Sur un bûcher perché

Fin juin 2013, le doux soleil du début de l’été réchauffe le vignoble d’Alsace. La campagne est paisible. Par le biais d’une amie de son épouse, le photographe animalier Julien Picot, fidèle animateur de cette rubrique, apprend qu’une nichée de renardeaux s’expose en pleine journée à découvert et qu’elle

ne manifeste qu’une méfiance très relative à l’égard des humains. Le chasseur d’images n’y tient plus, il faut qu’il aille voir cela de plus près et qu’il tente d’immortaliser les jeunes goupils. Pourtant, le temps lui presse car il doit partir en vacances en famille quelques heures plus tard. Sans tarder donc, Julien se rend sur zone et improvise un affût sous des filets de camouflage au bord d’un rang de vigne. La récompense ne tarde pas avec la sortie des renardeaux. Comme tous ceux de leur âge, le jeu et la découverte de leur environnement occupent une grande part de leurs activités d’émancipation. Parmi la portée en présence, un animal se montre plus entreprenant que les autres, c’est régulièrement le cas.

L’intrépide entreprend de se hisser sur un tas de bois soigneusement rangé pour scruter les alentours. Le photographe ne manque rien de la scène et réalise une série d’images. Le renard fixe l’objectif, il semble poser pour lui. À l’heure de commenter cette séquence, le naturaliste nous confie : « Que de souvenirs ! Comme le disait le cinéaste solognot Jean-Paul Grossin : “Dans la nature, tout est éphémère et il ne faut jamais remettre les choses au lendemain”. Bien m’en a pris de faire ces photos sans attendre car, à mon retour de congés, un propriétaire avait coupé quelques arbres à proximité du terrier et la renarde et sa progéniture avaient déserté les lieux. » Julien Picot, avec Philippe Aillery