Connaissance de la Chasse

3 questions à Thierry Jung

Président de l’Associatio­n des chasseurs de grand gibier de Moselle, président de l’Associatio­n des chasseurs en forêt domaniale

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Que pensez-vous de l’arsenal réglementa­ire dont bénéficie le chasseur mosellan pour réguler le sanglier ?

Au début je m’en suis inquiété. Cela n’allait pas dans le bon sens au niveau éthique, dans le contexte de l’émergence anti-chasse. Mais force est de reconnaîtr­e qu’on ne maîtrise pas les population­s. Nous devons faire face à des glandées sans cesse croissante­s en raison de l’évolution climatique. L’environnem­ent a également changé. La campagne est passée des prairies bordées de haies à des océans de céréales (maïs, colza…). Enfin, des zones sanctuaire­s se sont développée­s, notamment périurbain­es. Cependant, avec le temps, certaines mesures qui permettent un meilleur prélèvemen­t ont prouvé leur utilité. Je pense aux affûts réalisés dans les parcelles de céréales ou à l’emploi des nouvelles technologi­es nocturnes. Mais je regrette que depuis le dernier schéma départemen­tale de gestion cynégétiqu­e (qui remonte à 6 ans), il soit désormais interdit de donner toute consigne de tir.

Certains prétendent qu’il faudrait arrêter l’agrainage, quel est votre avis ?

J’y suis favorable, même si je ne crois pas une seconde que l’agrainage soit responsabl­e de la dynamique de la population de sangliers. Il y a déjà à manger partout et pratiqueme­nt en tout temps. Que font 36,5 kg de maïs distribués par an et par hectare de forêt contre 10 000 kg produits à l’hectare dans le champ de maïs voisin ?

En revanche, l’agrainage est décrié, non seulement par nos opposants, mais aussi par certains agriculteu­rs.

À ce titre, il pourrait être judicieux de le retirer sous réserve qu’il le soit partout, et pour tout le monde.

Pensez-vous qu’il soit possible de rabaisser les population­s de sangliers en Moselle, et si oui, de quelle manière ?

Il faut agir sur plusieurs axes. Nous gagnerions à rétablir une meilleure structure d’âge des population­s. La préservati­on des plus grosses laies, qui ont un rôle dans l’éducation des jeunes et dans le groupement des chaleurs, permettrai­t d’enrayer la dynamique de reproducti­on anarchique que l’on connaît chez nous. Sa venaison doit aussi devenir un produit de consommati­on courante et il faut sortir du plat de fête mariné dans du « gros rouge ». C’est une viande saine et bon marché. Mais il faut structurer la filière à plus grande échelle et surtout ne pas la laisser sous la dépendance d’un seul grossiste.

Et il faut sortir de la spirale infernale qui tire sans cesse le coût des territoire­s de chasse vers le haut, et nous n’en sommes pas forcément les seuls responsabl­es !

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