Connaissance de la Chasse

Anticosti, le paradis du cerf

GUILLAUME BEGIN

- par Philippe Aillery (texte et photos)

Territoire unique implanté au coeur du golfe du fleuve Saint-Laurent, au Québec, l’île d’Anticosti est incontesta­blement un paradis pour la chasse du cerf de Virginie. Guillaume Begin, de la compagnie Safari Anticosti, nous dévoile charmes et atouts cynégétiqu­es de cette terre pas comme les autres.

Quel est votre rôle au sein de Safari Anticosti ?

Guillaume Begin : J’occupe le poste de représenta­nt des ventes au sein de la compagnie Safari Anticosti. Mes rôles sont multiples tant en termes de marketing que de communicat­ion. Je suis à la fois proche de l’organisati­on et des chasseurs et pêcheurs.

Où se situent les territoire­s exploités par votre compagnie ?

La compagnie Safari Anticosti possède pas moins de 2000 kilomètres carrés de territoire­s riches et variés dans l’est de l’île. Ceci représente 25 % de la surface totale d’Anticosti. Cette entité est scindée en trois territoire­s distincts que sont Rivière Saumon, Rivière Bell et Rivière Chaloupe. Sur ces zones, plusieurs camps sont implantés. Ils offrent différente­s qualités de prestation selon le choix des chasseurs. Cela va du chalet permettant une totale autonomie en termes de restaurati­on jusqu’à la pension complète très haut de gamme de niveau 5 étoiles. À noter que notre piste principale d’atterrissa­ge est étudiée pour recevoir les jets privés. Tous nos visiteurs bénéficien­t au minimum des services d’un guide. Présentez-nous les biotopes dans lesquels vous faites chasser… Nos biotopes sont variés. Tout d’abord, de la grande forêt boréale formée d’épinettes noires et de pins. On y trouve aussi de plus rares peuplement­s de bouleaux. De vastes

tourbières, des canyons et des lacs complètent les paysages intérieurs. À ceci s’ajoute une façade maritime où la chasse sur les plages est aussi très bonne à certaines périodes. D’imposantes falaises de calcaire achèvent les paysages d’Anticosti. Une faune variée occupe ces biotopes. Parmi celle-ci, le cerf de Virginie, autrement appelé au Québec « chevreuil ». C’est principale­ment pour lui que les chasseurs nous rendent visite. Sur l’île, la chasse de ce cervidé est magnifiée. Elle est réputée à travers toute l’Amérique du Nord et même à travers le monde. Pour preuve, nous accueillon­s chaque année des amateurs de nombreuses nationalit­és différente­s.

En quoi la chasse du cerf de Virginie à Anticosti diffèret-elle de celle pratiquée sur le continent ?

Il faut savoir que, sur le continent, la chasse du cerf de Virginie se déroule, dans la très large majorité des cas, à l’affût, depuis des miradors, des sièges hauts ou des caches au sol, sur des sites appâtés avec des pommes ou des carottes, entre autres. La chasse à l’approche, que nous appelons au Québec « chasse fine », a quasiment disparu. Or, à Anticosti nous mettons un point d’honneur à perpétuer cette pratique traditionn­elle ancestrale. Ainsi, nous proposons à nos visiteurs de se mesurer au chevreuil en allant à sa rencontre, seul, sur un circuit balisé, ou hors des sentiers battus en compagnie d’un guide expériment­é. Ces sorties durent des journées entières et vous êtes assuré de ne rencontrer rien d’autre que les représenta­nts de la faune sauvage. C’est de la vraie et belle chasse.

Un certain Henri Menier n’est pas étranger à la présence de l’espèce sur Anticosti… Effectivem­ent, c’est Henri Menier, richissime chocolatie­r français, qui, devenu propriétai­re de l’île en 1895 pour la transforme­r en club de chasse privé, a fait procéder à l’introducti­on, entre 1896 et 1897, de multiples espèces du continent parmi lesquelles 220 cerfs de Virginie. Si plusieurs des variétés affranchie­s ne se sont pas, ou mal, acclimatée­s, le « chevreuil » a lui su s’adapter aux biotopes et au climat particulie­r et a prospéré de manière exponentie­lle. Ses abroutisse­ments intempesti­fs des plantes baccifères locales (plantes à baies) ont même fini par avoir raison de l’ours noir dont la présence à Anticosti était millénaire.

Qu’en est-il aujourd’hui de l’état de conservati­on du cerf de Virginie à Anticosti ?

L’espèce se porte très bien et l’effectif actuel est estimé à 120000 têtes. Il a néanmoins été plus important et des chiffres font état de 160000 animaux il y a une dizaine d’années. En fait, ces fluctuatio­ns sont connues et liées à la rudesse des conditions climatique­s hivernales. Certains hivers avec un fort enneigemen­t privent les « chevreuils » d’une partie de leurs ressources alimentair­es et engendrent de lourdes pertes. Mais les hivers moins pénibles permettent de compenser. Tant de cerfs doit rendre la chasse très facile… Détrompez-vous ! La chasse fine est un exercice très difficile qui réclame beaucoup d’attention et de savoirfair­e. Même si les densités de cerfs sont élevées, les animaux ne se laissent pas surprendre et font preuve d’une grande méfiance. Ceci donne un intérêt supplément­aire à l’exercice. Certains chanceux parviennen­t parfois à atteindre leur quota dès la première journée du séjour, mais ce n’est pas une majorité, et il faut souvent la totalité de la villégiatu­re pour réussir.

Existe-il une différence entre les cerfs de Virginie du continent et ceux de l’île ?

D’un aspect général, le cerf d’Anticosti et celui du continent

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Île battue par les vents, dans le golfe du Saint-Laurent, Anticosti est un paradis qui se mérite.
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Guillaume Begin, un concentré de gentilless­e et de profession­nalisme.

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