Sanglier : ne pense pas à la panse
Fidèle lecteur de votre revue, j’apprécie particulièrement son contenu, et vous invite à continuer longtemps de la sorte. Néanmoins, à la lecture du n°504, daté d’avril dernier, un mot m’a quelque peu dérangé. Sur une magnifique photo-choc page 8, je lis qu’une balle de panse sur sanglier est l’une des pistes les plus aisées à suivre. En tant que conducteur de chien de sang, et formateur pour l’Ancgg, je vous confirme que ces blessures abdominales sont en effet parfaites pour nos auxiliaires. Par contre, à titre d’information, sachez que le sanglier n’a pas de panse, mais dispose du même tube digestif que l’homme. Cette remarque a pour but d’aider nos amis chasseurs, et d’éviter dans le futur d’avoir à reprendre nombre de candidats au brevet grand gibier. » Petit rappel de zoologie oblige, le rumen, appelé communément la panse, est l’une des quatre poches spécifiques du système digestif des mammifères ruminants, dans laquelle s’accumule la nourriture avant la phase de régurgitation/remastiquage. Si le chevreuil et le cerf appartiennent à cette catégorie d’herbivores ruminants, et possèdent un tel compartiment gastrique, le sanglier est quant à lui un omnivore doté d’un appareil digestif proche de celui de l’homme. Par conséquent, parler de balle de panse pour évoquer un suidé blessé dans la région abdominale s’avère, du point de vue anatomique, une erreur indiscutable. Force est d’admettre pourtant que le terme de panse a été de longue date mis à toutes les sauces, principalement pour faire référence à la partie ventrale des homo-sapiens épicuriens que nous sommes. Les exemples sont nombreux, tant dans le langage familier que dans la littérature, tels « se remplir la panse », ou encore ces quelques lignes extraites de Germinal : « …la bière arrondissant les panses, coulant de partout, du nez, des yeux et d’ailleurs ». Pourquoi nos amies les bêtes échapperaientelles à la règle ? Il est vrai que nombre de chasseurs utilisent ce mot comme un terme générique du langage courant cynégétique, pour désigner l’abdomen des mammifères, cervidés et suidés confondus. Inexact, diront les plus pointilleux, certes, mais sans nul doute moins choquant que d’entendre parler de cochons et autres boucs le long des lignes… Une chose est sûre, en tant que rédacteurs, nous nous efforcerons évidemment de ne pas commettre de telles bévues linguistiques, quitte à utiliser un “panse-bête” si nécessaire. Le vocabulaire étant un riche pâturage de mots, nous vous promettons de ruminer sans cesse pour trouver les expressions les plus justes. Sanglier qui s’en dédit !
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