2 ourses à venir… pleines ?
Par jugement du 6 mars dernier, le tribunal administratif de Toulouse a condamné l’État à payer la somme de 8 000 euros aux associations plaignantes Pays de l’ours-Adet (association pour le développement des Pyrénées) et Ferus-Ours, loup, lynx conservation. Les juges estiment qu’il y a carence face à l’obligation de protéger les grands plantigrades dans les Pyrénées. Ils considèrent que la population ursine dans le massif pyrénéen est « soumise à un risque démographique significatif, au regard de son effectif global insuffisant pour garantir la viabilité de l’espèce à long terme, mais aussi à un risque génétique très élevé, compte tenu de la fréquence des reproductions entre consanguins ». Le tribunal administratif de Toulouse a déploré que les gouvernements successifs n’aient pas honoré leur promesse de 2010 de procéder au remplacement systématique des ours décédés accidentellement, et notamment l’ourse tuée en 2007. Et d’ajouter que l’importance des oppositions locales à la réintroduction des ours, au regard notamment des difficultés posées par leur coexistence avec les activités d’élevage, ne saurait suffire à justifier les huit années de retard dans la définition d’un nouveau plan d’action relatif à la conservation de l’ours. C’est dans ce contexte que Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, souhaite introduire à l’automne 2018 deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques où ne vivent que deux mâles dont le fils de Cannelle, le dernier des ours 100 % pyrénéens. La population actuelle est de 37 animaux. Bien évidemment, le projet fait réagir les premiers concernés que sont les éleveurs, qui vivent au coeur des zones à ursidés. Pour Jean-François Lacazette, éleveur à Arette (PyrénéesAtlantiques) où doivent être introduits les deux prochains fauves, « l’ours est un prédateur, et il est incompatible avec le pastoralisme ». De son côté, Pierre Casabonne, le maire de la commune, fait savoir ses craintes et informe que « l’agriculture pèse un poids conséquent dans la vie de [notre] commune : 43 exploitations, 4500 brebis, 1 000 vaches et la certitude d’avoir le plus grand garde-manger de la chaîne des Pyrénées ». Il ne manquerait plus que les ourses promises à l’immigration soient gestantes…