À contre-sens
L’année 2017 commence bien pour lui. Christophe Aubel a été nommé directeur général de l’Agence française de la biodiversité, par arrêté ministériel du 2 janvier dernier. Ainsi en a décidé Ségolène Royal. Jusqu’alors, M. Aubel n’était « que » le directeur de l’Afb en phase d’installation. Installation réussie donc pour ce dernier. Certains prédisaient que le bagage de cet ancien instituteur, militant écolo actif, ne lui permettrait pas de s’imposer face à des hauts fonctionnaires soucieux de ne pas laisser la place à un représentant de la société civile. Pour leur part, les chasseurs lui reprochaient son passé de directeur de l’association de la Ligue Roc/Rassemblement des opposants à la chasse, fort opportunément rebaptisée Humanité et biodiversité. D’autres encore mettaient en avant le fait que l’Afb était trop ouvertement noyautée par Humanité et biodiversité/Roc. Le responsable de la mission de préfiguration de l’Afb fut Bernard Chevassus-au-Louis, président actuel de Humanité et biodiversité/Roc. Le président d’honneur de l’Afb n’est autre que Hubert Reeves, président d’honneur de Humanité et biodiversité/Roc. Voilà un entrisme particulièrement fécond.
Mais rien n’y fie. Souveraine, Mme Royal nomma et conforta Christophe Aubel. Celui-ci dirige désormais les 1200 personnes de l’Afb. Par comparaison, l’Oncfs rassemble 1600 personnes (chiffre à la baisse). La question que l’on peut se poser dorénavant est : pour combien de temps M. Aubel dirigera-t-il l’Afb ?
Le chasseur aurait tort de se désintéresser de cette nomination et de cette nouvelle administration. L’Afb est une idée ancienne, très dans l’air du temps. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Environnement de Nicolas Sarkozy, avait déjà imaginé une telle structure. Le fait que Nkm soit peu sensible aux préoccupations des chasseurs – doux euphémisme – aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Et l’idée fut reprise naturellement au cours du septennat suivant. Précisons que les représentants des chasseurs demandèrent que l’Oncfs soit exclu de l’Afb au nom de la défense des intérêts cynégétiques. Pour se développer, l’agence devra englober d’autres services, récupérer de nouveaux financements. À terme, le risque est grand que l’Oncfs soit absorbé, directement ou pas, totalement ou pas. L’établissement ne traite-t-il pas de la biodiversité à travers ses études et expertises concernant la faune sauvage, chassable ou protégée ?
Le 18 avril 2012, François Hollande, alors candidat à l’élection présidentielle, avait écrit publiquement à l’ensemble des présidents des Fdc. Il leur certifiait que « pour conduire une ambitieuse politique de maintien de la biodiversité sur tout le territoire national, nous avons besoin de toutes les forces vives, sans exclure personne ». Sans exclure personne… Et d’ajouter qu’« il faudra aussi faire en sorte que vos connaissances scientifiques et votre savoir-faire dans l’expertise nature de la faune sauvage et des territoires soient reconnus et respectés par l’État et par les collectivités territoriales ». Respectés par l’État… Cinq ans après ces touchantes déclarations, l’Afb est confiée à un anti-chasse, de lourdes menaces pèsent sur l’Oncfs, et à terme la représentativité des chasseurs au sein de l’administration centrale de tutelle est mise à mal. Singulier bilan.
À l’heure où nous imprimons, Ségolène Royal n’a toujours pas daigné recevoir Willy Schraen, le président de la Fnc élu en août dernier. Ni répondre à ses courriers d’ailleurs. Le 1,2 million de chasseurs ne pèse-t-il guère face aux 2000 adhérents de Humanité et biodiversité/Roc ? Mme Royal estime-t-elle que le dialogue républicain n’a plus cours ? Bonne lecture à toutes et à tous.