Un air de Paris Plage
Après avoir festoyé toute la nuit dans la brousse environnante, à la recherche de graminées et de touffes tendres, les hippopotames ont pour habitude de regagner leur point d’eau ou la rivière qu’ils fréquentent avant le lever du jour. Ce pour des raisons de tranquillité et de sécurité mais en aucun cas pour ruminer comme certains l’affirment. En effet, si le cheval du fleuve est un herbivore strict, pourvu d’un estomac à trois poches, l’animal – dont le transit des aliments dans l’estomac puis dans l’intestin dure 24 h – n’a en aucun cas besoin de régurgiter une partie de ses 40 kg de ration quotidienne moyenne pour la remastiquer. Des raisons de tranquillité et de sécurité auxquelles il convient d’en adjoindre une autre et non des moindres : la protection de son épiderme car si l’hippo peut se targuer de porter un véritable cuir lisse et satiné – exception faite des nombreuses blessures que portent les mâles – sa peau glabre a un ennemi principal : le soleil. Et ce même si l’animal possède une multitude de glandes produisant un mucus apaisant pour la peau et qui de temps en temps, en raison de sa couleur rouge, est nommé « sueur de sang ». Maintenant, comme tous les mammifères, l’hippopotame a néanmoins besoin de lumière et d’une certaine photopériode. Ce pourquoi, à l’instar de ce groupe de plus de 70 animaux photographié le matin en savane sur la zic 16 de Faro-West-Lobéké, il quitte souvent l’eau le matin pour s’installer sur la berge afin de bénéficier de la luminosité offerte par l’astre solaire avant que les rayons de ce dernier ne deviennent trop violents. Moment auquel il rejoindra l’élément liquide. Ceci étant, comme notre animal est grégaire et que le « gendarme de l’Afrique », comme le nommait Albert Londres, est très vite agressif pour les régions cutanées, la plage horaire intéressante est réduite et cela occasionne parfois de sérieuses bousculades voire de forts encombrements sur les berges.
Olivier Buttin