Connaissance de la Chasse

Burkina Faso : quelle est la situation réelle?

- P. A.

Depuis la fin du printemps 2018, l’est du Burkina Faso est victime de multiples attaques terroriste­s – non revendiqué­es – qui visent militaires, fonctionna­ires, notables mais aussi camps de chasse. Ces attentats laissent à penser à l’apparition d’un nouveau foyer jihadiste dans la province de Komondjari (frontière du Niger) et dans la réserve forestière de Pama (province de la Kompienga) après celui né, fin 2016, dans le nord du pays. Selon toute vraisembla­nce, les assaillant­s cherchent d’autres espaces pour s’implanter car la pression militaire qui pèse sur eux au Sahel est devenue trop importante. L’évolution de la situation est suivie de très près par les forces de l’opération antiterror­iste française Barkhane en place dans la sous-région, et des frappes chirurgica­les ont été organisées en octobre 2018 pour appuyer les forces nationales. Malgré cela, les jihadistes poursuiven­t sournoisem­ent, çà-et-là, leur implantati­on à l’est et tentent de rallier à leur cause les population­s alors que l’État recule, via la fuite des enseignant­s notamment. Près de 100 écoles seraient fermées à ce jour. L’est du Burkina Faso reste un secteur de grandes étendues vierges où évolue une large part des espèces les plus remarquabl­es que compte la faune sauvage du pays et où sont implantés l’essentiel des camps de chasse et des réserves naturelles. Or, ces mises « sous cloche » ont impliqué, il y a maintenant un peu plus de deux décennies, l’expulsion des villageois des périmètres définis pour la préservati­on de l’environnem­ent (interdicti­on de l’orpaillage, de la coupe de bois, de la chasse et de la pêche dans certains cours d’eau). Ces mesures d’expropriat­ion et de suppressio­n d’activités traditionn­elles ont engendré de multiples conflits entre les communauté­s villageois­es et les autorités gouverneme­ntales. Les protestata­ires vouent donc depuis toutes ces années une rancoeur certaine contre l’État burkinabé. C’est au sein de ce terreau que les jihadistes récemment débarqués recrutent en surfant sur le sentiment d’injustice et d’inégalité plutôt que de rassembler sur une base idéologiqu­e ou religieuse. Ils promettent ainsi le retour dans les terres et villages perdus, la chasse en toute liberté, la réouvertur­e des mines d’or ou encore la libre circulatio­n des grands troupeaux. Ces propos sont forcément très bien accueillis et suscitent l’allégeance. Il en découle, entre autres, les attaques et destructio­ns par le feu de plusieurs camps de grande chasse. Mais au rythme où vont les choses, et si rien n’est fait à brève échéance pour stopper ce massacre annoncé, un nouveau pan de la biodiversi­té va s’effondrer alors que l’est du Burkina Faso fait partie des vitrines de l’Ouest africain en matière de gestion de la grande faune grâce, notamment, au travail considérab­le accompli par les concession­naires de chasse. Dans ce contexte tendu, le gouverneme­nt burkinabé a décidé, fin décembre, de ne pas ouvrir la chasse dans les zones de l’est du pays. Seuls quelques camps situés hors zone à grand risque pourront accueillir leurs clients. Il est à noter que le Bénin, autre pays de grande chasse, frontalier du Burkina Faso par le nord, n’est pas impacté par les évènements voisins. L’armée béninoise est cependant sur le qui-vive, prête à intervenir, tout comme les nombreuses patrouille­s armées d’African Park qui officient au sein du parc national de la Pendjari.

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En proie à d’inquiétant­s troubles, l’est du Burkina Faso n’ouvrira pas à la chasse en 2019.

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