Jeux non interdits
Autre photographe animalier de talent, le belge Jean-Luc Jorion a surpris, depuis un affût positionné en bordure d’une clairière, cette altercation entre deux faons alors que le brame en est à ses balbutiements. Naturaliste d’expérience, le chasseur d’images ne compte plus les fois où il a assisté, en spectateur privilégié, à des combats de grands cervidés. Ces nombreuses observations lui inspirent réflexions et témoignage. « À ma connaissance, il n’y a aucune raison pour que ces deux faons n’en viennent à se battre. La nourriture est abondante contrairement à certaines périodes de l’année où la concurrence est rude aux points de nourrissage. Je crois que cette rixe est simplement gratuite. Il s’agit d’un jeu, d’un entraînement progressif aux combats d’adultes à venir. Comme chacun sait, les cerfs, lorsqu’ils sont coiffés, s’aident de leurs bois pour
s’affronter. Mais lorsqu’ils sont mulets, les explications ont lieu debout, en appui sur les postérieurs, et les adversaires se cognent à grands coups de pattes. Ce comportement est également vrai chez les biches. J’ai assisté un jour à un face-à-face d’une violence inouïe entre deux daguets qui s’est soldé par la cassure de l’une des dagues de l’un des protagonistes, et ceci d’un seul coup de patte. Il s’en est fallu de peu que l’un des deux adversaires ne soit dagué au ventre. » Contrairement à ce que s’imaginent certains esprits, la nature est aussi belle que cruelle et seuls les plus forts s’en sortent. Tout ceci est bien loin des scénarios édulcorés des dessins animés pour enfants. Jean-Luc Jorion, avec Philippe Aillery