Zoom sur le Sénégal
Temple du petit gibier, tremplin de la grande chasse en Afrique, le Sénégal attire nombre de chasseurs au sein de zones amodiées par l’État. Rencontre avec Émile Wardini, président de l’Association des amodiataires du Sénégal.
Qu’est-ce qu’une amodiation de chasse ?
Émile Wardini : Au Sénégal, une amodiation est une location de droit de chasser par l’État au profit d’un opérateur économique. Le contrat qui lie les deux parties implique, au préalable, l’accord du Conseil départemental concerné qui, après avis technique du service des Eaux & Forêts, émet une délibération. Si celle-ci est positive, elle autorise alors le promoteur à amodier le droit de chasser sur une portion de territoire bien défini et relevant de sa compétence. L’État, par le biais du ministère de tutelle compétent, élabore un cahier des charges qui énumère les droits et les obligations de l’amodiataire. La signature dudit cahier confère à l’amodiataire l’exclusivité des droits de chasser sur la zone concernée. Cette possibilité d’exploitation est valable pour une durée de 5 ans renouvelable. Après évaluation de la phase quinquennale, le contrat peut être rompu en cas de non-respect des clauses.
Quelles sont les garanties apportées par un amodiataire ?
Elles sont nombreuses. Cela commence, chronologiquement, par une assistance dans l’accomplissement des formalités administratives d’obtention d’un permis temporaire de détention d’arme et d’un permis de chasser. L’amodiataire se charge ensuite des chasseurs depuis leur arrivée à l’aéroport jusqu’à leur départ. Ceci entend les démarches douanières d’accueil, les transferts, l’organisation intégrale du séjour dont la conduite de la chasse sous couvert de professionnels, guides et pisteurs. Enfin, l’amodiataire couvre tout accident qui pourrait survenir à la chasse via son assurance responsabilité civile.
Être amodiataire au Sénégal implique le respect d’un cahier des charges strict…
Le cahier des charges est la pierre angulaire de l’amodiation puisqu’il définit les rapports entre l’amodiataire, l’État et les collectivités territoriales, en matière de chasse. Ainsi, le document précise notamment à l’exploitant le montant des taxes à payer. Il indique aussi la délimitation du territoire, impose son pancartage et le recensement de la faune sauvage qui vit en son sein. De plus, il prévoit un appui aux collectivités locales dans les opérations de préservation de l’environnement (lutte contre les feux de brousse, contre la déforestation, reboisement, création de pépinières). À ces interventions de terrain s’ajoute la promotion d’actions de solidarité en faveur des populations dans les domaines de la santé, de l’éducation et du sport. Tous ces engagements sont arrêtés d’un commun accord avec les autorités locales et consignés dans un plan de travail annuel. Un suivi est réalisé tous les ans par l’autorité du Conseil départemental. Sans le respect du cahier des charges, il ne peut y avoir de délivrance de la licence d’exploitation cynégétique.
Quels sont les atouts du Sénégal ?
Le Sénégal est situé dans la zone soudano-sahélienne. De ce fait, il bénéficie d’un climat et de biotopes favorables à l’épanouissement de populations fauniques diverses. Une agriculture variée principalement basée sur la production d’oléagineux (arachides) et de céréales (mil, maïs, sorgho, sésame…) et une pluviométrie régulière favorisent la reproduction des espèces sauvages chassables. Cette situation se maintient grâce à une bonne collaboration des amodiataires avec les services des Eaux & Forêts ainsi qu’avec les populations locales afin de juguler les atteintes aux habitats de la faune sauvage. De plus, la présence de nombreux points d’eau et l’existence de grands fleuves d’eau douce permet le regroupement des gibiers migrateurs (canards entre autres), des populations de colombidés, de gangas, de phacochères, etc.
Il existe une longue histoire entre les chasseurs français et le Sénégal…
J’ai même envie de parler d’une histoire d’amour qui prend sa source dans les multiples atouts que présente l’offre sénégalaise. Il y a d’abord un dépaysement garanti à seulement 5h30 de vol de Paris. De plus, les chasseurs français viennent chercher un climat ensoleillé et des températures clémentes alors que l’hiver bat son plein chez eux – nous chassons du mois de décembre au mois d’avril au Sénégal. La stabilité politique et l’hospitalité légendaire comptent aussi pour beaucoup dans le choix des visiteurs de l’Hexagone. De surcroît, il existe une convergence linguistique et culturelle entre les