Sauer 100 Cherokee, baroudeuse bon marché
LA CARABINE POUR TOUT CHASSER À PAS DE SIOUX
Robe camo, canon vert à la finition céramique, offre de calibres riche et variée, précision et bloc détente remarquables, le tout pour moins de 1 700 euros, la Sauer 100 Cherokee frappe fort !
Robe camo, canon vert à la finition céramique, offre de calibres riche et variée, précision et bloc détente remarquables, le tout pour moins de 1 700 euros ! La Sauer 100 Cherokee frappe fort et pourrait bien vous donner envie de l’adopter séance tenante.
Cerakote. Si ces huit lettres ne vous disent rien, c’est que vous avez un peu trop débranché de l’actualité des armes de chasse pendant l’intersaison. Cerakote est en effet le terme à la mode cette année chez tous les fabricants ou presque. Au rayon des nouveautés, ces mêmes huit lettres reviennent sans cesse. Le Cerakote est une finition céramique apportée à des pièces métalliques. Il en renforce la protection contre l’oxydation, les rayures et frottements divers, la réverbération des rayons du soleil, le tout en apportant souvent des couleurs que l’on ne rencontrait pas jusque-là sur nos carabines ou nos fusils. Voilà pourquoi cette année fleurissent des armes à la finition Cerakote. La Sauer 100 Cherokee fait partie de cette éclosion spontanée. Chez elle cela se traduit par un canon, un boîtier de culasse ainsi qu’une sous-garde vert olive foncé et mat. Une couleur étonnante mais finalement pas très éloignée du vert de nos vêtements de chasse, du moins avant que nous ne passions tous à l’orange… La Sauer 100 a été introduite à l’IWA en mars 2016. Elle constitue la nouvelle entrée de gamme de la marque, qui était depuis trois ans l’apanage de la Sauer 101. La firme allemande justifiait le lancement de son modèle 100 en expliquant que cette carabine s’adressait à ceux qui recherchaient une arme de qualité mais à un prix inférieur à 1000 €.
Une robe parfaite pour aller au… bois
Très proche du modèle 101, elle s’en distingue toutefois par des simplifications logiques et nécessaires afin d’arriver à une baisse de coûts de production suffisante pour se répercuter de manière significative sur le prix de vente. Notre Cherokee est donc issue de cette famille Sauer 100 mais elle s’en différencie tout de même par quelques ajouts, dont le Cerakote, qui la font passer au-dessus des 1000 euros à la vente, 1699 euros très précisément. La Cherokee fait partie d’une famille de trois nouvelles Sauer 100 dévoilées à l’IWA de mars dernier, toutes à crosse synthétique Soft Touch et pièces métalliques re-
vêtue de la fameuse finition Cerakote. Il y a donc notre Cherokee, qui est la verte, l’Atacama Desert qui comme son nom l’indique possède une robe à dominante jaune avec un Cerakote pâle et une crosse camouflée et pixelisée jaune-brun-gris, et la Ceratec plus sobre avec une crosse noire et des pièces métalliques grisées. La Cherokee est la seule importée par la société Rivolier, qui distribue la marque allemande depuis de longues années en France ; avouons que c’est aussi celle qui se fondra le mieux dans nos paysages européens et les sous-bois.
101 à 100 : le jeu des 7 erreurs
La Sauer 100 est donc une version simplifiée de la 101. Cela passe tout d’abord par un verrouillage très proche mais moins coûteux à pro- duire. Sur la 101, il s’opère par six tenons logés en tête de culasse sur deux rangées qui se verrouillent directement dans le canon. Sur notre Cherokee et les autres Sauer 100, il n’y a plus que trois tenons en tête. Qu’est-ce que ça change réellement ? Rien ! Le verrouillage se réalise toujours directement dans le canon, toujours avec une rotation de la culasse mobile et donc du levier d’armement de 60°. Les raisons de ce changement sont assez simples, plus vous avez de tenons et plus il est compliqué, long et coûteux de les faire tous porter correctement. On estime d’ailleurs qu’audelà de six tenons, il y a de grandes chances pour que tous les tenons ne portent pas. Les trois tenons au lieu de six ne vont pas fragiliser la carabine ni rendre son verrouillage moins fiable. Tout au plus, ce dernier sera moins onctueux, les tenons arrière, absents, ne jouant plus le rôle de guides à la fermeture. Autre changement, sur la Sauer 101, la sécurité est placée à l’arrière de la noix de culasse, là où souvent on trouve un armeur de sécurité, dont elle reprend d’ailleurs la forme. Cette sûreté nous avait séduit car elle agit directement sur le percuteur et, contrairement à la plupart des armes du marché, pas uniquement sur les détentes. La différence entre ces deux principes c’est qu’avec la seconde, en cas de choc violent ou de chute le coup peut partir, tandis qu’avec la première le percuteur ne pourra pas atteindre l’amorce. Ce système baptisé DuraSafe par les ingénieurs de Sauer ne se retrouve pas sur la Sauer 100 et donc sur notre Cherokee. Ici, la sûreté est traditionnelle et logée sur le côté droit du boîtier de culasse, à l’arrière de la racine du levier d’armement. Elle prend la forme d’un curseur à trois positions qui se déplace d’avant en arrière. Lorsque la sûreté est pous-
sée sur le point rouge, la culasse est libre et la détente aussi. En reculant la sûreté jusqu’à un premier point blanc, on place l’arme en sécurité mais la culasse reste libre. Enfin, en reculant complètement la sûreté jusqu’au second point blanc, on reste en sécurité mais la culasse est cette fois bloquée. Seule la queue de détente est bloquée par cette sûreté, pas le percuteur. Mais notez au passage que la manipulation de cette sûreté est agréable et facilitée par la position du curseur mais aussi par sa forme cylindrique et cannelée. Le bedding qui équipe les 101 ne se retrouve pas non plus ici, seul un puits usiné dans la crosse attend la portée de recul du canon, située quasiment sous le pont avant du boîtier. Ce dispositif commun à la plupart des carabines modernes n’est pas préjudiciable à la solidité de l’arme ni à sa précision, comme nous pourrons en juger.
