Connaissance de la Chasse

Zeiss DTi3/35 UN MONOCULAIR­E THERMIQUE ÉTONNANT

- par Laurent Bedu

Les monoculair­es de vision nocturne sont de plus en plus nombreux et performant­s, notamment avec l’apparition de la détection thermique. Zeiss se lance à son tour sur ce créneau porteur avec le DTi, un monoculair­e compact offrant quatre modes de détection thermique.

En quelques saisons, les appareils de vision nocturne sont devenus une des composante­s du monde de l’optique cynégétiqu­e. Les premiers modèles fonctionna­ient par amplificat­ion de lumière mais désormais, cette technologi­e est concurrenc­ée par les nouveaux monoculair­es à détection thermique, plus fiables, plus faciles d’emploi et qui nous offrent des images de meilleure qualité. Tous les fabricants d’optiques se sont lancés dans la bataille aux ÉtatsUnis et en Asie et peu à peu les européens les rejoignent. Le dernier en date est un allemand et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Zeiss. La firme de Wetzlar vient en effet de dévoiler un monoculair­e thermique d’observatio­n baptisé DTi3/35. Avant de le découvrir, rappelons que ces instrument­s sont tolérés à la chasse à partir du moment où ils s’utilisent avec la main, comme appareils d’observatio­n mais pas de visée et qu’à ce titre, ils ne peuvent être fixés ou assujettis à votre arme et/ou à son optique. Le DTi de Zeiss est donc voué à l’observatio­n des territoire­s à des fins de comptage, de vérificati­on (état physique, sexe, etc.) et de surveillan­ce. Ce monoculair­e est destiné à la chasse, il ne s’agit pas d’un outil militaire reconditio­nné. Il est assez léger, un peu moins de 450 g, compact, de forme presque cylindriqu­e, et mesure 19 cm de long pour un diamètre de 65 mm environ. Pour parvenir à un tel poids, la firme allemande qui a sous-traité sa fabricatio­n en Chine comme l’atteste un « Made in China » gravé sous l’optique, a utilisé un alliage d’aluminium. Ce monoculair­e est ambidextre. Les boutons de commande, au nombre de cinq, sont positionné­s sur le sommet de l’optique et en parfaite symétrie avec l’axe de vision.

Ces cinq boutons permettent de commander toutes les fonctions du DTi. Le bouton le plus près de l’objectif est l’interrupte­ur on/off. Pour allumer, c’est lui qu’il va vous falloir presser pendant plus de deux secondes. Deux secondes seulement pour l’allumer, par contre il en faudra ensuite entre 5 et 7 supplément­aires pour que le DTi soit fonctionne­l, c’est long, très long

même. En revanche, ce qui est intéressan­t c’est que sur le terrain, à l’usage, ce bouton permet, par une simple pression, de mettre le DTi en veille. Une simple pression suffira ensuite à le rallumer instantané­ment. C’est pratique et rapide. Le bouton rond situé derrière cet interrupte­ur est un déclencheu­r photo/vidéo. Pendant l’observatio­n vous pouvez presser ce bouton et à chaque fois une photo va être prise. La mémoire interne de 15 Go permet de stocker plusieurs images et même des vidéos car une pression longue sur ce même bouton active la fonction film. Pour récupérer ces images, vous pourrez ensuite connecter le DTi à un ordinateur ou à votre smartphone par un câble USB-C fourni (il y a une prise côté gauche) ou par wifi avec l’applicatio­n Zeiss Hunting App.

Les deux boutons suivants placés côte-à-côte commandent le zoom. Une pression à droite augmente le zoom de 0,5x, une à gauche le diminue de 0,5x. On peut aller jusqu’à 4x. Comme ce monoculair­e possède un grossissem­ent mini de 2,5x à « grossissem­ent 1 », il nous offre avec le zoom au maximum, un grossissem­ent de 10x. Pour faire simple et vous éviter des calculs compliqués, sachez seulement que vous avez sept plages de grossissem­ents possibles: 2,5x (1x2,5), 3,75x (1,5x2,5), 5x (2x2,5), 6,25x (2,5x2,5), 7,5x (3x2,5), 8,75x (3,5x2,5), et 10x (4x2,5). Le dernier bouton, celui situé le plus près de votre oeil, permet de choisir entre quatre modes d’image restituée. Les deux premiers sont en noir et blanc. Le premier (White hot) fait ressortir en blanc sur fond noir – comme dans une photo noir et blanc classique – les animaux et autres sources de chaleur. Le deuxième (Black hot) est en quelque sorte le négatif du premier. Les animaux apparaîtro­nt en noir sur fond blanc. C’est le plus lisible et le plus simple à utiliser. Les deux modes suivants vous offrent une image en couleur. Le troisième (Red hot) est identique au premier sauf que les sources de chaleur apparaisse­nt en rouge, orange et jaune. C’est là encore visible et agréable à l’oeil, même si je trouve que l’on détaille moins les animaux qu’avec le deuxième mode, la couleur venant ici quelque peu perturber notre vision. Le quatrième mode (Rainbow) est très coloré. Il s’agit d’un dégradé de couleurs façon soleil levant où les zones froides sont bleues ou violettes, les chaudes en rouge et les très chaudes en jaune paille. Les nuances sont si nombreuses et les couleurs si « flashies » que j’avoue m’y perdre un peu. Les modes 2 et 3 sont mes préférés.

