Je chasse dans Metz
Nous avons rencontré l’unique amodiataire d’un lot de chasse entièrement situé dans la ville de Metz. Entretien avec Marc Osvald, celui qui est presque venu à bout du sanglier.
Le suidé a eu le temps de proliférer dans la ville de Metz. Durant des années, la municipalité s’est toujours refusée à tenter toute opération de régulation dans l’agglomération malgré le développement de l’espèce jusqu’au centre-ville. Parallèlement, l’agglomération s’est agrandie. De nouveaux axes routiers ont été construits, contribuant ainsi à cloisonner les compagnies préexistantes dans l’enceinte urbaine. Les sangliers s’en donnaient alors à coeur joie dans les parcs et jardins. « Outre les pelouses retournées des habitations, on constatait que les compagnies prenaient un grand plaisir à aller éparpiller les composts pour y chercher pitance », nous explique Marc Osvald (photo ci-dessus), qui préside l’association de l’Équipe de Saint-Clément, détentrice du droit de chasse communal. En 2010, l’équipe municipale fraîchement élue entrevoit différemment le cas du sanglier dans la ville
L’emploi de l’arc en zone périurbaine n’est pas la panacée. La chasse aux chiffres Metz c’est :
115 000 habitants ; 530 hectares chassables ; un record de 30 sangliers tués par an ;
100 sangliers tués depuis 10 saisons.
en décidant d’ouvrir les secteurs les plus problématiques à la chasse. « Nous avons été retenus parmi les trois candidats sélectionnés par l’appel d’offres lancé par la Ville », se souvient Marc Osvald. Compte tenu du contexte, la municipalité de 115000 habitants souhaitait choisir une équipe de partenaires reconnus pour leur sérieux et leur expérience cynégétique. Marc Osvald se voit alors confier par appel d’offres 6 secteurs (Magny, Queuleu, Grange-aux-bois, Metz-Nord et Vallières) cumulant près de 530 ha chassables : « Durant les premières années, nous avons réalisé de gros tableaux compte tenu de l’importance des effectifs, autour d’une trentaine de sangliers par an. Avec les années, nous sommes tombés à 5-6 sangliers annuels. Depuis deux ans et la recrudescence des sangliers dans le département, nous sommes remontés à une dizaine de suidés au tableau. » Les tirs sont réalisés à l’affût ou en battue, et l’Équipe se réunit « chaque semaine pour une sortie à l’affût ». Le calendrier des chasses collectives est envoyé à la mairie en septembre avant le début de la première battue d’octobre. « Il nous est interdit de chasser en battue les mercredi, samedi et dimanche. C’est l’une de nos difficultés : parvenir à réunir assez de postés en semaine. Pendant huit ans, je prenais sur mes jours de congés, explique Marc Osvald. Les secteurs sont choisis en fonction du nombre de fusils et de traqueurs que j’arrive à rassembler, mais aussi de la météo. Inutile d’aller chasser à côté d’une piste cyclable ou d’un sentier lorsqu’il fait beau ! » L’ensemble des prélèvements est déclaré : « Nous avons fêté notre centième sanglier l’année dernière. » De même pour le renard, puisque d’autres espèces sont ciblées dans l’agglomération (12 bracelets de chevreuil, lièvre et même canard). « Nous avons aussi beaucoup de plaintes sur les corvidés, que nous régulons par centaines. Pour l’ensemble de ces espèces, nous ne procédons qu’à tir. Le piégeage est ici rendu difficile en raison du vandalisme qui sévit. On se fait également saccager, voire voler, nos panneaux “chasse en cours”. Nous sommes régulièrement insultés par nos opposants au point que j’ai demandé que les différentes instances communiquent sur le bien-fondé de nos actions vis-à-vis de la population. » Selon Marc Osvald, l’emploi de l’arc en zone périurbaine n’est pas la panacée. Si l’outil permet des prélèvements silencieux, il augmente le risque d’animaux blessés et, lorsque ceux-ci repartent avec une flèche, expose également les chiens aux blessures.
« Notre action nous amène également à remonter nos observations de terrain à la mairie, notamment sur les dépôts d’ordures. Au moindre sac laissé, vous en avez des dizaines autour le soir même. On observe aussi parfois des dépôts de pommes pourries qui ont pour effet d’attirer la faune. » L’équipe de Saint-Clément semble désormais crédible auprès de la municipalité. « Les habitants de la commune, chez qui nous intervenons, nous sont également reconnaissants. Mais nous nous heurtons toujours à une opposition féroce des anti-chasse qui détériorent, voire volent nos miradors. On se retrouve parfois aussi avec des voitures rayées à la clé. Croisons les doigts ! De notre côté, nous n’avons jamais eu à déplorer le moindre accident ou incident en dix ans. Sans doute est-ce pour cette raison que la mairie a reconduit notre demande de gré à gré en 2015. »