Six balles qui restent groupées
Après en avoir terminé avec les points communs entre cette version et sa soeur aînée, il est temps d’emmener notre indienne sur son terrain de prédilection, la chasse ou le stand de tir. Pour nous, ce sera le stand de tir avec plusieurs boîtes de .30-06 Remington. Nous tirerons des Hog Hammer de 168 gn (10,9 g) et des Core-Lokt de 150 gn (9,7 g). Notre carabine est chambrée pour le .30-06, un des huit calibres proposés, dont deux magnums. Il est intéressant de noter que le très en vogue et très précis 6,5 Creedmoor figure à cette liste, preuve que Sauer veut s’attaquer au marché américain avec cette carabine. Contrairement à mes craintes, la couleur verte du canon et du boîtier passe plutôt bien. Elle est assez fon- cée et mate pour s’avérer discrète. Le camouflage pixelisé un peu militaire de la crosse possède un côté un peu magique. Une fois dans un milieu naturel, il fait presque disparaître la carabine, comme la photo de tir le prouve. C’est la preuve aussi de l’intérêt de ce type de robe pour celui qui veut approcher des gibiers méfiants et réellement se fondre dans la nature. En calibre standard, le canon de cette arme mesure 56 cm. C’est court mais pas trop et cela conviendra avec les calibres de notre liste sauf avec le 6,5 Creedmoor qui aurait eu besoin de 4 à 6 cm de plus pour exprimer tout son talent. Dommage car les magnums possèdent un canon de 62 cm, ce qui aurait été très bien pour le 6,5. Le canon est rond, flottant et fileté avec un pas de M15x1. Pour notre essai nous disposions d’ailleurs d’un silencieux Sauer qui réduit la nuisance sonore mais aussi une grande partie du recul. Enfin, une lunette Zeiss, une V4 4-16x44, équipe notre arme. Nous déposons le chargeur amovible noir et tout synthétique, à l’exception de la planchette élévatrice en alliage, par une simple pression sur un bouton logé sous la crosse et à la hauteur du pont avant du boîtier. Il accueille cinq cartouches en double pile imbriquée, ce qui porte à six la contenance de cette arme une fois une autre .30- 06 glissée dans la chambre. L’arme est placée sans plus attendre sur le bench rest Caldwell. La position de tir assis est bonne, la poignée épouse parfaitement les formes de la paume de la main, aucune crispation. De fait les tirs se font de manière décontractée et les six balles sont enchaînées. À part la première
qui se désolidarisera légèrement du groupe, toutes les balles se touchent et ne forment qu’un seul trou. Pas de doute, bedding ou pas, les Sauer tirent droit. Les départs sont remarquables. Ils sont réglés d’usine mais leur poids est parfait et surtout la détente possède un déclenchement idéal, sans course, sans grattage et nette. Il y a quelques années de cela, on aurait pu dire « une détente directe comme seule les Américains savent les faire ». Heureusement ce n’est plus le cas et les Européens, longtemps adeptes du stecher, nous proposent aussi de très bonnes détentes directes. Détail important, le poids des départs est ajustable entre 1 et 2 kg. Il est temps de s’essayer au sanglier courant. Debout, la position de tir est aussi bonne qu’assis à la table. Le busc de la crosse qui remonte un peu vers l’arrière, à la façon des 101, est agréable et permet d’être bien calé. La poignée renflée et son qua- drillage surmoulé offrent une bonne préhension et le doigt vient là encore chercher naturellement la queue de détente. En manipulant ainsi plus brutalement la carabine, je découvrirai que le réarmement est très fluide, sans doute du fait de l’imposant corps cylindrique de la culasse mobile et du bon positionnement du levier d’armement dont, hélas, la boule verte est réalisée en matière plastique.
Des contacts soyeux pas rugueux
La crosse possède une finition Soft Touch très agréable, le toucher est doux, comme son nom l’indique, et presque soyeux. Par contre elle sonne un peu le creux, il faudra éviter de lui faire heurter des objets à l’approche. Lorsque l’essai prend fin, je dois avouer que j’ai du mal à croire que la carabine que je viens de tester est une entrée de gamme.
Elle est précise, fluide, dotée de départs de grande qualité et d’une offre de calibres très riche. La crosse camo est visuellement efficace et agréable à l’usage. Pourvue d’autant de qualités, la Cherokee semble bel et bien prête à se lancer sur le sentier de vos chasses…