Le plus prédateur des deux

Photographe animalier talentueux installé en Suisse, Laurent Geslin n’en est pas moins breton et aime à revenir au pays pour voir sa famille et se ressourcer. Ainsi, voici quelque temps, lors de l’une de ces visites, il n’a pas résisté au plaisir d’un affût dans le champ où il avait fait ses classes, vingt ans plus tôt, en photo animalière. Il nous raconte : « Je m’étais posté en lisière pour tenter d’immortaliser un éventuel lièvre quand subitement, derrière moi, une corneille noire s’est mise à crier à tue-tête. Je me suis alors retourné et j’ai vu un renard qui trottait vers moi et l’oiseau passablement énervé qui multipliait les piqués vers le goupil. J’ai finalement réussi à réaliser cette image. De toute évidence, le corvidé avait son nid dans les parages et défendait âprement son périmètre. De sa position haute, l’oiseau m’a vu avant le carnivore et a décidé de s’écarter en poursuivant ses croassements. De son côté, le renard a poursuivi son chemin dans ma direction et a bien failli me passer devant le nez. Mais, arrivé à quelques mètres, il a stoppé brutalement et a tout aussi vite plongé dans la haie pour s’effacer à tout jamais de ma vue. » Bien moins fier que dans la fable de Jean de La Fontaine, ce renard n’en mène pas large devant le courroux de la corneille survoltée. Et sans doute a-t-il raison de faire profil bas car cette espèce de grand corvidé ne recule devant rien et est, de surcroît, dotée d’une force surprenante. Il est par ailleurs avéré que son agressivité est décuplée en période de nidification. Aussi prédatrice que le goupil, la corneille noire compte, entre autre, dans son régime alimentaire des oeufs, des oisillons et des petits mammifères. D’où la nécessité de réguler cet oiseau en période printanière et estivale. Laurent Geslin, avec Philippe Aillery de la Chasse