Tikka T3x
PRÉCISE, FIABLE, FONCTIONNELLE ET ÉCONOMIQUE
La Tikka T3x remplace la Tikka… T3 ! Une seule lettre, un x, sépare ces deux modèles. Logique après tout, la T3x est la version aboutie, améliorée de la T3. Mais elle est bien plus que cela également. Une nouvelle carabine, très bien pensée, faite pour durer et endurer et surtout pour chasser et tirer juste.
En Scandinavie, son fief, Tikka a détrôné Sako dans le coeur des chasseurs de grand gibier. La marque est non seulement réputée et appréciée pour ses qualités et son prix raisonnable, mais surtout les Tikka y sont désormais, et de très loin, les carabines les plus vendues. Un succès qui ne se limite pas qu’au grand Nord. Dans notre pays aussi les Tikka comptent parmi les bestsellers de la catégorie carabine à verrou depuis bientôt trente ans. C’est réellement avec les modèles 590 et 690, apparus comme leur nom l’indique au début des années quatre-vingt-dix et suivis des 595695, que la marque s’est solidement implantée en tête du « hit-parade » des carabines économiques. Précises, légères, déclinées en de nombreux calibres, dotées d’un chargeur amovible, les Tikka réunissaient de nombreux atouts qu’un prix allégé achevait de transformer en arme de séduction massive. La Tikka T3, dévoilée en 2003, s’est facilement et sans surprise inscrite dans la lignée de ces premières Tikka à succès. La carabine a très vite trouvé son public et été déclinée dans de nombreuses versions. Seulement voilà, en 2016 et en dépit de son succès intact, la T3 avait treize années « au compteur » et les dirigeants de la firme finlandaise se sont sans doute dit qu’il était temps de changer, d’offrir au marché, aux chasseurs et à leurs clients passés ou futurs, une toute nouvelle carabine. Voilà sans doute pourquoi en mars dernier une nouvelle Tikka était dévoilée et voila également pourquoi, malgré toutes ses nou- veautés et innovations, elle s’appelle Tikka T3x. Comme si les dirigeants de la firme n’avaient pas voulu couper le cordon avec la T3. Il n’en reste pas moins qu’en dépit d’une silhouette assez proche de la T3 et d’une base commune, la T3x peut, et doit, être considérée comme une nouvelle arme à part entière tant elle se différencie et innove par rapport à sa devancière. Cette carabine allait-elle être beaucoup plus chère que la T3 ? La réponse est non. Selon la version choisie – il y en a 24, lire encadré ci-contre –, cette nouvelle carabine coûte de 1185 à 1690 € pour les 12 versions chasse. Les 12 autres versions, proposées à des prix supérieurs, concernent les gammes Varmint, Tactical et Sporter dotées de canon lourd, de rail Picatinny, de chargeur rallongé et de crosses spécifiques. Selon les versions, vous aurez le choix entre cinq et dix calibres : les .222 Remington, .243 et .270 Winchester, .270 WSM, 7x64, .308 Winchester, .30-06, 7 Remington Mag, .300 et .338 Winchester Mag et 9,3x62. De quoi faire face à toutes les situations et être certain de trouver la T3x adaptée à vos besoins. Pour cet essai, qui s’est déroulé durant quatre jours en Namibie, en conditions réelles donc, nous disposions d’une T3x Lite Adjustable en calibre .30-06 vendue 1440 euros. Pour faire simple, une carabine à crosse composite noire, canon rond bronzé et busc réglable. Il ne s’agit pas d’un busc découpé comme on en trouve sur les fusils de tir. Il s’agit d’une plaque en forme de U à l’envers qui vient coiffer le busc de la crosse. Deux tiges métalliques permettent de fixer le busc à la crosse mais aussi de le déplacer en hauteur sur ces axes. Une des tiges est crantée, ainsi en dévissant la molette de serrage du busc, qui traverse la crosse, on peut monter ou descendre ce dernier. La molette, située sur le côté droit de mon arme, est réversible. Les gauchers n’auront pas de problème ni besoin de tirer avec une molette qui vient s’écraser sur leur joue.
Les crans de la tige métallique vous offrent quatre réglages différents, quatre hauteurs échelonnées de +1 à +2,5 cm, ce qui est assez même avec une lunette installée 4 ou 5 cm au- dessus de l’axe du canon, comme ce sera le cas de la Steiner fixée sur l’arme. Le crantage permet aussi de retrouver facilement son réglage favori.
