Adieu l’Oncfs, bonjour l’Ofb
Le 1er janvier 2020, au mieux, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage aura vécu. Après quasi un demi-siècle de bons et loyaux services. L’État en a décidé ainsi. L’Oncfs sera fusionné avec l’Agence française pour la biodiversité, au sein d’un futur établissement : l’Office français de la biodiversité.
Fondé en 1972, l’Office national de la chasse prend le relais du Conseil supérieur de la chasse, créé par la loi de 1941. Celle-ci met également en place les Fédérations départementales des chasseurs. L’Onc – qui deviendra Oncfs en 2000 – a cette particularité d’être financé par les chasseurs via des taxes autrement appelées redevances cynégétiques. Financement hier à 100 %, aujourd’hui à 65 %, demain à 40 % (permis national à 200 euros oblige). Il apparaît que cette « prise en charge », qui satisfaisait à la fois les responsables cynégétiques et l’État, compliqua l’existence de l’Office. Ainsi, au milieu des années 1980, à propos de la garderie, de son financement et de sa direction, un contentieux vit le jour entre l’Onc et les Fdc. L’ancien directeur général de l’Office, Jean-Pierre Poly, eut pour mission de pacifier les choses. Et, au passage, de faire économiser à l’État 25 millions d’euros aux dépens des Fdc. Le conflit laissera des traces.
Ailleurs, une autre histoire s’écrivait. L’idée d’une structure globale en charge de la préservation de la biodiversité apparaît sous la présidence de Nicolas Sarkozy, lors du Grenelle de l’Environnement en 2007. La création d’une telle « agence nationale de la nature » est reprise par François Hollande. Il promet à chacun ce qu’il veut entendre : aux chasseurs de ne pas les y faire rentrer, aux écolos d’en rester seuls maîtres à bord. Promesses tenues. Parallèlement, la gestion de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), créé en 2007, a toujours fait l’objet de critiques de la part de la Cour des comptes. En 2013, un énième rapport dénonce de « graves déficiences ». Le sauvetage du soldat Onema précipite les choses. La loi du 8 août 2016 « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » annonce la création de l’Agence française pour la biodiversité, et prévoit l’intégration de l’Onema. Le 23 décembre suivant, est signé le décret de création de l’Afb. François Hollande laisse Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, et Barbara Pompili, secrétaire d’État à la Biodiversité, confier la direction de l’Afb aux dirigeants de l’ancien Rassemblement des opposants à la chasse (Roc) rebaptisé Humanité et Biodiversité.
Dans un premier temps, pour avoir cru que l’Afb ne verrait pas le jour, ou pas aussi tôt, ou pas sous cette forme, les responsables cynégétiques refusèrent la fusion de l’Oncfs et de celle-ci. Puis, observant que les choses se feraient, avec ou sans eux, certains responsables cynégétiques souhaitèrent le rapprochement. Mais il était trop tard. L’Afb était sur rails. Et certains avaient programmé que l’Oncfs l’intégrerait, d’une façon ou d’une autre. Pour leur part, le président de la Fnc et certains de ses collègues encourageaient ce rapprochement.
Actuellement, le projet de loi portant création de l’Ofb est à l’étude. Barbara Pompili, députée de la Somme (hier Verte, aujourd’hui Lrem), en est la rapporteuse. Dans quel état d’esprit discutera-t-elle avec Willy Schraen ? Idem, du ministre de la Transition écologique, François de Rugy (hier député écolo de Loire-Atlantique, aujourd’hui Lrem). Au sein de cet Ofb, qui l’emportera ? L’esprit de l’Oncfs ou celui de l’Afb ? La gestion pragmatique des ressources naturelles ou une écologie dogmatique, avide de sanctuaires, excluante ? Déjà, dans son conseil d’administration, il est assuré que les chasseurs n’auront pas la majorité des voix.
Quoi que l’on puisse reprocher à l’Oncfs, et au-delà de la mésentente avec une partie du monde fédéral, nous pourrons nous interroger sur les bénéfices à tirer de la disparition de l’office. Et sur le degré d’influence de la chasse au sein du futur Ofb. À moins que le renforcement du pouvoir de la Fnc, unique porte-voix de la chasse, constitue la bonne stratégie. L’avenir nous dira si l’on eut tort ou raison de laisser filer l’office. Au final, durant près de cinquante ans, l’Oncfs aura été le relais de nos préoccupations et, parfois, le garde-fou de nos passions. Bonne lecture à toutes et à tous.
L’équipe de Connaissance de la Chasse vous souhaite de belles fêtes de fin d’année, et vous présente ses meilleurs voeux pour la nouvelle année 2019.