Charge toute

Malgré quelques réguliers et avérés cas de braconnage, les populations d’éléphants se portent plutôt bien dans le Sud-Est du Burkina Faso, entre zones de grande chasse et complexe du Wap (parcs nationaux du W, d’Arly et de la Pendjari). C’est ainsi que les sorties en brousse sont souvent ponctuées par des rencontres avec les pachydermes. Ceci n’est pas sans perturber, jusqu’à annihiler parfois, les séances de pistage sur buffles notamment. En effet, il devient illusoire de prétendre remonter des traces quand s’interpose une troupe d’éléphants et que le vent porte les effluves des humains jusqu’à leurs trompes. La grande majorité des pisteurs, comme celle des guides, préfère réaliser de larges détours ou carrément abandonner la chasse quand se présente ce cas de figure. Nous avons réalisé l’image présentée ici en janvier 2016 sur la zone de Konkombouri exploitée par Bouba Dermé (Burkina Safari Club) alors que nous sillonnions les pistes en voiture. La scène illustre parfaitement l’irascibilité dont peuvent faire preuve les matriarches pour protéger leurs groupes familiaux qui comptent généralement plusieurs femelles suitées de deux, voire trois, générations de jeunes. Dans le cas présent, la « patronne » ne s’est guère encombrée de sommations quand elle a détecté olfactivement l’intrusion des hommes. Quelques barrissements et battements d’oreilles, puis elle a foncé, tel un bulldozer, dans notre direction en balayant tout sur son passage. Notre réflexe fut d’immortaliser la scène avant de réaliser très vite que cette fois le mastodonte n’était vraiment pas d’humeur à s’arrêter. La montagne de muscles a finalement stoppé net sa charge à une petite quinzaine de mètres de notre position, tout en maltraitant violemment un arbuste. L’arrêt fut aussi brutal que le départ. Tant et si bien que les oreilles ont ondulé de façon peu commune. Le léger manque de netteté de notre cliché est dû au démarrage en trombe de notre chauffeur… Philippe Aillery