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Chasse, pêche, champignons et… élections. Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. Régulièrement, notamment en période d’élections qui plus est présidentielles, les promesses fleurissent. Le beau printemps que voilà. Les chasseurs, entre autres, sont alors l’objet de mots doux et de mille attentions. Le quinquennat détient au moins une qualité, celle de faire revenir plus rapidement le temps des songes et des douceurs. En cette période bénie, une Arlésienne s’invite au débat : et si l’on déplaçait la chasse ? Et si la chasse n’était plus placée sous la tutelle du ministère de l’Environnement, mais sous celle du ministère de l’Agriculture ? Après tout, les chasseurs pratiquent sur les territoires agricoles et forestiers. Et puis l’économie de la chasse est liée à celle des territoires ruraux. Il serait plus facile de développer la filière chasse grâce à un tel partenariat. Certes, le ministère de l’Environnement livre trop de pouvoir à des militants de la cause écolo volontiers antichasse. Le scandale de l’Agence française pour la biodiversité en est la preuve éclatante et navrante [lire page 38]. Malgré tout, la chasse n’est-elle pas liée consubstantiellement à l’environnement, à la nature ? « La chasse c’est naturel » disait un slogan de l’Union nationale des fédérations départementales des chasseurs dans les années quatre-vingt-dix. Le message doit-il changer ?
La chasse placée sous la tutelle du monde agricole et forestier, que vaudrait l’agrément reçu par la Fédération nationale des chasseurs au titre d’association de protection de l’environnement ? (arrêté du 3 mars 2011)
La même Fnc serait-elle toujours officiellement « désignée pour prendre part au débat sur l’environnement se déroulant dans le cadre des instances consultatives nationales ayant vocation à examiner les politiques d’environnement et de développement durable » ? (arrêté du 16 décembre 2013) Les chasseurs pourraient-ils toujours intervenir dans le milieu scolaire afin de former les plus jeunes à la découverte de l’environnement ? L’Oncfs devrait-il être abandonné à la solitude au sein du ministère de l’Environnement ?
Les mondes agricoles et forestiers, leur ministère, relèvent d’une affaire économique. Évidemment, le volet environnemental est de plus en plus présent dans ces activités. Il n’empêche, l’agriculteur et le sylviculteur veulent et doivent vivre de leur métier. Chose logique, mais non évidente tant la mondialisation les malmène, les appauvrit, pousse un grand nombre d’exploitants au suicide. Dans ce cadre, que vaut la chasse ? Que pèse la chasse ? Rien. Le rapport de force serait ridiculement déséquilibré, à nos dépens. L’état du petit gibier de plaine en est la preuve criante. Croyez-vous que, soumis aux intérêts forestiers et agricoles, nous pourrions défendre la cause du grand gibier ? La grande faune constitue une part essentielle de notre art. Si les agriculteurs et les forestiers sont nos partenaires privilégiés, les écolos sont bel et bien nos partenaires obligés.
Bonne fête de Saint-Hubert. Bonne lecture à toutes et à tous.