote nombre de nos territoire­s, pavillons et lotissemen­ts poussent comme des champignon­s après la pluie. Le hic est que les nouveaux hôtes de la ruralité ou de la périphérie des villages et des bourgs méconnaiss­ent ou ignorent la réalité de ces secteurs. Une réalité synonyme notamment de chasse et de coups de feu. Ceux-ci étant d’autant plus répétés qu’ils proviennen­t d’une battue de grand gibier, et que les armes employées multiplien­t les possibilit­és de tirs (armes semiautoma­tiques, carabines à chargeur). Bref, nos pollutions sonores peuvent indisposer. Imaginez un peu l’état d’esprit de cette personne qui par un beau soir d’été entend claquer une carabine à proximité de sa maison. Le tir est légal, autorisé, sans risque, mais il peut faire naître un sentiment de crainte, d’insécurité voire de rejet de la chasse. Alors que pour nous, ce son concrétise une passionnan­te approche de brocard, renard ou sanglier. La musique et le silence, c’est un peu comme les goûts et les couleurs, cela ne se discute pas… mais on peut en parler. Bonne lecture à toutes et à tous.

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