Chasseur et militant
Pourquoi chassons-nous ? Pour le plaisir. Pour le plaisir de s’immerger dans la nature, de côtoyer l’animal sauvage, pour le travail du chien, la convivialité, etc. Bien souvent, nous avons plusieurs bonnes raisons de chasser. Des raisons positives. Ce qui nous distingue à 100 % des antichasse de tous poils, adeptes du droit animal, végans, antispécistes, écolos obtus, et tutti quanti. Nous chassons au nom d’une certaine idée du bonheur, en vertu d’un goût de la liberté et de la poésie. Tandis que ceux qui contestent notre art oeuvrent par militantisme, par idéologie, au nom d’un dogme agressif. Ils s’opposent à notre plaisir et à notre droit, tentant par tous les moyens – juridiques, médiatiques, contestataires – de les limiter. Leur démarche est à l’opposé de la nôtre : nous nous nourrissons d’un art de vivre, ils se nourrissent d’un combat. Persuadés qu’ils sont de détenir la vérité absolue, assumant une intolérance qui se révèle parfois radicale et liberticide.
Il y a vingt ans encore, cette contestation concernait essentiellement la chasse voire la corrida. La Ligue Roc ou Rassemblement des opposants à la chasse était considérée comme un groupuscule un brin sectaire mais folklorique. Rebaptisée fort opportunément Humanité et biodiversité, ayant noyauté l’administration (lire p. 20), l’association symbolise parfaitement la mue de cette mouvance, la formidable évolution de ce militantisme. Lequel a modifié son discours et son apparence, mais ne dévie pas de son objectif.
Si, hier, ces attaques relevaient de petits groupes, désormais elles sont l’oeuvre de structures organisées. Celles-ci bénéficient de dons et subventions conséquents, ont leurs entrées dans les ministères, attirent des « penseurs » parfois médiatiques. Autre évolution : l’ensemble des univers utilisant les animaux d’une façon ou d’une autre est remis en cause. Le monde agricole n’est plus à l’abri, ni le cirque, la pêche, les bouchers, les fromagers, les vendeurs de meubles en cuir, etc. Demain, ce sera l’équitation et la détention d’animaux de compagnie. Après-demain, ce sera la sylviculture. En doutez-vous ? Parions !
Il y a deux ans, l’élection de Willy Schraen4 à la tête de la Fnc symbolisa l’apparition d’un militantisme cynégétique volontaire. Le soutien, assumé et répété, apporté par le président de la République à la chasse, favorise cette évolution. Parallèlement, la Fondation François Sommer pour la chasse et la nature2 lance une réflexion sur la chasse dans vingt ans. Tandis que l’Association des guides de grande chasse3 explique en quoi le safari contribue à la conservation des territoires et de la faune, en Afrique et ailleurs. Face aux harcèlements des Ava (Abolissons la vènerie aujourd’hui), les veneurs épaulés par les autres chasseurs et les ruraux5 manifestent. Le 30 mars, ils étaient 2800 à Paimpont et 450 à Rambouillet. Les prémices d’autres rassemblements ?
Alors que nous bouclons ce numéro, une nouvelle loi chasse est en discussion au parlement. Elle modifiera l’organisation de la chasse en France, donnant davantage de responsabilités et moyens aux Fdc et à la Fnc. La balle est dans notre camp… Bonne lecture à toutes et à tous.
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Pour sa part, Jean-Noël Cardoux, sénateur du Loiret, président du groupe d’études chasse et pêche du Sénat, au nom de son groupe (LR) vient de publier un livre blanc : Adieu, veau, vache, cochon, couvée, ou « ce que les végans et antispécistes veulent supprimer » 1. La liste des activités qui tôt ou tard seront remises en cause par nos adversaires est vertigineuse.
Enfin, nous assistons à la libération de la parole des chasseurs – et de l’ensemble des utilisateurs de l’animal – face aux animalistes. La chose est doublement positive : elle nous force à sortir du bois. Et à travailler nos idées et nos arguments. Enfin le temps du chasseur militant ?