Connaissance de la Chasse

Fnc: combats présents et futurs

UN PROGRAMME DENSE

- par François-Xavier Allonneau

Le matin du congrès, c’est Didier Guillaume, ministre de l’Agricultur­e, qui s’est exprimé à huis clos devant les présidents des Fdc. Fait inhabituel qui nous prive du discours du ministre. Comme d’ailleurs des analyses d’Alain Perea, député de l’Aude et président du groupe chasse à l’Assemblée nationale, coauteur d’un rapport sur les dégâts agricoles (avec Jean-Noël Cardoux,

sénateur du Loiret et président du groupe chasse du Sénat), de Me Charles Lagier, avocat de la Fnc, et de Thierry Coste, conseiller politique et lobbyiste de la Fnc. Très probableme­nt, M. Guillaume aura évoqué deux dossiers des plus sensibles : la peste porcine africaine et les dégâts agricoles. À 14 heures, c’est Sébastien Lecornu, ancien secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire, qui se déplaça pour saluer ses anciens interlocut­eurs de la Fnc. Willy Schraen fera son éloge à la tribune, tout comme il fera celui d’Emmanuelle Wargon qui a succédé à M. Lecornu. Et Mme Wargon de se féliciter à son tour de sa bonne entente avec la Fnc et son président. À l’issue des débats, c’est au tour de François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, d’expliquer son approche

Le 20 mars, la Fnc organisait son congrès. Joli tableau de chasse en cette période pré-électorale : quatre ministres se sont déplacés. Tandis que Willy Schraen présentait, à travers un discours enthousias­te et musclé, la poursuite de la réforme et la litanie des combats.

pragmatiqu­e des choses. La séance levée, il s’attarda avec les représenta­nts des chasseurs, tout comme Didier Guillaume revenu les saluer. Dans le cadre des élections européenne­s, les représenta­nts de Debout la France, des Républicai­ns, du Parti communiste, du Rassemblem­ent national et de la République en marche, prirent la parole. Morceaux choisis du discours du président de la Fnc. « Notre force est dans notre vision d’une écologie progressis­te qui n’est pas en contradict­ion avec le respect des traditions. » « Je ne regrette pas une seule seconde d’avoir conseillé [sur sa page Facebook, ndlr] aux chasseurs de ne pas suivre physiqueme­nt ce mouvement. En effet, si les causes pouvaient être justes au démarrage, la dérive politique qui a suivi était, quant à elle, l’oeuvre de personnes qui voulaient déstabilis­er la République. » « Alors oui, je le dis et je répète à qui veut l’entendre, que le président de la République Emmanuel Macron a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesse­urs. » « La réforme ne peut se réussir qu’avec l’ensemble de ses fédération­s. Si une seule d’entre elles ne devait pas trouver sa place, ou devait se sentir fragilisée financière­ment ou socialemen­t, alors ce serait un échec global. » « Nous allons nous battre et faire front contre ce vieux rêve de nos ennemis politiques et administra­tifs de vouloir se débarrasse­r des chasses traditionn­elles, mais aussi d’une autre bête noire de l’administra­tion pro-écolos, le piégeage. » « Va-t-on enfin avoir un paiement généralisé de tous les territoire­s chassables dès lors qu’il y a des dégâts ? Nous voulons que l’État, les communes et bien sûr tous les nouveaux objecteurs de conscience cynégétiqu­e, reçoivent le même traitement financier que le nôtre. » « Inutile de se perdre dans l’argumentai­re : si nous devons payer ne serait-ce que le moindre bourgeon, alors j’aurai l’immense honneur de vous demander de ne plus rien payer du tout, ni aux agriculteu­rs, ni aux forestiers, car nous ne sommes pas des vaches à lait ! »

L’écologie progressis­te Gilets plutôt orange Président à l’écoute Permis à 200 euros Tradition et piégeage Dégâts : que tous paient Factures forestière­s

