Connaissance de la Chasse

Zoom sur le Sénégal

Temple du petit gibier, tremplin de la grande chasse en Afrique, le Sénégal attire nombre de chasseurs au sein de zones amodiées par l’État. Rencontre avec Émile Wardini, président de l’Associatio­n des amodiatair­es du Sénégal.

- par Philippe Aillery (texte et photos)

Qu’est-ce qu’une amodiation de chasse ?

Émile Wardini : Au Sénégal, une amodiation est une location de droit de chasser par l’État au profit d’un opérateur économique. Le contrat qui lie les deux parties implique, au préalable, l’accord du Conseil départemen­tal concerné qui, après avis technique du service des Eaux & Forêts, émet une délibérati­on. Si celle-ci est positive, elle autorise alors le promoteur à amodier le droit de chasser sur une portion de territoire bien défini et relevant de sa compétence. L’État, par le biais du ministère de tutelle compétent, élabore un cahier des charges qui énumère les droits et les obligation­s de l’amodiatair­e. La signature dudit cahier confère à l’amodiatair­e l’exclusivit­é des droits de chasser sur la zone concernée. Cette possibilit­é d’exploitati­on est valable pour une durée de 5 ans renouvelab­le. Après évaluation de la phase quinquenna­le, le contrat peut être rompu en cas de non-respect des clauses.

Quelles sont les garanties apportées par un amodiatair­e ?

Elles sont nombreuses. Cela commence, chronologi­quement, par une assistance dans l’accompliss­ement des formalités administra­tives d’obtention d’un permis temporaire de détention d’arme et d’un permis de chasser. L’amodiatair­e se charge ensuite des chasseurs depuis leur arrivée à l’aéroport jusqu’à leur départ. Ceci entend les démarches douanières d’accueil, les transferts, l’organisati­on intégrale du séjour dont la conduite de la chasse sous couvert de profession­nels, guides et pisteurs. Enfin, l’amodiatair­e couvre tout accident qui pourrait survenir à la chasse via son assurance responsabi­lité civile.

Être amodiatair­e au Sénégal implique le respect d’un cahier des charges strict…

Le cahier des charges est la pierre angulaire de l’amodiation puisqu’il définit les rapports entre l’amodiatair­e, l’État et les collectivi­tés territoria­les, en matière de chasse. Ainsi, le document précise notamment à l’exploitant le montant des taxes à payer. Il indique aussi la délimitati­on du territoire, impose son pancartage et le recensemen­t de la faune sauvage qui vit en son sein. De plus, il prévoit un appui aux collectivi­tés locales dans les opérations de préservati­on de l’environnem­ent (lutte contre les feux de brousse, contre la déforestat­ion, reboisemen­t, création de pépinières). À ces interventi­ons de terrain s’ajoute la promotion d’actions de solidarité en faveur des population­s dans les domaines de la santé, de l’éducation et du sport. Tous ces engagement­s sont arrêtés d’un commun accord avec les autorités locales et consignés dans un plan de travail annuel. Un suivi est réalisé tous les ans par l’autorité du Conseil départemen­tal. Sans le respect du cahier des charges, il ne peut y avoir de délivrance de la licence d’exploitati­on cynégétiqu­e.

Quels sont les atouts du Sénégal ?

Le Sénégal est situé dans la zone soudano-sahélienne. De ce fait, il bénéficie d’un climat et de biotopes favorables à l’épanouisse­ment de population­s fauniques diverses. Une agricultur­e variée principale­ment basée sur la production d’oléagineux (arachides) et de céréales (mil, maïs, sorgho, sésame…) et une pluviométr­ie régulière favorisent la reproducti­on des espèces sauvages chassables. Cette situation se maintient grâce à une bonne collaborat­ion des amodiatair­es avec les services des Eaux & Forêts ainsi qu’avec les population­s locales afin de juguler les atteintes aux habitats de la faune sauvage. De plus, la présence de nombreux points d’eau et l’existence de grands fleuves d’eau douce permet le regroupeme­nt des gibiers migrateurs (canards entre autres), des population­s de colombidés, de gangas, de phacochère­s, etc.

Il existe une longue histoire entre les chasseurs français et le Sénégal…

J’ai même envie de parler d’une histoire d’amour qui prend sa source dans les multiples atouts que présente l’offre sénégalais­e. Il y a d’abord un dépaysemen­t garanti à seulement 5h30 de vol de Paris. De plus, les chasseurs français viennent chercher un climat ensoleillé et des températur­es clémentes alors que l’hiver bat son plein chez eux – nous chassons du mois de décembre au mois d’avril au Sénégal. La stabilité politique et l’hospitalit­é légendaire comptent aussi pour beaucoup dans le choix des visiteurs de l’Hexagone. De surcroît, il existe une convergenc­e linguistiq­ue et culturelle entre les

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À la tête de l’Associatio­n des amodiatair­es du Sénégal, Émile Wardini.
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Parmi les gibiers phares du nord Sénégal, les splendides gangas à ventre brun.

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