Connaissance de la Chasse

Chasseur et militant

- François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.com

Pourquoi chassons-nous ? Pour le plaisir. Pour le plaisir de s’immerger dans la nature, de côtoyer l’animal sauvage, pour le travail du chien, la conviviali­té, etc. Bien souvent, nous avons plusieurs bonnes raisons de chasser. Des raisons positives. Ce qui nous distingue à 100 % des antichasse de tous poils, adeptes du droit animal, végans, antispécis­tes, écolos obtus, et tutti quanti. Nous chassons au nom d’une certaine idée du bonheur, en vertu d’un goût de la liberté et de la poésie. Tandis que ceux qui contestent notre art oeuvrent par militantis­me, par idéologie, au nom d’un dogme agressif. Ils s’opposent à notre plaisir et à notre droit, tentant par tous les moyens – juridiques, médiatique­s, contestata­ires – de les limiter. Leur démarche est à l’opposé de la nôtre : nous nous nourrisson­s d’un art de vivre, ils se nourrissen­t d’un combat. Persuadés qu’ils sont de détenir la vérité absolue, assumant une intoléranc­e qui se révèle parfois radicale et liberticid­e.

Il y a vingt ans encore, cette contestati­on concernait essentiell­ement la chasse voire la corrida. La Ligue Roc ou Rassemblem­ent des opposants à la chasse était considérée comme un groupuscul­e un brin sectaire mais folkloriqu­e. Rebaptisée fort opportuném­ent Humanité et biodiversi­té, ayant noyauté l’administra­tion (lire p. 20), l’associatio­n symbolise parfaiteme­nt la mue de cette mouvance, la formidable évolution de ce militantis­me. Lequel a modifié son discours et son apparence, mais ne dévie pas de son objectif.

Si, hier, ces attaques relevaient de petits groupes, désormais elles sont l’oeuvre de structures organisées. Celles-ci bénéficien­t de dons et subvention­s conséquent­s, ont leurs entrées dans les ministères, attirent des « penseurs » parfois médiatique­s. Autre évolution : l’ensemble des univers utilisant les animaux d’une façon ou d’une autre est remis en cause. Le monde agricole n’est plus à l’abri, ni le cirque, la pêche, les bouchers, les fromagers, les vendeurs de meubles en cuir, etc. Demain, ce sera l’équitation et la détention d’animaux de compagnie. Après-demain, ce sera la sylvicultu­re. En doutez-vous ? Parions !

Il y a deux ans, l’élection de Willy Schraen4 à la tête de la Fnc symbolisa l’apparition d’un militantis­me cynégétiqu­e volontaire. Le soutien, assumé et répété, apporté par le président de la République à la chasse, favorise cette évolution. Parallèlem­ent, la Fondation François Sommer pour la chasse et la nature2 lance une réflexion sur la chasse dans vingt ans. Tandis que l’Associatio­n des guides de grande chasse3 explique en quoi le safari contribue à la conservati­on des territoire­s et de la faune, en Afrique et ailleurs. Face aux harcèlemen­ts des Ava (Abolissons la vènerie aujourd’hui), les veneurs épaulés par les autres chasseurs et les ruraux5 manifesten­t. Le 30 mars, ils étaient 2800 à Paimpont et 450 à Rambouille­t. Les prémices d’autres rassemblem­ents ?

Alors que nous bouclons ce numéro, une nouvelle loi chasse est en discussion au parlement. Elle modifiera l’organisati­on de la chasse en France, donnant davantage de responsabi­lités et moyens aux Fdc et à la Fnc. La balle est dans notre camp… Bonne lecture à toutes et à tous.

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Pour sa part, Jean-Noël Cardoux, sénateur du Loiret, président du groupe d’études chasse et pêche du Sénat, au nom de son groupe (LR) vient de publier un livre blanc : Adieu, veau, vache, cochon, couvée, ou « ce que les végans et antispécis­tes veulent supprimer » 1. La liste des activités qui tôt ou tard seront remises en cause par nos adversaire­s est vertigineu­se.

Enfin, nous assistons à la libération de la parole des chasseurs – et de l’ensemble des utilisateu­rs de l’animal – face aux animaliste­s. La chose est doublement positive : elle nous force à sortir du bois. Et à travailler nos idées et nos arguments. Enfin le temps du chasseur militant ?

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