Connaissance de la Chasse

Glu : la réalité

Voulez-vous tout savoir sur la chasse à la glu ? Éric Camoin, président de l’Associatio­n nationale de défense des chasses traditionn­elles à la grive, rétablit la vérité sur son art officielle­ment suspendu depuis le 27 août.

- par Thibaut Macé

Combien de chasseurs sont concernés par cette suspension ?

Ce mode de chasse était uniquement autorisé en Provence dans cinq départemen­ts de la ceinture méditerran­éenne : le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-deHaute-Provence, les Alpes-Maritimes. On recensait entre 5 000 et 6 000 pratiquant­s, des passionnés pour l’essentiel.

Comment se pratique la chasse aux gluaux ?

La technique consiste à faire poser des oiseaux sur des baguettes enduites de glu, positionné­es en hauteur dans des arbres. Le glueur, caché en dessous à proximité, s’empresse d’aller récupérer les oiseaux pris au piège. Cette technique ne se destine qu’aux quatre espèces de grives, musicienne, mauvis, draine et litorne, ainsi qu’au merle noir. Il faut imaginer que vous êtes dans une vaste forêt. Vous avez un poste, une cabane, ou le chasseur se cache. Il dispose à proximité entre 12 et 20 baguettes selon les départemen­ts, lesquelles sont installées sur des perches réparties sur 4 à 5 arbres, ainsi que des appelants. L’objectif étant de récupérer des oiseaux vivants, en bon état afin de s’en servir comme appelants durant la saison de chasse à tir au poste et aussi pour attirer les oiseaux sur les gluaux. C’est pour cette raison que le terme exact devrait être « capture » et non pas « chasse » aux gluaux, d’autant que la majorité des oiseaux capturés sont relâchés en fin de saison.

Depuis quand existent les glueurs ?

À ma connaissan­ce, depuis l’Antiquité, au moins. Ainsi il aura fallu trente ans pour venir à bout d’une culture millénaire. Les premiers quotas de prises remontent à 1989, avec la Directive oiseaux.

Ce procédé était-il uniquement pratiqué en France ?

Non. La glu était également employée en Espagne et sur l’île de Malte. Mais le mode opératoire était différent de celui pratiqué chez nous en France et c’est pour cette raison qu’elles ont été interdites il y a quelques années.

Pour quelle raison le gluau a-t-il été attaqué d’abord en Espagne et à Malte ?

Dans ces deux pays, cette technique servait au prélèvemen­t et non à la capture contrairem­ent à la France. En Espagne, les oiseaux étaient également chassés la nuit. Quant à Malte, les baguettes étaient posées et laissées même en l’absence du glueur.

En France, notre pratique était très réglementé­e. Pour faire court, nous étions autorisés à chasser de 7 h à 11 h du matin, et ce du 1er octobre au 15 décembre. Mais à chaque espèce, sa période. La mauvis et litorne ce n’est qu’en décembre, la musicienne et le merle c’est fin novembre, par exemple. C’est une chasse de migration. Évidemment, nous avions l’obligation d’être sur place et enfin de respecter un quota de prises et de remplir un carnet de prélèvemen­ts.

Quel était le quota d’oiseaux pour les années précédente­s ?

Selon la réglementa­tion européenne, il était défini que nous ne devions pas dépasser 1 % de la mortalité naturelle de ces espèces, ce qui représenta­it approximat­ivement 250 000 oiseaux à l’année. Il y a trois saisons, les glueurs avaient un quota de 78 000 grives et merles. L’année suivante, nous en étions à 42 500 et cette dernière saison 42 500, soit 7-8 oiseaux en moyenne par glueur et par saison. C’est ce que nous nous attendions à avoir comme quotas pour cette saison. Mais il fut décidé que nous aurions un quota zéro.

« C’est un coup politique qui s’est joué aux dépens de quelques milliers de chasseurs. »

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 ??  ?? Éric Camoin (en photo ci-contre) préside l’Associatio­n nationale de défense des chasses traditionn­elles à la grive (Andctg), qui recense près de 6 000 pratiquant­s, lesquels entendent bien ne pas voir leur chasse mourir.
Éric Camoin (en photo ci-contre) préside l’Associatio­n nationale de défense des chasses traditionn­elles à la grive (Andctg), qui recense près de 6 000 pratiquant­s, lesquels entendent bien ne pas voir leur chasse mourir.

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