Connaissance de la Chasse

Le rose et le noir

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Il y a un an, Connaissan­ce de la Chasse – sous la plume de Thibaut Macé (n° 497 de septembre 2017, page 58) – abordait un thème disons dérangeant : la peste porcine africaine, désormais appelée fièvre porcine africaine. Sujet alors peu ou non traité. Début avril 2018, le président de la Fnc, Willy Schraen, mettait en garde contre le risque que représente ce virus lors d’une rencontre avec la presse cynégétiqu­e. Dernièreme­nt, Connaissan­ce de la Chasse faisait un point complet sur l’épizootie (n° 508 d’août 2018, page 72). À cette époque, les pays infectés les plus proches de la France étaient la Tchéquie, la Pologne et la Hongrie (dernier pays atteint en Europe en avril 2017).

Le rythme des choses s’accéléraie­nt : le 13 septembre dernier, des sangliers belges étaient reconnus officielle­ment comme étant infectés par la maladie. À ce jour, le 5 octobre : - le nombre de ces animaux est de 32 ; - tous ont été retrouvés dans un secteur de 3100 hectares ; - la distance maximale entre deux carcasses de sangliers infectés est de 11,6 kilomètres ; - aucun cas n’est signalé en France, ni au Luxembourg, ni en Allemagne.

Nos amis belges, conseillés par des vétérinair­es envoyés par la Commission européenne, ont gelé une vaste superficie de contrôle de 63000 hectares, à l’intérieur de laquelle toute activité humaine est interdite dans les zones forestière­s. Double objectif : laisser mourir sur place les sangliers infectés. Et éviter la dispersion d’animaux éventuelle­ment porteurs du virus. Comme nous l’expliquons dans ce numéro en page 30.

Côté français, sur près de 120000 hectares répartis sur trois départemen­ts (Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle), le contrôle sanitaire des sangliers et des porcs a été renforcé très rapidement. La chasse en forêt y est interdite. Les Fdc, en partenaria­t avec l’Oncfs, les divers services vétérinair­es, sont actives. Elles forment, informent et participen­t à la recherche de carcasses éventuelle­s. Les chasseurs – français comme belges – tiennent leur rang. Mais le président de la Fnc nous demande davantage (lire page 42). En fait, il apparaît que tout ce qui concourt au maintien de densités de sangliers exagérées et au risque de propagatio­n fulgurante de l’épizootie doit être banni pour un temps : - les consignes de tir trop restrictiv­es ; - le système des amendes pour non-respect de ces consignes ; - un agrainage inadapté ; - le lâcher de sangliers, qui plus est d’origine incertaine ; - la concentrat­ion excessive de sangliers en parc.

Il nous faut bien admettre que le sanglier n’est pas un animal comme les autres. Il est le plus fécond des grands mammifères sous nos latitudes. Jusqu’à 8 voire 10 marcassins par portée. 4-5 en moyenne. Jusqu’à 3 portées en deux ans. Qui dit mieux ?

Non seulement le réchauffem­ent climatique lui est bénéfique, mais les méthodes agricoles, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, favorisent son expansion. Citons le développem­ent inouï du maïs, la qualité énergétiqu­e accrue des cultures, le grand parcellair­e qui lui offre une quiétude et un couvert inégalés. En outre l’exode rural, l’urbanisati­on et la rurbanisat­ion modifient profondéme­nt le territoire national, multiplian­t friches, ronciers et zones de non-chasse (lire page 66).

Rappelons ici que le virus de la fièvre porcine africaine ne touche que les suidés : porcs et sangliers. Que l’homme ne craint rigoureuse­ment rien, ni les chiens, ni la faune domestique ou sauvage. Consommer du sanglier et du porc ne représente strictemen­t aucun danger pour la santé humaine. Pourvu que les restes des repas ne soient pas abandonnés dans la nature, consommés par des chiens, des renards, des sangliers, etc. Leurs crottes pouvant conserver le virus actif jusqu’à 10 jours.

Aucun vaccin n’existe contre ce virus très contagieux et virulent, lequel représente une menace majeure pour la filière porcine. Fort heureuseme­nt, un traitement existe bel et bien : la prévention et la bonne volonté. Soyons prêts. Bonne lecture à toutes et à tous.

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© M. Breuer

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