Anticosti, le paradis du cerf
GUILLAUME BEGIN
Territoire unique implanté au coeur du golfe du fleuve Saint-Laurent, au Québec, l’île d’Anticosti est incontestablement un paradis pour la chasse du cerf de Virginie. Guillaume Begin, de la compagnie Safari Anticosti, nous dévoile charmes et atouts cynégétiques de cette terre pas comme les autres.
Quel est votre rôle au sein de Safari Anticosti ?
Guillaume Begin : J’occupe le poste de représentant des ventes au sein de la compagnie Safari Anticosti. Mes rôles sont multiples tant en termes de marketing que de communication. Je suis à la fois proche de l’organisation et des chasseurs et pêcheurs.
Où se situent les territoires exploités par votre compagnie ?
La compagnie Safari Anticosti possède pas moins de 2000 kilomètres carrés de territoires riches et variés dans l’est de l’île. Ceci représente 25 % de la surface totale d’Anticosti. Cette entité est scindée en trois territoires distincts que sont Rivière Saumon, Rivière Bell et Rivière Chaloupe. Sur ces zones, plusieurs camps sont implantés. Ils offrent différentes qualités de prestation selon le choix des chasseurs. Cela va du chalet permettant une totale autonomie en termes de restauration jusqu’à la pension complète très haut de gamme de niveau 5 étoiles. À noter que notre piste principale d’atterrissage est étudiée pour recevoir les jets privés. Tous nos visiteurs bénéficient au minimum des services d’un guide. Présentez-nous les biotopes dans lesquels vous faites chasser… Nos biotopes sont variés. Tout d’abord, de la grande forêt boréale formée d’épinettes noires et de pins. On y trouve aussi de plus rares peuplements de bouleaux. De vastes
tourbières, des canyons et des lacs complètent les paysages intérieurs. À ceci s’ajoute une façade maritime où la chasse sur les plages est aussi très bonne à certaines périodes. D’imposantes falaises de calcaire achèvent les paysages d’Anticosti. Une faune variée occupe ces biotopes. Parmi celle-ci, le cerf de Virginie, autrement appelé au Québec « chevreuil ». C’est principalement pour lui que les chasseurs nous rendent visite. Sur l’île, la chasse de ce cervidé est magnifiée. Elle est réputée à travers toute l’Amérique du Nord et même à travers le monde. Pour preuve, nous accueillons chaque année des amateurs de nombreuses nationalités différentes.
En quoi la chasse du cerf de Virginie à Anticosti diffèret-elle de celle pratiquée sur le continent ?
Il faut savoir que, sur le continent, la chasse du cerf de Virginie se déroule, dans la très large majorité des cas, à l’affût, depuis des miradors, des sièges hauts ou des caches au sol, sur des sites appâtés avec des pommes ou des carottes, entre autres. La chasse à l’approche, que nous appelons au Québec « chasse fine », a quasiment disparu. Or, à Anticosti nous mettons un point d’honneur à perpétuer cette pratique traditionnelle ancestrale. Ainsi, nous proposons à nos visiteurs de se mesurer au chevreuil en allant à sa rencontre, seul, sur un circuit balisé, ou hors des sentiers battus en compagnie d’un guide expérimenté. Ces sorties durent des journées entières et vous êtes assuré de ne rencontrer rien d’autre que les représentants de la faune sauvage. C’est de la vraie et belle chasse.
Un certain Henri Menier n’est pas étranger à la présence de l’espèce sur Anticosti… Effectivement, c’est Henri Menier, richissime chocolatier français, qui, devenu propriétaire de l’île en 1895 pour la transformer en club de chasse privé, a fait procéder à l’introduction, entre 1896 et 1897, de multiples espèces du continent parmi lesquelles 220 cerfs de Virginie. Si plusieurs des variétés affranchies ne se sont pas, ou mal, acclimatées, le « chevreuil » a lui su s’adapter aux biotopes et au climat particulier et a prospéré de manière exponentielle. Ses abroutissements intempestifs des plantes baccifères locales (plantes à baies) ont même fini par avoir raison de l’ours noir dont la présence à Anticosti était millénaire.
Qu’en est-il aujourd’hui de l’état de conservation du cerf de Virginie à Anticosti ?
L’espèce se porte très bien et l’effectif actuel est estimé à 120000 têtes. Il a néanmoins été plus important et des chiffres font état de 160000 animaux il y a une dizaine d’années. En fait, ces fluctuations sont connues et liées à la rudesse des conditions climatiques hivernales. Certains hivers avec un fort enneigement privent les « chevreuils » d’une partie de leurs ressources alimentaires et engendrent de lourdes pertes. Mais les hivers moins pénibles permettent de compenser. Tant de cerfs doit rendre la chasse très facile… Détrompez-vous ! La chasse fine est un exercice très difficile qui réclame beaucoup d’attention et de savoirfaire. Même si les densités de cerfs sont élevées, les animaux ne se laissent pas surprendre et font preuve d’une grande méfiance. Ceci donne un intérêt supplémentaire à l’exercice. Certains chanceux parviennent parfois à atteindre leur quota dès la première journée du séjour, mais ce n’est pas une majorité, et il faut souvent la totalité de la villégiature pour réussir.
Existe-il une différence entre les cerfs de Virginie du continent et ceux de l’île ?
D’un aspect général, le cerf d’Anticosti et celui du continent