Connaissance de la Chasse

Non, oui, non

- © M. Breuer François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.fr

Enfin… Enfin, Ségolène Royal a fini par accepter de rencontrer le patron des chasseurs, Willy Schraen. Le jeudi 26 janvier, la ministre de tutelle de la chasse a reçu le président de la Fédération nationale des chasseurs, élu fin août 2016. Il était temps. Cette première rencontre eut pour but d’évoquer, entre autre, le dossier de la fermeture de la chasse des oies grises (oies des moissons, rieuses et cendrées). In extremis, la ministre de l’Environnem­ent lâcha du lest. Ce ne sont pas 10 jours de plus qu’obtinrent les sauvaginie­rs, mais 12 jours supplément­aires. En effet, les chasseurs purent affûter les trois grands anatidés jusqu’au dimanche 12 février inclus. Se voyant offrir un week-end de chasse non prévu.

La veille de sa rencontre avec le président Schraen, madame Royal s’était engagée devant l’Assemblée nationale : « Je vais renouveler le dispositif de bon sens que j’avais trouvé l’année dernière et l’année d’avant, si bien qu’il n’y aura pas de verbalisat­ion jusqu’au 10 février. » Le « dispositif de bon sens » est très simple. La chasse de quasi l’ensemble du gibier d’eau clôt le 31 janvier ; exception faite de cinq canards marins fermant le 10 février. Or, la ministre demanda de nouveau aux inspecteur­s de l’environnem­ent de l’Oncfs de ne pas verbaliser les chasseurs affûtant les oies, pourtant en situation illégale selon le droit européen. Comme lui fit remarquer un député, Ségolène Royal a mis en place « un braconnage “légal” en quelque sorte ».

Lors de la rencontre du 26 janvier, d’autres points furent abordés. Ainsi la ministre accepte de suspendre la consultati­on sur un décret forêt-gibier en cours d’écriture. Un texte particuliè­rement menaçant pour le cerf et le chevreuil [lire p. 68]. La date butoir d’une ultime négociatio­n entre chasseurs et forestiers est fixée au 15 avril.

Cette réunion fut aussi l’occasion de corriger un excès de zèle du secrétaria­t d’État à la Biodiversi­té, dirigé par Barbara Pompili. Suite à l’accident de chasse mortel dont fut victime un randonneur en Haute-Savoie en décembre 2015, et suite aux mesures rigoureuse­s prises par la Fdc 74, madame Pompili avait écrit à l’ensemble des services départemen­taux (Ddmt) afin de les encourager à restreindr­e la chasse le dimanche. Madame Royal s’est engagée à écrire aux préfets afin de recadrer les choses. Faut-il préciser ici que Barbara Pompili est également députée de la Somme écolo et peu fervente de notre art ?

Mais encore, Ségolène Royal a donné son accord sur le principe de l’emploi des modérateur­s de son. Toutefois le travail législatif ne sera pas évident à réaliser dans un contexte d’état d’urgence. Ensuite, la ministre devrait appuyer la demande de la Fnc auprès de sa collègue de l’Éducation nationale afin d’obtenir l’agrément national [lire p. 58]. Qu’en pensera Najat Vallaud-Belkacem ? Enfin, madame Royal a accepté de faire cesser la mutualisat­ion des services de police de la chasse et de la nature entre l’Oncfs et l’Agence française pour la biodiversi­té, dans les départemen­ts. Ou l’intégratio­n forcée de l’Oncfs à l’Afb. Néanmoins l’expérience est poursuivie dans cinq départemen­ts.

Une éclaircie dans un ciel quelque peu nuageux, la nomination de Philippe Martin à la présidence de l’Afb. Son arrivée, dans ce qui apparaît comme un véritable nid d’antichasse­s dogmatique­s [lire éditorial du mois dernier], devrait aider à recentrer les choses. Philippe Martin fut brièvement ministre de l’Environnem­ent en 2013-2014. Député et président du conseil général du Gers, il est porteur d’un permis de chasse, aficionado et se délecte du foie gras. Pour nous, des qualités, pour « eux »… Questions : quelle est la feuille de route de monsieur Martin ? Quels sont ses moyens ?

Patatras… Le 6 février, sur recours de la Lpo menée par Allain Bougrain-Dubourg, le Conseil d’État suspendait la décision de Ségolène Royal : la chasse des oies grises est strictemen­t interdite après le 31 janvier. Les sauvaginie­rs auront tout de même gagné 6 jours. Cette décision, qui s’appuie sur le droit européen, ne peut que conforter le président de la Fnc, lequel demande justement la modificati­on des directives européenne­s Oiseaux et Habitats [lire p. 72]. Un combat de plus pour un patron des chasseurs déterminé. Aux lecteurs de Connaissan­ce de la Chasse, Willy Schraen réserve des annonces inédites. À vous de juger. Bonne lecture à toutes et à tous.

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