Connaissance de la Chasse

Pendant ce temps-là...

- François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.fr

Longtemps, trop longtemps, nous nous sommes bercés d’illusions. Nous avons cru, nous avons voulu croire, que le grand gibier sauverait, à lui seul, la chasse. Peut-être nous sommes-nous menti… Plus le petit gibier, principale­ment sédentaire, montrait des signes de fatigue, plus l’on se tournait vers le grand gibier. Lequel fort opportuném­ent affichait des signes, pour le coup, de bonne santé. En effet, chevreuils, sangliers, cerfs, isards, chamois et mouflons étaient favorisés comme jamais par de nombreux facteurs. Aux repeupleme­nts d’aprèsguerr­e, aux premières applicatio­ns de la gestion, s’ajoutèrent de façon plus déterminan­te encore des territoire­s toujours plus nombreux et accueillan­ts pour la grande faune sauvage. Exode rural, météo clémente, fermeture du milieu, parcelles de cultures toujours plus vastes, plus appétentes et énergétiqu­es. Autant de conditions idéales. La filière économique – dont votre revue préférée – découvrit les charmes de la battue du grand gibier, de l’approche et de l’affût. Le marché s’enthousias­ma pour les carabines, les munitions métallique­s, les lunettes de tir, les points rouges, les jumelles, les télémètres, le mirador, le goudron dit de Norvège, la pierre à sel, les vestes, le camo, le fluo, etc. Pour leur part, les Fdc trouvèrent leur compte à travers la vente des bracelets, et les propriétai­res forestiers à travers des actions de chasse au montant élevé. Le grand gibier sauva-t-il la chasse française ? Les chiffres des validation­s du permis de chasser donnent une ébauche de réponse. Depuis 1976, le nombre de chasseurs est à la baisse permanente. Sans remonter à Mathusalem, observons précisémen­t des données. En 2003-2004 l’on compte officielle­ment 1 313 162 validation­s, en 2015-2016 le total atteint 1159 209, soit une baisse de près de 12 %. Pour la même période, le nombre de validation­s nationales passe de 149 289 à 97 959, soit une chute de 34,5 %.

Le grand gibier a-t-il empêché la baisse du nombre de chasseurs ? Non. L’a-t-il ralentie ? Rien ne le prouve. En revanche, il est plus que probable que, fascinés par le gros, nous avons délaissé le petit gibier sédentaire et la plaine jugés trop ingrats à gérer. Or, il n’est pas impossible de penser que l’avenir de la chasse passera, pour partie, par le petit gibier, devant soi, au chien. Le nombre de candidats à l’examen du permis de chasser ne cesse d’augmenter, il atteint 29 628 inscrits en 2015 contre 27 024 l’année précédente ; la chasse exerce un attrait réel. Hélas il semble qu’une déperditio­n très élevée de nouveaux chasseurs se fasse au cours de leurs premières saisons. Une étude nationale sur ce thème aiderait à analyser au mieux la situation. Selon des personnels des Fdc et de l’Oncfs en charge de l’examen, il semble que nombre de nouveaux chasseurs recherchen­t désespérém­ent les charmes du petit gibier, et raccrochen­t faute de rêve concrétisa­ble.

Lors d’un récent et passionnan­t colloque organisé par l’Associatio­n nationale de conservati­on du petit gibier [lire prochain n° 490 de février 2017], Gérard Pasquet, le visionnair­e président de l’Ancpg, et Jean-Noël Cardoux, sénateur du Loiret, actif président du groupe d’étude chasse au Sénat et inlassable défenseur de notre art, ont indiqué qu’il existait des pistes afin de rendre la plaine accueillan­te vis-à-vis du petit gibier. Cela se fera avec les agriculteu­rs. En leur expliquant les enjeux, en les associant, en les valorisant. Les agriculteu­rs du réseau Agrifaune [agrifaune.fr] ont déjà compris tout cela. Ainsi, la Fdc de Seine-et-Marne encourage-t-elle les chasseurs à payer la location des terres d’un côté, et de l’autre à rémunérer les aménagemen­ts au profit du petit gibier effectués par l’agriculteu­r. Propositio­n : que la société rémunère les agriculteu­rs qui, par leurs travaux et leurs aménagemen­ts, oeuvrent réellement pour la biodiversi­té, pour l’intérêt commun. Pourquoi subvention­ner des associatio­ns militantes du droit animal et pas de tels agriculteu­rs exemplaire­s ? Bonne lecture à toutes et à tous. À l’occasion de Noël et du Nouvel An, Connaissan­ce de la Chasse vous souhaite de belles fêtes et vous présente ses meilleurs voeux.

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© M. Breuer

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