Vainqueur ou perdant ?
Talentueuse photographe, Véronique Fleuriau oeuvre essentiellement en Sologne, terre de chasse mythique où les occasions de prises de vues animalières ne manquent pas. Ainsi, le 9 septembre 2016, vers 19 h 15, elle affûte sur l’un des territoires qu’elle garde secret : « Depuis quatre jours, le brame est déjà bien lancé sur la place qui encercle l’étang et je n’y trouve rien d’anormal car ici, c’est toujours comme ça. Les grands cerfs rejoignaient déjà “l’arène” et ses pourtours depuis le 15 août. Il s’agissait sans doute d’être le premier présent. Être là, plantés aux carrefours que les biches traverseront plus tard, avant de repartir début octobre vers d’autres lieux de conquêtes et laisser la place aux plus modestes. En sous-bois, le son est là, fort, très fort. Sans doute une dizaine de cerfs sur quelque dix hectares désormais impénétrables pour une photographe soucieuse de ne pas déranger. Je ne vois rien, mais je devine l’extrême tension qui règne sous la futaie, quand un claquement de bois déchire ce vacarme. Puis plus rien pendant dix minutes, tout le monde s’est tu. Je ne saurai jamais avec certitude si ce fut une simple escarmouche ou un combat interminable pour quelques mètres carrés de forêt. Mais j’étais là pour en voir les conséquences. “Tête en sang” sort dans l’eau. Vainqueur ou perdant ? Je l’ignore également. Il se trempe les pattes, s’allonge quelques secondes puis repart, me laissant seule avec quelques clichés et cette indicible émotion que seul l’affût peut procurer. » Qu’ajouter à ce si précis récit ? Rien, tout est dit, joliment raconté par une plume qui connaît de toute évidence parfaitement son sujet et lui voue beaucoup d’admiration ainsi que de respect. Chapeau bas l’artiste ! Véronique Fleuriau, avec Philippe Aillery