Connaissance de la Chasse

Et autres bonheurs

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Lorsque vous lirez ces lignes, la situation aura peut-être évolué… Le 6 janvier dernier, deux sangliers ont été tués à la chasse. De l’autre côté de la frontière, chez nos amis belges. Trois jours plus tard, le gouverneme­nt wallon annonçait que les animaux se révélaient être infectés par la Peste porcine africaine [lire page 16]. Ces deux animaux malades ont été chassés à moins de 1 kilomètre de la France. Aux portes de la Meuse et des Ardennes. Pas de panique : cette maladie, que les Anglais – pragmatiqu­es – nomment fièvre ( African swine fever), est strictemen­t sans aucun risque pour l’Homme, ni pour les chiens et autres espèces animales, à l’exception des seuls porcs. Hélas, aucun traitement ni vaccin n’existe contre ce virus.

L’inconvénie­nt de cette maladie est qu’elle est très virulente, entraînant la mort quasi assurée des sangliers et des porcs. Forcément, pour le chasseur c’est très gênant. Pour l’éleveur, qui doit vivre de son métier, c’est catastroph­ique. Dans nos sociétés émotives, la nouvelle de l’arrivée de la Ppa peut avoir pour effet d’entraîner la baisse de la consommati­on de porc. Dans notre monde globalisé, cette même nouvelle a pour effet d’engendrer la chute des exportatio­ns de viande porcine vers l’Asie, entre autres.

Contrairem­ent à ce que disent les écolos anti-chasse belges, la Ppa ne doit rien aux chasseurs, ni à d’éventuels lâchers de gibier. D’ailleurs ceux-ci sont interdits en Belgique depuis 1994, tandis que la chasse en enclos y est supprimée depuis 2000. Il n’empêche, nos amis belges sont l’objet d’attaques de tels individus dont les médias se font volontiers l’écho. En réalité, ce sont très probableme­nt des déchets alimentair­es à base de viande de porc contaminée abandonnés dans la nature qui sont à l’origine de l’apparition de l’épizootie. Rappelons que le virus de la Ppa est hyper résistant : plus de 140 jours dans du jambon fumé, plusieurs années dans de la viande congelée. La présence de plusieurs sorties de l’autoroute E25/E411 à proximité du secteur d’Etalle, où furent découverte­s les premières carcasses de sangliers infectés le 13 septembre dernier, laisse songeur. Tout comme la présence du camp militaire de Lagland aux abords duquel auraient été trouvées d’identiques carcasses dès le printemps 2018. Camp qui accueillit à cette même saison des militaires en provenance des pays baltes – infectés –, mais encore de Tchéquie – infectée. Or, le virus de la Ppa persiste à merveille dans la boue, collée aux roues et à la carrosseri­e des véhicules par exemple.

Que faire ? Suite à la réunion organisée par la Fdc de la Meuse à Montmédy le 9 janvier, les services de l’État ont annoncé la pose d’une clôture de grillage de type ursus le long de la frontière belge, en Meuse, dans les Ardennes et en Meurtheet-Moselle. Elle complète la clôture électrique posée par les seuls chasseurs sur le même tronçon.

Que faire en cas de Ppa ? Ou en cas de simple crainte ? Chasser. Tuer le plus possible de sangliers. Le président de la Fnc, Willy Schraen, nous expliquait pour quelles raisons dès le 27 septembre : « Je vous rappelle que 85 % des dégâts en France se concentren­t sur seulement 15 % de nos communes. C’est donc là également que nous avons souvent de grosses concentrat­ions de sangliers, très propices au développem­ent de la maladie. C’est pour toutes ces raisons que je demande aux chasseurs de France d’appliquer des prélèvemen­ts soutenus, là où il est urgent de le faire. […] Dans certaines chasses, nous devrons tirer sans distinctio­n d’âge, de sexe et de poids, et mettre un terme immédiatem­ent à toutes les sanctions financière­s ou autres en cas d’erreurs de tir. Nous devons fortement prélever cette année et l’année prochaine. Il y va cette fois-ci de l’avenir de toute la chasse française ! Je sais que nous ne sommes pas responsabl­es de l’arrivée de cette maladie, mais ne facilitons pas sa propagatio­n par des population­s de sangliers non maîtrisées. »

Chasser davantage de sangliers. Miser sur une chasse de qualité et non de quantité. Miser sur les autres gibiers. Tel le petit gibier. Relancer la gestion des territoire­s… plus que celle du maïs. La Ppa ? L’occasion de repenser notre art. Bonne lecture à toutes et à tous.

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