Poignées pistolets interchangeables
Les versions synthétiques des T3x diffèrent des versions bois par leur modularité. La crosse est « aménageable ». Qu’est-ce que ça signifie ? Que la poignée pistolet est dévissable et donc qu’il vous est possible d’en installer une autre différente. Qu’est-ce qui change ? La courbure de la poignée plus ou moins accentuée. La couleur aussi, des poignées orange seront bientôt disponibles. La poignée se démonte en déposant une simple vis Allen située à l’arrière de la calotte. Le devant peut également être modifié. Cette fois il n’est pas interchangeable, la crosse est d’une seule pièce, mais il est possible d’emboîter sur le devant existant un devant plus large, façon queue de castor. On ôte la bretelle et le support de grenadière, on glisse le devant large, on revisse l’anneau de grenadière, et c’est tout. Enfin, la plaque de couche est également interchangeable. Du côté de la mécanique, peu de surprises et peu de différences par rapport à la T3 classique de 2003, laquelle reprenait d’ailleurs les principes des 690 et 695. La culasse mobile monobloc se termine par une tête en forme de cuvette de laquelle débordent deux tenons massifs. L’éjection des douilles est assurée par un éjecteur sous tension de ressort qui déborde du fond de la cuvette et par une griffe d’extracteur située au-dessus du tenon droit. La culasse est relativement fluide et les opérations de verrouillage et déverrouillage faciles. Il faut dire que les faces postérieures des tenons ont été usinées pour en casser les arêtes et offrir plus de moelleux à la fermeture. Le levier d’armement est assemblé à la culasse par une queue-d’aronde. Il se termine par une sorte de minicloche évasée et creuse qui offre une bonne prise en main et qui est identique à celle de la T3. Vous pourriez penser que finalement T3x et T3 partagent les mêmes pièces, ce n’est pas tout à fait vrai. Les différences pourront vous sembler minimes, mais ces détails peuvent tout changer sur le terrain. Ainsi la pièce de recul, logée dans la crosse sous le boîtier, n’est plus réalisée en ergal, comme sur les T3, mais en acier. La noix de culasse aussi est désormais en acier et non plus en alliage léger. Les crosses composites ont également été améliorées et rendues plus silencieuses. Comment ? En injectant de la mousse à l’intérieur des vides. La crosse n’est pas plus lourde mais elle ne résonne plus en cas de choc.
Départs directs entre 1 et 2 kg
La prise en main de cette carabine se fait au stand de tir. Une cible a été placée à 100 mètres. Des balles Sako Powerhead 2, en fait des Barnes TTSX de 11,7 g (180 grains), sont glissées dans le chargeur amovible en simple pile. Il en contient trois. L’arme est surmontée d’une Steiner Ranger 2-8x42 à réticule illuminé. À noter, le sommet du boîtier a été percé et fileté pour le montage d’embase classique ou de type quart de tour, sans oublier le montage Optilock maison. Mais avant de tirer il faut se familiariser avec les départs. Un pontet en matériau composite abrite la queue de détente. Cette dernière est directe, striée longitudinalement et agréable. Les départs sont secs, nets et surtout sans impression de lourdeur. Je n’y toucherai pas mais sachez que le poids des départs peut être réglé entre 1 et 2 kg. Nous allons chasser à l’approche mais les départs conviendraient également pour une chasse en battue. À 100 m, la balle atteint l’axe de la cible environ 4 cm au-dessus du centre, c’est parfait. Les tirs suivants apporteront la preuve que le réglage
est bon mais surtout que le groupement de la carabine est excellent. Cette Tikka est réellement précise. Certes il n’existe plus aujourd’hui de carabine imprécise – les fabricants de carabines et de canons rayés maîtrisent désormais parfaitement leurs tâches – mais il existe encore des armes plus précises que d’autres. Cette carabine fait partie de la catégorie des très précises. D’ailleurs Tikka garantit un groupement maxi de 30 mm à 100 m sur cinq coups. Rappelons que les canons des Tikka sont les mêmes que ceux qui équipent les Sako, la société soeur. Durant les quatre jours de chasse, la carabine ne sera pas nettoyée. Elle devra pourtant faire face à la chaleur mais aussi et surtout à la poussière et au sable, redoutables dans ce coin du globe, surtout lorsque la sécheresse règne et est anormalement importante et précoce cette année. Ni les chocs, ni la chaleur, ni la poussière n’auront raison de notre arme qui fonctionnera parfaitement, réarmera avec la même fluidité et tirera avec la même précision sortie après sortie. Une sécurité à deux positions équipe cette arme. Elle prend place sur le côté droit de la noix de culasse. Elle est silencieuse quand on la retire et émet un petit clic lorsqu’on l’enclenche. Le contraire aurait été gênant, ici tout va bien. Les deux positions sont classiques, feu et culasse libre lorsque le bouton rouge est dévoilé et sécurité et cu- lasse bloquées en position sûreté. Les tirs s’échelonneront de 30 à 220 m, avec à chaque fois le même résultat et une seule balle, preuve que le .30-06 peut convenir pour ce genre de chasse, à plus forte raison si la carabine est précise. La qualité des départs est à porter au crédit de ces tirs réussis, cela limite considérablement les coups de doigt. Le busc réglable est un véritable plus. Pour ceux qui apprécient l’appui supplémentaire qu’un busc bien placé représente, la version composite Adjustable est une évidence. L’épauler est instinctif, l’oeil est guidé vers le centre du réticule et la cible. On ne perd pas de temps. De plus les versions composites sont un peu plus légères que les modèles bois. Sans lunette, la T3x Lite Adjustable ne pèse que 2,850 kg. En
choisissant bien sa lunette, on ne devrait guère dépasser les 3,3- 3,4 kg, un poids très confortable. Au tir, surtout avec le .30-06, le recul est des plus doux. Après le tir, la main droite vient tout naturellement se saisir de la boule du levier d’armement et une nouvelle cartouche est chambrée rapidement et sans aucun point dur. Le réarmement, malgré les deux tenons de verrouillage en tête, est de seulement 70°, au lieu de 90° avec cette disposition. Ces 20° en moins permettent certes une rotation plus rapide du levier et donc un réarmement plus rapide mais surtout un montage optique plus bas sans crainte de voir la boule heurter la lunette. Au final, cette carabine est vraiment réussie. Bien sûr elle ne possède pas de canons interchangeables, ni d’armeur de sécurité. Mais elle est précise, fiable, fonctionnelle, pratique, déclinée en de multiples versions et calibres et surtout très abordable. Tikka a réussi son nouveau modèle et semble bien partie pour une nouvelle décennie de succès commercial.