Willy Schraen L’interview choc
Le président de la Fnc s’est livré à Connaissance de la Chasse alors que l’actualité chasse et anti-chasse également est d’une « richesse » inouïe. Jamais la chasse n’aura entrepris autant de réformes, jamais elle n’aura subi autant d’attaques.
Quel est votre avis sur la proposition de projet de loi largement anti-chasse ? D’abord, je dois dire que les signataires de cette Ppl nous ont consulté le 24 septembre, après qu’ils eurent déposé leur texte le 25 août ! J’adore ce type de dialogue : dans le genre foutage de gueule, on ne fait pas mieux ! Au nom de la Fnc, c’est le directeur général – Nicolas Rivet – qui s’est déplacé. Il en ressort qu’en face de nous, nous avons des gens qui n’y connaissent strictement rien en matière de chasse. Nous avons dû tout leur expliquer.
Comment analysez-vous le contenu de cette Ppl ?
C’est ni plus ni moins la reprise des principes du Référendum d’initiative partagée. Avec toutefois une aggravation du projet. Outre la vènerie sous terre et les chasses traditionnelles, c’est aussi la chasse aux chiens courants qui est menacée !
Pourquoi M. Villani s’engage-t-il soudainement dans le combat animaliste ?
Pour le buzz politique. M. Villani fait partie de ces politiques qui veulent exister, et qui « sautent » sur le Rip pensant que cela peut leur servir de tremplin politique.
Que pensez-vous du bien-être animal ?
Le bien-être animal ne veut rien dire ! Le bien-être d’un chien de chasse, c’est de chasser ! Dans la nature, la règle qui domine c’est de bouffer l’autre. Le véritable sujet est la maltraitance animale. Tout le monde est d’accord sur ce point, alors il n’y avait pas besoin d’essayer de faire une nouvelle loi.
Rip : la menace est-elle réelle ?
D’une certaine façon, la Ppl devance le Rip, mais
celui-ci peut tout de même aller à son terme. Les deux choses sont différentes. Même si le Rip paraît stagner actuellement, je peux vous dire que la pression exercée par les animalistes sur les parlementaires pour leur arracher leur signature est très forte. C’est même très violent. Les partisans du Rip peuvent très bien obtenir à terme les 185 signatures de parlementaires nécessaires. De même, les vidéos diffusées par les activistes de la cause animale mettant en lumière des cas ultra-minoritaires peuvent émouvoir les gens et permettre de rassembler les 4,7 millions de signatures également nécessaires. La menace du Rip est toujours réelle. [lire p. 26]
Le patron de Free,
M. Niel, est à la fois à l’origine du Rip et investisseur d’une usine de fausse viande, cela vous inspire quoi ?
À propos du Rip, nous sommes plus dans le calcul financier que dans les nobles sentiments. M. Niel possède également des chevaux de course. Peut-on être contre les cages et pas les boxes ? Surentraîner des chevaux de course peut-il relever de la maltraitance ?
Pour les animalistes, oui. La partie cachée du Rip c’est une histoire d’argent. Le but du Rip est de modifier l’alimentation des Français, ce qui entraînera la naissance de nouveaux marchés.
Il y a là des montagnes de fric à se faire ! [lire p. 24]
Le débat est-il surtout économique ? Ne nous trompons pas : même si le Rip arrivait à ses fins, nous continuerions à manger de la viande issue d’élevage. Elle ne proviendra plus de France mais du Brésil, des États-Unis, de Chine !
Et la fourrure proviendra des élevages de visons norvégiens, lesquels sont les plus grands au monde. Finalement, à coups de contraintes et d’interdits, on est en train de foutre une partie de l’économie française par terre.
Quel est votre avis sur les vidéos du cerf de la forêt de Compiègne et sur l’élevage de gibier des Deux-Sèvres ?
Ces vidéos reflètent une réalité minoritaire et qui s’explique, mais elles sont néanmoins susceptibles de déclencher l’empathie chez le grand public qui ne connaît pas du tout ces sujets. Ces vidéos sont également mensongères car elles sont montées de façon à provoquer l’émotion. Le problème est qu’à partir de ces images, de ces émotions, le public prend position. Nous sommes pleinement dans le buzz, dans la manipulation médiatique. À propos du cerf, les gens devraient réaliser que cette vidéo met surtout en avant le bétonnage des lisières des forêts du Bassin parisien. Cela faisait des générations de cerfs que les animaux passaient par cet endroit qui a été jusqu’à peu un marécage boisé. Dans ce secteur de la forêt de Compiègne, l’espace vital du cerf se réduit chaque jour davantage.
