Mémoires d’un chasseur français
Le titre est une sympathique allusion au Chasseur français dont Éric Joly fut le talentueux responsable des pages chasse, avant d’être le non moins talentueux rédacteur en chef de la revue Voyages de Chasse qu’il créa. Grâce à ces deux supports et à sa propre curiosité, Éric parcourut bien des territoires de chasse et fut un fin observateur des choses et de leur évolution.
«1960-2020 » précise le sur-titre de cet ouvrage. C’est en effet il y a grosso modo
60 ans que notre Angevin découvrit la chasse. Il avait une bonne raison à cela : son père pratiquait et cultivait l’art de vivre lié à la chasse. Éric nous invite à remonter le fil du temps d’une époque bénie car les territoires et le gibier – petit gibier et gibier d’eau – ne manquaient pas. La campagne était encore pour partie préservée et la chasse considérée comme une évidence saisonnière. Tandis que les frères Bodard excellaient dans le courre du chevreuil, Éric un peu moins semble-t-il ! Chacun son truc. Il ne s’agit pas ici de sombrer dans la nostalgie de temps révolus mais, pour les plus âgés, de partager des souvenirs communs, et, pour les plus jeunes, de découvrir ce que fut la chasse alors. Et la nature, car Éric est un chasseur complet, un chasseur naturaliste, qui chasse avec passion et s’émerveille avec autant de passion devant le papillon, l’oiseau ou le champignon rare. Entre les deux revues de chasse précitées, il fonda d’ailleurs Le Journal de la Nature. Aussi, Éric fut le témoin des dégradations infligées à l’environnement, tel le ruisseau des Cartes. Filet d’eau enchanteur où régnait la truite et qui dut abdiquer face à l’urbanisme triomphant.
Ces Mémoires, fort joliment écrites car le bonhomme manie le stylo comme le fusil, avec brio, constituent un beau témoignage invitant à sourire et appelant à la réflexion. Et le journaliste-guide de nous inviter à le suivre également à l’étranger, Afrique en tête, le petit gibier pour objectif principal. Décidément, qu’il est agréable de parcourir ces six décennies en compagnie d’Éric, un fusil au creux du bras et un sourire aux lèvres.
Les choses ont changé. La chasse cueillette synonyme de poésie et de liberté n’est plus. Le grand gibier règne sur nos territoires. Rouge ou gris, le perdreau s’est effacé devant la bête noire. Un autre monde en somme. Cette plongée dans le temps, ce chemin un peu philosophique, constitue un véritable outil de sociologie, d’enrichissantes chroniques d’un chasseur français, et le partage de beaux instants de chasse et de vie. F. X. A.
198 pages, 19 euros,
Éditions La Vie du rail/Quai des plumes, Librairie La Vie du rail, 29 rue de Clichy, 75009 Paris, 01 49 70 12 16, en librairie et sur : laviedurail.com