Connaissance de la Chasse

Les Bonnes Moeurs

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Ce livre a quelque chose de l’ovni. Il peut séduire comme déplaire profondéme­nt. Nous allons plonger dans le cru, le glauque. Le vrai, le vivant. Aucune nuance de la gamme des sentiments ne nous sera épargnée. Point de retenue, point d’hypocrisie, le jeune héros est-il trop faible ou très courageux ? Toujours est-il qu’il nous entraîne aisément dans ses propres abysses, une descente aux enfers enivrante à coups de sexe, de fric, de cynisme, d’une mélancolie suicidaire. L’enfant terrible va-t-il se muer en petit-fils prodigue ? Écartelé entre deux mondes, comme ivre, ayant abandonné l’idée d’être maître de sa destinée, malgré lui Tristan se laisse aimanter par le Valbrun, propriété familiale du Loir-et-Cher. Là, règne « bon-papa », le dernier des – véritables – comtes de Barmonne, et chasseur des plus fins. Peut-être le véritable héros de ce roman. Grâce à ce dernier, nous pénétrons enfin dans le réel, le véritablem­ent tragique. La campagne, qui n’en finit plus de sombrer dans une sorte de néant sociétal, offre la rencontre d’un cavalier anglais génialemen­t fou (comme nombre d’Anglais peut-être), de hobereaux préhistori­ques (superbes peintures de chasseurs), de cousins crétins, etc. La nature et la chasse permettron­t-elles la rédemption du jeune homme perdu ? Ce serait trop simple. Des passages de fulgurance nous incitent à dépasser les plongées dans les eaux saumâtres dans lesquelles se complaît Tristan le narrateur. Heureuseme­nt bonpapa veille : « L’ironie noire dévore les mélancoliq­ues, l’ironie joyeuse nourrit les humanistes. Choisis la guerre ou la farce, mais pas le cynisme. Si tu te complais dans le cynisme, il te dévorera. » Un roman qui dit bien des choses. 394 pages, 19,90€, éditions Intervalle­s, en librairie

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