Miroir, mon beau miroir
Début novembre, les bécasses sont au rendez-vous dans les bois côtiers des Hautsde-France. Patrick Bouchez et quatre amis viennent de passer une bonne matinée derrière leurs chiens. Quelques mordorées ont été levées et l’équipe regagne le relais de chasse pour déjeuner. À une cinquantaine de mètres du point de rencontre, le plus jeune setter de la bande se fige en bordure de chemin. Son conducteur se place et invite le photographe à en faire de même pour qu’aucun des protagonistes ne soit gêné. Les deux hommes ont tout juste le temps de faire quelques pas que l’oiseau fuse. Tandis que l’un épaule son fusil, l’autre monte à l’oeil le viseur de son objectif. Tout va très vite. Le temps d’une rafale et d’un coup de feu et c’est déjà l’heure du bilan. La fuyarde n’a pas échappé à la grenaille. Et, le temps du rapport, le chasseur d’images contrôle le résultat de son travail sur l’écran du boîtier. Ce qu’il y découvre dépasse ses espérances. Non seulement l’oiseau est là, mais il offre la scène rare, selon les termes de l’auteur, d’un miroir « pulvérisé ». Beaucoup de spécialistes de la bécasse évoquent le fait que la belle signe son envol d’une excrétion, en voici une preuve par l’image. Selon certains adeptes de la cuisine de la belle des bois avec ses tripes, l’expulsion de cette fiente permet de vider naturellement l’intestin du volatile qui ne conserve alors en lui que des matières nobles, non fermentées, et donc propres à la consommation. Tout est ensuite histoire de goûts, De gustibus coloribusque non disputandum. Retenez que le photographe Patrick Bouchez est l’auteur d’un superbe ouvrage intitulé Bécasses et bécassines sur l’aile ! qui rassemble plus de 200 photos spectaculaires de ces fameux longs becs. Ce livre et bien d’autres oeuvres de l’artiste sont disponibles sur le site : www.oiseaux-en-vol.com Patrick Bouchez, avec Philippe Aillery