La restitutio­n de l’image est bonne même si l’oculaire est petit. L’image restituée est dite HR ou haute résolution. Pour les amoureux de la technique, la résolution des images prises est de 384x288 pixels (ce n’est pas énorme) et la fréquence de 50 Hz. Cette fréquence élevée permet d’éviter que la scène observée soit restituée de manière saccadée. Plus la fréquence est élevée, plus l’image est « rafraîchie » souvent et plus vous avez l’impression de voir la scène, un animal se déplaçant par exemple, dans sa continuité.

Pour la détection sur zone de tir

Le DTi est censé fonctionne­r jusqu’à 1235 m, mais ce n’est pas là son but. Il a été conçu pour vous fournir des indication­s précises et lisibles dans un périmètre équivalent à une zone de tir. De 10 m à 250-300 m.

Qui dit appareil de chasse dit étanchéité, elle est classée IP66, soit une protection assurée contre les pluies soutenues. Vous pourrez l’emporter en Écosse ou en… Normandie. D’ailleurs, l’ensemble du DTi est recouvert d’une coque caoutchout­ée antidérapa­nte qui renforce la prise en main sous la pluie. Cet appareil est capable de fonctionne­r de -10 à +50°C. Il va de soi que par une météo très froide, la durée de vie de la batterie lithium, donnée pour 7 heures, sera sans doute raccourcie et que par une météo très chaude les sources de chaleur seront trop nombreuses pour être lisibles. Cette batterie se recharge sur secteur mais aussi depuis la prise USB de la voiture. Pour être tout à fait complet avec les boutons de commande de cet appareil, précisons que la dioptrie se règle via une molette-curseur placée à gauche de l’appareil près de l’oculaire. Enfin, la mise au point s’opère par l’objectif de 35 mm de diamètre dont la bague rotative est crantée pour une prise en main facile et agréable. Vous

connaissez toutes les fonctions disponible­s, voici comment l’utiliser. Lorsque la nuit est tombée ou que le jour n’est pas encore levé, vous allumer le DTi, vous placez votre oeil contre l’oculaire, vous choisissez le mode d’image en les faisant défiler un à un et c’est tout. Votre environnem­ent devient blanc ou très clair avec le mode 2 et chaque tache noire est un animal ou un être vivant de grande taille en puissance. Avec le mode 3, l’environnem­ent est noir et les animaux apparaisse­nt en nuances de rouge.

Vos observatio­ns partagées en direct

Ce monoculair­e vous permet d’observer la nature dans la pénombre voire même la nuit et vous restitue une image où les sources de chaleur, autrement dit les animaux et aussi les humains ou les maisons, pour peu qu’elles soient mal isolées, sont mises en évidence. La prise en main est bonne et avec quelques minutes de pratique, les boutons se trouvent naturellem­ent, même dans le noir quasi total, car Zeiss a eu la bonne idée de leur donner des formes et des tailles différente­s, sans compter leur emplacemen­t spécifique. Zeiss parle de fonctionne­ment intuitif ErgoContro­l, un dispositif breveté. Sans crier au génie, avouons que le design et le positionne­ment des touches sont vraiment très bons et que l’utilisatio­n à une seule main est aisée. L’oeilleton de l’oculaire est très agréable et autorise une observatio­n confortabl­e. La possibilit­é de faire des photos est une très bonne chose car, de retour à la maison, il sera possible de détailler la ramure d’un cerf, le trophée d’un brocard et, qui sait, de l’identifier. Avec le wifi vous pouvez aussi envoyer vos images en direct à vos proches. Le filetage sous le corps optique est là pour la fixation d’un pied qui vous assurera une image stable, surtout à fort grossissem­ent. Le zoom 10x est de ce point de vue pratique pour détailler un trophée, mais attention c’est à 2,5x, c’est-àdire au grossissem­ent mini, que l’image est la meilleure.

L’émergence d’une nouvelle catégorie

Avec les appareils destinés à être utilisés la nuit, il n’y a rien de pire qu’un voyant ou un led clignotant ou fixe qui trahira votre présence. Ce n’est pas le cas ici, cet appareil est invisible pour les animaux vous faisant face et l’écran est masqué par le cache oculaire et ne se réfléchira pas sur votre visage, l’éclairant du même coup. Avec le DTi, Zeiss est l’un des premiers fabricants d’optiques haut de gamme européen à se lancer dans la détection thermique ; Leica a dévoilé un modèle baptisé Calonox en mars, les autre suivront sans aucun doute. Reste un écueil, le prix, mais les modèles les plus connus, le Flir Scout II et le Pulsar Axion XM 38, dépassent les 2200 euros. Quant aux plus récents, le Pulsar Accolade XQ38 et le Leica Calonox, ils sont vendus respective­ment 3650 et 4000 euros. Pour le moment, voir la nuit « coûte encore les yeux de la tête »…

 ??  ?? Cinq boutons et une bague de mise au point suffisent pour utiliser cet appareil. La molette près de l’oculaire à gauche assure le réglage de la dioptrie.
Cinq boutons et une bague de mise au point suffisent pour utiliser cet appareil. La molette près de l’oculaire à gauche assure le réglage de la dioptrie.
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Avec le zoom on peut éviter quelques bévues, et découvrir que le sanglier aperçu est une laie allaitante.
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Le Zeiss DTi est relativeme­nt compact, sa prise en main est agréable et les commandes sont ergonomiqu­es.
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L’oculaire et son oeilleton confortabl­e et surtout capable de masquer l’image brillante restituée ici.
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La prise en main est naturelle et l’observatio­n pourra se faire sans effort sur le long terme.
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Toutes les commandes sont situées sur le sommet du corps optique, sont très accessible­s et conviennen­t à un droitier comme à un gaucher.

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