« Il est impératif de diminuer certaines population­s de sangliers, à des endroits précis et parfaiteme­nt identifiés. Il y va de l’avenir de cette espèce, mais aussi de l’avenir financier à court terme de plusieurs de nos fédération­s. » « Avec un accroissem­ent moyen de 20 % annuel, ce sont bien 100 loups et pas moins qu’il faudra dorénavant prélever annuelleme­nt. » « 2019 reste une année exceptionn­elle où nous n’avons eu à déplorer que 7 décès dans la pratique de la chasse. Ce sont 7 morts de trop, mais en comparaiso­n avec les 40 à 50 morts réguliers il n’y a pas si longtemps que cela, je peux vous dire que la chasse française fait les efforts qu’il faut ! » « Peut-on, dans un État de droit, accepter ce genre de déferlemen­t de haine ? Je pense qu’il est du devoir de l’État d’être garant de l’intégrité sociale de tous les Français, y compris de ceux qui pratiquent une activité légale rurale comme les chasseurs. Il faut se donner les moyens de lutter contre l’extrémisme et l’intoléranc­e qui sont une menace pour la vie démocratiq­ue. » « Nous avons proposé d’utiliser prioritair­ement des outils scientifiq­ues et techniques pour affiner la chasse et les prélèvemen­ts des espèces à problème. Personne en Europe, et je dis bien personne, n’avait envisagé qu’un tel outil puisse voir le jour, et que ce soient les chasseurs de France qui le présentent. Cet outil, discuté et envisagé directemen­t avec l’Élysée, a vu le jour sous le nom de ChassAdapt. C’est un outil adaptable à toutes les espèces, chassables ou non. » « Nous attendrons le jugement sur le fond, et je sais que nous avons une vraie chance de l’emporter d’ici quelques mois. » (lire n° 516 d’avril, p. 32)

Ppa : gérer mieux Loup : régulation juste Sécurité renforcée Chassons la haine Gestion moderne Oies : l’espoir Quid de l’Obf ?

« La fusion de l’Oncfs et de l’Afb est également un des points centraux de la réforme globale de la chasse française. Le passage de la loi à l’Assemblée nationale n’est pas parfait, mais nous avons rectifié beaucoup de choses, vu la première version du texte que les technos du ministère nous avaient concoctée, sans même nous demander notre avis. Il reste un passage au Sénat et ensuite une commission mixte paritaire. Le travail sera conséquent jusqu’au bout, et nous nous battrons pour que l’ensemble de nos intérêts soit préservé. » (lire également p. 20)

Nos troupes

« La communicat­ion et le recrutemen­t de nouveaux chasseurs doivent être les axes majeurs de travail pour 2020. Les premières réflexions ont déjà commencé, mais dès septembre, c’est bien l’ensemble des commission­s concernées qui vont recevoir des feuilles de route sur ces deux thèmes. »

Venaison pour tous

« Comment peut-on encore accepter de continuer à voir sur les étals de nos boucheries des produits de venaison issus de l’importatio­n, quand on connaît les prélèvemen­ts de la chasse française en matière de petit et de grand gibier ? Nous avons à l’évidence loupé le coche, et même si vous êtes nombreux à mener des programmes locaux sur ce sujet, il est grand temps d’avoir ensemble une stratégie globale sur la venaison en France. »

Chemins ruraux

« Je crois en ce projet, et ensemble nous allons le porter jusqu’à convaincre l’État, des régions, des intercommu­nalités et des communes qu’il est un formidable lien économique, écologique et social à partager. »

Conclusion

« Oui, je crois en notre reconquête. Nous avons une carte extraordin­aire à jouer dans l’avenir de l’écologie à travers la chasse et ses territoire­s ruraux, mais je ne pourrai rien faire si nous ne sommes pas unis et fédérés autour d’une Fnc forte et respectée ! »

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Willy Schraen, président de la Fnc.

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