Comment expliquer au grand public la complexité et la réalité de la nature, de la chasse ?
Il est très compliqué de faire comprendre les enjeux des territoires. Et qu’une meute de loup chassant un cerf c’est autrement plus cruel que
« Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et solidaire, a un terrible pouvoir de nuisance. »
la vènerie. Les gens ne connaissent plus la nature. Il faut expliquer, toujours et encore. C’est ce que je fais sur les plateaux télé, à la radio et dans les journaux. Cela fait des années que nous n’avons pas expliqué la chasse, ni nos pratiques. Nous avons appliqué l’adage « vivons heureux, vivons cachés ». Ce que nous faisons aujourd’hui aurait dû être fait il y a vingt ans. Le pire est que bien souvent je constate que les journalistes ne connaissent pas du tout l’univers de la ruralité. La nature et la ruralité se regardent le dimanche après-midi comme au travers une vitrine. Or, la nature n’est pas idyllique, pas gentille, bien au contraire. Et dire que des animalistes entendent rendre le lion végétarien. Nous en sommes là !
Qu’est-ce que ce tapage médiatique vous inspire ?
La grande théorie actuelle, la grande modernité, c’est l’interdiction !
Les personnes qui soutiennent ces interdictions se donnent bonne conscience. Et imaginent, de façon simpliste, qu’en interdisant nous réglerons les problèmes, que nous vivrons dans un monde parfait.
Par ailleurs, les partisans du droit de l’animal pensent régler beaucoup de choses en retirant des responsabilités aux hommes au profit du monde animal. Ils se trompent, et il est même ridicule de penser que les animaux puissent être les égaux des hommes.
Où en est-on de l’interdiction de la chasse à la glu ?
En théorie, la chasse à la glu n’est pas interdite en France, le Conseil d’État ne s’y oppose pas, elle est
« seulement » questionnée par l’Europe. Mais de fait, la chasse à la glu a été interdite par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique et solidaire, puisqu’elle n’a signé aucun quota pour cette saison. Si la chasse à la glu est suspendue, en droit européen cette suspension équivaut à une « faute » qui remet en cause cette pratique soumise à des règles strictes et à dérogation. Nous sommes face à une idéologie politique et non pas face à un problème juridique. [lire p. 32]
Barbara Pompili boycotte-t-elle la chasse ? Puisque l’Europe s’interroge sur la chasse à la glu – mais ne l’interdit pas –, la France doit répondre à son avis motivé. La Fnc a transmis un dossier au ministère de la Transition écologique et solidaire, or celui-ci n’a rien retenu de nos arguments ! Donc la France ne répond pas à l’Europe, et c’est volontaire. Ceci est la nouvelle stratégie de la ministre. Si la chasse à la glu est définitivement interdite demain, la faute reviendra non pas à l’Europe mais à la France, au ministère de la Transition écologique et solidaire.
Je rappelle encore que la chasse à la glu est légale, qu’elle trouve tout son sens dans les dérogations de la Directive Oiseaux.
Le dernier combat à mener se fera devant la Cour de justice européenne mais là encore ce sera très compliqué. C’est à la France, à l’État de répondre. Mais si madame Pompili ne veut pas répondre ou ne veut pas répondre correctement… En fait, nous avons découvert que depuis des années le ministère ne transmettait pas toutes les données, tels les prélèvements, à l’Europe et mettait ainsi la France en faute. Cela a commencé alors que Barbara Pompili était secrétaire d’État à la Biodiversité de François Hollande. À ce moment-là, elle a semé. Aujourd’hui, elle récolte… Au final, on nous a volé la chasse à la glu !
Et les autres chasses traditionnelles ?
Ce sera pareil ! La France, précisément le ministère de la Transition écologique et solidaire, n’a pas répondu aux questions posées par l’Europe. Donc la France est en faute. Barbara Pompili a un terrible pouvoir de nuisance. La connaissant, je peux vous dire que des idées pour flinguer les modes de chasse, elle en a un paquet ! Sa technique est parfaitement rodée. Primo, je fais poser des questions par des « amis » au niveau français ou européen. Secundo, au niveau du Conseil d’État ou de l’Europe, la ministre de la Transition écologique et solidaire ne répond pas ou répond à côté de la plaque. Tertio, on laisse dire que c’est l’Europe qui a interdit la chasse. Barbara Pompili et ses amis sabotent le processus démocratique